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Le Caire (Agence Fides) – Ce ne sont certainement pas les réseaux sociaux et les moyens de communication sociaux qui peuvent ouvrir aux hommes et aux femmes d'aujourd'hui les portes du Paradis. C'est ce qu'a voulu souligner le Patriarche de l'Eglise copte orthodoxe, Tawadros II, insérant le parallèle singulier entre réseaux sociaux et salut éternel dans un discours adressé aux représentants du Rotary Club égyptien d’Alexandrie-Pharos. Dans son intervention, Tawadros II a ajouté que les réseaux sociaux constitue « une arme à double tranchant » comme un couteau qui peut être utilisé correctement ou de manière erronée avec un potentiel destructif en mesure de nuire aux personnes et de lacérer le tissu social. « Chaque personne reçoit de Dieu le don du temps, 24 heures par jour » et si ce dernier se passe en majorité sur les réseaux sociaux, comme cela arrive à nombre de jeunes – a remarqué le Patriarche copte orthodoxe – ce trésor finit par être jeté dans le néant. Actuellement – a-t-il reconnu - « chaque personne ne peut se passer d'utiliser les dispositif technologiques modernes dans sa vie quotidienne mais cette utilisation doit intervenir avec sagesse et sans excès ».
L'Eglise copte orthodoxe s'interroge depuis longtemps sur l'impact de l'expansion des réseaux sociaux lato sensu dans la vie concrète des communautés ecclésiales. Au cours de ces derniers mois, l'alarme ecclésiale concernant les usages déviants des réseaux a été alimentée notamment par les nombreux cas de faux profils attribués à des moines, des moniales ou à des monastères utilisés pour organiser des escroqueries, faire la publicité de collectes de fonds abusives ou même tenter d'insérer de jeunes filles dans des réseaux d'exploitation sexuelle. On été dénoncés publiquement les faux profils attribués au Monastère Sainte Démiane dans le désert, à une inexistante « Sœur Aghaby » et à un tout aussi fantomatique moine Samayel, qui s'accréditait auprès de ses suiveurs en utilisant notamment la photographie volée d'un véritable moine du Monastère de Saint Thomas l'Ermite.
Par-delà des opérations organisées par de véritables escrocs, l'abus d'Internet permettant de manipuler contenus et dynamiques à caractère ecclésial ou pour témoigner d'un narcissisme clérical montant, est un phénomène que les Eglises doivent affronter dans le monde entier et qui, ces derniers temps, semble alimenter particulièrement la préoccupation au sein des Eglises d'Orient. En Egypte, l'affaire tragique du meurtre dans son monastère de l'Abbé Evêque copte orthodoxe Epiphanius – et de l'arrestation d'un moine accusé d’être l'exécuteur du crime – a accéléré ces dernières années le processus de discernement autour de la vie monastique lancé depuis longtemps déjà au sein de l'Eglise copte orthodoxe. Quelques jours après le meurtre de l'Abbé mitré copte orthodoxe (voir Fides 06/08/2018), le Comité pour le Monastères du Saint Synode copte orthodoxe a disposé 12 règles – ratifiées par le Patriarche Tawadros II – auxquelles devront adhérer tous ceux qui vivent la condition monastique au sein de l’Eglise copte orthodoxe. Les mesures visent à préserver la vie monastique en tant que condition de vie retirée du monde et marquée par des moments de prière, de travail et de silence. Ainsi, il est demandé aux moines et aux moniales coptes orthodoxes de fermer leurs comptes personnels et leurs éventuels blogs sur les réseaux sociaux, considérés d’une manière critique comme des instruments utilisés surtout pour diffuser des « idées confuses » et alimenter des personnalismes. Voici plus de deux ans (voir Fides 25/10/2018), le Patriarcat de Babylone des Chaldéens, dans un message diffusé par ses canaux officiels, désira exprimer des paroles rassurante pour les croyants et les lecteurs face au phénomène représenté par des vagues d'interventions et de textes manipulateurs publiés sur Internet concernant des thèmes relatifs à la vie de l'Eglise et des communautés chrétiennes. En avril 2018, l'Eglise maronite avait elle aussi divulgué un document intitulé « La vérité qui libère et unit », lequel se présentait comme un vade-mecum doctrinal et pastoral visant à offrir des critères et des points de repère devant inspirer et orienter interventions et débats sur les moyens de communication focalisés sur des questions et thèmes relatifs à la foi catholique et au magistère de l'Eglise. Cette prise de position – indiquait l'introduction – avait semblé opportune après que, dans les mois précédents, les disputes sur des questions doctrinales, alimentées notamment par les réseaux sociaux, avaient pris dans certains cas des formes et des aspects exaspérés, fournissant un spectacle incompatible avec les critères suggérés par la communion ecclésiale et risquant de répandre doute et consternation parmi les fidèles. (GV) (Agence Fides16/11/2020)