Erevan (Agence Fides) – Il est préférable que l'actuel Premier Ministre arménien, Nikol Pashinyan, quitte ses fonctions et que son gouvernement démission pour « éviter des développements traumatisants dans la vie publique et de possible conflits s'accompagnant de conséquences tragiques ». Tel est le conseil adressé au Premier Ministre arménien par le Catholicos de tous les Arméniens apostolique, Karekin II, face à la grave crise sociopolitique qui traverse actuellement l'Arménie. Des désordres et protestations sociales et politiques à l'égard de l'exécutif ont fleuri dans le pays après la signature de l'accord mettant un terme le 10 novembre dernier au dernier conflit en date au Nagorny-Karabakh, région à majorité arménienne incluse dans les frontières de l’Azerbaïdjan. La signature du cessez-le-feu, qui a eu lieu grâce à la médiation de la Russie, a été vue par une bonne partie de la population et des secteurs politiques nationaux, comme une défaite destinée à renforcer le contrôle du gouvernement azerbaïdjanais sur l'enclave arménienne – où en 1991, les responsables locaux avaient proclamé la République indépendante de l’Artsakh, non reconnue par la communauté internationale).
L'accord, obtenue en fin de soirée du 9 novembre, a mis fin à six semaines de féroces combats entre militaires azerbaïdjanais et arméniens envoyés par Erevan. Il prévoyait le retrait des forces arméniennes du territoire azerbaïdjanais, le retour des évacués à leurs zones de résidence respectives et le déploiement de troupes russes dans une fonction de maintien de la paix au Nagorny-Karabakh pour les 5 prochaines années. En Arménie, les manifestations contre le gouvernement, alimentées par l'opposition, ont débuté le soir même de la signature de l'accord, présenté également par le Président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, comme une véritable capitulation d'Erevan. « Maintenant – reconnaît Karekin II – l'opinion général est que cette situation délicate devrait trouver sa solution seulement au travers de moyens constitutionnels, en faisant prévaloir la solidarité nationale et le bon sens ». Dans son message, le Catholicos de tous les Arméniens apostoliques a demandé à l'Assemblée nationale « d'agir de manière responsable pour notre patrie en ce moment critique, d'écouter les requêtes du peuple, d'élire un nouveau Premier Ministre dans le cadre de consultations avec les forces politique et de former un gouvernement par intérim ».
Nikol Pashinyan était à son tour arrivé au pouvoir sur l'onde de protestations populaires qui avait porté à la démission de Serž Sargsyan, le responsable politique qui avait guidé le pays d'abord comme Président puis, pendant quelques mois, comme Premier Ministre depuis 2008, lequel réclame à grands cris le départ de son successeur. (GV) (Agence Fides 09/12/2020)