Manille (Agence Fides) - " Les communautés catholiques sont vraiment indignées, elles déplorent les innombrables violations des droits de l'homme et les exécutions extrajudiciaires commises par les forces gouvernementales et stigmatisent la culture de l'impunité qui prévaut dans notre pays ". C'est ce qu'a déclaré le père Aris Miranda, un prêtre camillien philippin, lors d'une réunion organisée en ligne entre plusieurs associations de défense et de surveillance des droits violés aux Philippines. Les associations, dont de nombreuses communautés catholiques, font partie d'une vaste coalition internationale qui surveille, signale et dénonce les meurtres de personnes, de dirigeants indigènes, d'avocats, de militants qui continuent d'être perpétrés par la police. Nombre de ces dirigeants sont qualifiés de "rebelles communistes" et éliminés sous ce prétexte.
Ces derniers jours, l’Évêque Gerardo Alminaza de San Carlos, appelant publiquement à mettre un terme à la culture de l'impunité, a soutenu l'approbation d'un projet de loi spécial, rédigé par certains parlementaires, qui punit le "marquage rouge", ou la pratique consistant à étiqueter les personnes ou les organisations qui critiquent le gouvernement Duterte comme "terroristes" ou "communistes", les exposant ainsi à des exécutions extrajudiciaires. Le projet de loi 2121 du Sénat, connu sous le nom de "Defining and Penalising Red-tagging Act", punit les personnes reconnues coupables de "marquage rouge" d'une peine d'emprisonnement d'au moins 10 ans. Selon l’Évêque, la législation devrait protéger la liberté d'expression et mettre à l'abri des perquisitions, des enlèvements et des meurtres ceux qui critiquent l'administration Duterte.
Le père Miranda, membre de "Promotion of Church People's Response" (PCPR), et du réseau d'associations comprenant, entre autres, la Commission internationale des droits de l'homme aux Philippines (ICHRP), le Mouvement œcuménique pour la justice et la paix, rappelle le meurtre de neuf militants philippins, tués lors d'un raid simultané de la police le 7 mars, deux jours seulement après que le président Rodrigo Duterte ait lancé un nouvel appel à éliminer les "combattants communistes aux Philippines". Le raid a eu lieu dans les provinces du sud de Luzon (Laguna, Batangas, Cavite et Rizal).
"Les personnes tuées et arrêtées ont été étiquetées comme sympathisants ou recruteurs de la Nouvelle armée populaire, la branche armée du Parti communiste des Philippines. Mais, ils ne sont pas membres du groupe communiste. Les organisations locales et internationales de défense des droits de l'homme, dont les Nations unies, soulignent depuis longtemps qu'il s'agit d'une incitation à la violence. rappelle le prêtre camillien.
"Nous demandons, explique le père Miranda à Fides, que toutes les personnes arrêtées soient libérées et qu'une enquête indépendante et crédible sur les raids simultanés soit menée par le Congrès et la Commission des droits de l'homme (CDH) afin d'identifier les responsables". Nous voulons également que la Cour suprême prenne des mesures immédiates pour empêcher que d'autres mandats de perquisition ou d'autres moyens judiciaires soient utilisés pour réduire au silence les militants, les dissidents politiques et les critiques du gouvernement. Nous demandons au Conseil des droits de l'homme des Nations unies et à la Cour pénale internationale de s'occuper de ces affaires, tandis que la task force mise en place pour mettre fin au conflit armé devrait être supprimée et la loi sur le terrorisme dirigée par Duterte mise au rebut.
Le 7 mars, 9 militants ont été tués et 6 autres ont été arrêtés, note Luciano Seller de l'Association d'amitié Italie-Philippine, l'une des associations européennes qui ont participé à la réunion en ligne. Seller, qui en est le porte-parole, explique à Fides que le Comité, qui lutte pour une paix juste aux Philippines, " demande au Parlement italien de promouvoir une action de l'Union européenne pour la reprise des pourparlers de paix entre le gouvernement philippin et le Front national démocratique des Philippines, interrompus par le gouvernement Duterte ". (MG-PA) (Agence Fides 12/4/2021)
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