ASIE/INDE - Le Karnataka choisit le Parti du Congrès : un changement pour la démocratie et la liberté

lundi, 15 mai 2023 politique   minorités religieuses   démocratie   liberté   société   société civile   droits fondamentaux  

Bangalore (Agence Fides) - "Le résultat des élections au Karnataka pourrait constituer un moment décisif dans l'histoire politique récente de l'Inde. La défaite du Bharatiya Janata Party (BJP), le parti au pouvoir jusqu'à présent dans l'État et aussi actuellement dans le gouvernement fédéral, signifie que les portes de la démocratie sont encore grandes ouvertes dans le pays. C'est un résultat significatif en vue des élections générales prévues pour 2024", commente le père jésuite indien Cedric Prakash, intellectuel et écrivain, à propos des élections qui se sont tenues le 10 mai au Karnataka, un vaste État fédéral du sud-ouest de l'Inde qui compte environ 70 imillions d'habitants et qui a voté pour le renouvellement du parlement de l'État. Selon les résultats officiels, le parti nationaliste BJP du Premier ministre indien Narendra Modi, qui disposait d'une majorité, a subi une lourde défaite lors du scrutin. Comme l'a indiqué la Commission électorale indienne, le Parti du Congrès a remporté 135 des 224 sièges de l'assemblée, tandis que le BJP a obtenu 66 sièges. Dans ces conditions, le Parti du Congrès serait en mesure de former un gouvernement d'État sans partenaires de coalition.
2023 est une année cruciale pour la politique indienne. Des élections sont prévues dans cinq États de la fédération: le Karnataka, le Madhya Pradesh (où le BJP est au pouvoir), le Rajasthan et le Chattisgarh (dirigés par le parti du Congrès), le Telangana (aujourd'hui gouverné par un parti régional).
Les élections au Karnataka, note Prakash, marquent un tournant. Le BJP a beaucoup investi dans les derniers jours de la campagne électorale, avec la présence de politiciens de haut rang et une campagne de porte-à-porte. Mais les gens sont avant tout préoccupés par la question de la survie : le coût de la vie a explosé. Et ceux qui ont gouverné jusqu'à présent ont fait en sorte que les pauvres aient beaucoup de mal à joindre les deux bouts. En particulier, ils n'ont pas de pouvoir d'achat : le prix du carburant explose, ils survivent au jour le jour, alors que le chômage n'a jamais été aussi élevé".
Selon le jésuite, "la corruption est un autre problème systémique qui a frappé le Karnataka. Plusieurs ministres ont été accusés d'avoir amassé des sommes astronomiques grâce à des pratiques de corruption", rappelle-t-il.
En outre, note le père Prakash, la polarisation intercommunautaire et interreligieuse encouragée par le BJP n'a pas eu les effets escomptés : "Le Karnataka était autrefois un havre d'harmonie sociale mais, ces dernières années, grâce à une campagne de division méticuleuse, dénigrant les minorités religieuses, le BJP a polarisé les communautés sur des lignes religieuses, attisant ainsi les tensions. Le BJP a introduit une loi anti-conversion draconienne, criminalisant la conversion religieuse et le changement de foi personnelle. En outre", rappelle l'écrivain religieux, "des milliers de noms de communautés musulmanes et chrétiennes ont disparu des listes électorales et n'ont pas pu exercer leur droit de vote, malgré les protestations adressées à la Commission électorale".
Les organisations non gouvernementales et les communautés chrétiennes de l'État se plaignent que "la liberté de parole et d'expression a subi un coup dur au Karnataka. Des tentatives ont été faites pour bloquer ou réduire au silence ceux qui prennent position pour la justice, la vérité et l'égalité, et des prêtres, des religieux, des intellectuels se trouvent parmi eux."
La population, note le père Prakash, a rejeté tout cela. "Le résultat des élections montre qu'il existe une société civile dynamique au Karnataka, un réseau de citoyens profondément concernés et engagés en faveur de la démocratie et de la liberté, qui ont voulu promouvoir le changement pour le bien et l'avenir de l'Inde."
(PA) (Agence Fides 15/5/2023)


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