Alger (Agence Fides) - Charles de Foucauld n'est pas seulement une icône évocatrice. Si son histoire continue de toucher le cœur d'une multitude de personnes dans toutes les régions du monde, ce n'est pas en vertu de son image romantique d'"ermite perdu dans les sables du désert". Ce qui prévaut, c'est plutôt l'étonnement reconnaissant devant les nombreuses "conversions" qui ont marqué une vie donnée à la suite de son Seigneur, jusqu'au don de se reconnaître "frère universel", engagé dans une expérience de fraternité "offerte à tous, sans considération d'appartenance religieuse, ethnique ou nationale". C'est ainsi que l'Archevêque d'Alger, Jean-Paul Vesco, rend hommage au témoignage fécond du moine français qui a vécu une grande partie de son incomparable aventure spirituelle en Algérie, en vue de sa canonisation imminente (il sera proclamé saint à Rome le 15 mai prochain).
Charles De Foucauld est tué par une bande de maraudeurs à Tamanrasset, au centre du massif de l'Ahaggar, dans le grand sud algérien, le 1er décembre 1916. Sa mort, souligne l'Archevêque d'Alger dans sa réflexion, publiée sur le site de l'Église catholique d'Algérie, a contribué à forger l'icône d'un "ermite perdu dans les sables du désert" qui ne dit pas au plus juste la vérité de ce destin si singulier, à portée si universelle." Au fil du temps s’est dégagée une image autrement plus complexe, plus belle et plus humaine de la personnalité de Charles de Foucauld, loin de l’immobilité d’une icône", note Mgr Vesco.
Le témoignage de De Foucauld coïncide avec un parcours marqué par des "conversions successives", par une succession de nouveaux départs, qui ont marqué la vie du futur saint, orphelin à l'âge de cinq ans, qui avait rapidement "disparu" des prières apprises dans sa petite enfance. Ce témoignage - souligne l'archevêque, qui appartient à l'Ordre des Frères Prêcheurs - parle encore au cœur d'une multitude de personnes. C'est dans l'itinéraire chrétien de Charles de Foucauld qu'il a consenti à son ordination sacerdotale le 9 juin 1901, dans la chapelle du Séminaire de Viviers, un choix dans lequel on peut voir "son zèle missionnaire et son souci de rejoindre les plus éloignés de l'annonce Évangélique, jusqu’aux confins du Sahara français de l’époque, à défaut de pouvoir évangéliser le Maroc, exploré de façon héroïque et remarquée avant sa conversion". Au terme de son parcours existentiel et spirituel, dans sa singulière confession de foi faite parmi les peuples de la région - poursuit l'archevêque d'Alger - " Charles découvre des hommes et des femmes, certes inconnus des bons Français de son époque, mais enracinés dans une tradition, une religion et une culture pour laquelle il va se passionner au point de sacrifier des heures et des heures de prière ", et d'établir avec eux " la relation d'altérité et de réciprocité propre à l'amitié ". C'est alors, et alors seulement, souligne Jean-Paul Vesco, que Charles est devenu le frère universel qu'il souhaitait tant être". Et sa "fraternité offerte à tous, sans considération d'appartenance religieuse, ethnique ou nationale, est la marque de fabrique la fraternité des disciples du Christ".
Dans la dernière partie de son discours, Mgr Vesco a placé l'histoire de Charles de Foucauld à côté de celles d'autres témoins de la foi qui ont été tués en Algérie et en France à une époque plus récente : "Comme pour d'autres grands témoins, tels que les moines de Tibhirine ou Mgr Pierre Claverie, la mort de Charles de Foucauld n'a pas été intentionnellement recherchée, et ne vaut pas en soi. Elle souligne l'achèvement d'une vie dont Charles, le frère universel, n'a pu entrevoir l'immense fécondité. Plus près de nous, la mort du père Jacques Hamel ne dit rien en soi, sinon l'aveuglement de ses assassins. Elle met plutôt en évidence la beauté et la fidélité d'une vie donnée jusqu'au bout par un prêtre humble, à la suite de son Seigneur". (GV) (Agence Fides 28/4/2022)