ASIE/PAKISTAN - Témoignage de l’avocat d’Asia Bibi sur les pressions religieuses existant dans le cadre des cas de blasphème au Pakistan

mercredi, 22 janvier 2020 droits fondamentaux   dignité humaine   légalité   politique   minorités religieuses   islam   extrémisme   exécutions sommaires  

Maitre Saiful Malook

Rome (Agence Fides) – « Au Pakistan, les avocats qui défendent dans des cas de blasphème sont durement attaqués, abandonnés et isolés. Bien que le coran défende ceux qui font l’objet de fausses accusations, la mentalité au Pakistan est fortement conditionnée par un préjudice religieux. Dans mon cas par exemple, en tant que défenseur de la chrétienne Asia Bibi, qui était faussement accusée de blasphème, j’ai été accusé de défendre les infidèles et ai été complètement abandonné et isolé. Aujourd’hui, pour me déplacer, j’ai besoin de gardes du corps et je pourrais me retrouver cible d’extrémistes. Cependant je ne me repens pas de m’être engagé en faveur de la justice et du bien du Pakistan ». C’est ce qu’a déclaré à l’Agence Fides Maitre Saiful Malook, défenseur musulman d’Asia Bibi à l’occasion de la Journée internationale de l’avocat menacé qui aura lieu le 24 janvier à l’initiative de la Fondation pour la Journée de l’avocat menacé ayant son siège aux Pays-Bas.
La célébration de la Journée, arrivée à sa X° édition en 2020, est dédiée au Pakistan, nation au sein de laquelle, ces dernières années, « un certain nombre d’avocats a fait l’objet d’actes de terrorisme de masse, d’homicides, de tentatives de meurtre, d’agressions, de menaces de mort, de campagnes de mépris et d’intimidations dans l’exercice de leurs fonctions professionnelles » indique une note de la Fondation parvenue à l’Agence Fides. « Ils ont également été arrêtés, détenus ou torturés et, dans certains cas, cela a également concerné les membres des familles d’avocats assassinés » ajoute-t-elle. L’agression la plus connue contre des avocats pakistanais a eu lieu le 8 aout 2016 lorsque des terroristes ont attaqué l’hôpital public de Quetta dans le cadre d’une attaque suicide ayant provoqué la mort de 54 avocats. Depuis lors, a été enregistrée une augmentation alarmante du nombre d’avocats tués, l’an dernier en ayant dénombré neuf.
La Fondation, en compagnie d’autres organisations partenaires, a diffusé un rapport sur la situation actuelle des avocats au Pakistan, faisant état de la difficile situation dans laquelle vivent et œuvrent nombre d’avocats. Parmi eux Maitre Saiful Malook qui, suite aux menaces de mort reçues, a dû demander la protection des Etats de l’Union européenne. En participant à une conférence organisée à Rome par l’Union des Chambres pénales italiennes le 20 janvier, Maitre Saiful Malook a indiqué que « dans le cadre des procès relatifs aux cas de blasphème, les avocats défenseurs des inculpés rencontrent des obstacles et ont des problèmes. Il existe en effet une très forte pression religieuse. Les magistrats sont apeurés et, dans la très grande majorité des cas, ils accueillent les preuves condamnant le sujet accusé de blasphème ». Ce n’est qu’au cours des degrés successifs de jugement – devant la Cour d’Appel et la Cour Suprême – qu’il est possible de tenter difficilement d’infirmer les décisions et de faire émerger la vérité » indique l’avocat. « Cependant, cela est fait à nos frais, en prenant en considération de pouvoir devenir une cible ».
Le but de la Journée est d’attirer l’attention de l’opinion publique sur l’importance de la profession d’avocat en matière de défense des droits fondamentaux de la personne. La Journée internationale de l’avocat menacé entend faire mémoire du massacre intervenu le 24 janvier 1977 à Madrid, lorsqu’un commando de terroristes fit irruption dans un studio légal spécialisé en droit du travail, tuant cinq avocats et en blessant cinq autres. (PA) (Agence Fides 22/01/2020)


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