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Mexico (Agence Fides) – Un homme conduit par la bride un âne qui porte sa jeune épouse, Marie, enceinte, dans les rues de terre battue de Palestine. Un voyage de plusieurs jours et nuits les portera de la Galilée aux environs de Jérusalem. A la tombée du jour, Joseph frappe à la porte des auberges et des maisons, demandant un logement – « buscando posada » en espagnol – mais les portes ne s’ouvrent pas toujours.
La scène se répète, d’année en année, dans tous les coins du Mexique et des pays d’Amérique centrale. L’aventure de Joseph et Marie est revécue au cours des neuf nuits qui précèdent Noël – durée du voyage selon la tradition – par les familles catholiques mexicaines qui passent de maison en maison le soir, dans leur quartier, pour demander un logement au travers d’un chant. Elles marchent avec des cierges allumés et, à leur demande, les habitants de la maison visitée répondent eux aussi en chantant. Une fois entrés chez ceux qui accueillent la « posada », il est d’usage de prier les litanies de Lorette ou de réciter un chapelet. Souvent, si la « posada » se célèbre en Paroisse, sont récitées des « pastorales », scénettes représentant les péripéties des bergers se dirigeant vers Bethléem. Le diable ne peut manquer de ces récits, faisant tout pour les décourager.
Finalement, le moment le plus attendu des enfants est la rupture de la marmite de laquelle sortent arachides, fruits et gâteaux. La soirée s’achève par la distribution des « aguinaldos » - gâteaux et fruits.
La tradition des « posadas » est antique et très vivante. Elle remonte en effet à la fin du XVI° siècle lorsque des religieux augustins espagnols, qui évangélisaient les indiens, pensèrent profiter de la fête païenne de Huitzilopoztli – qui était célébrée du 7 au 26 décembre – pour les catéchiser.
En 1587, le Père Diego de Soria obtint du Pape Sixte V l’autorisation de célébrer des Messes d’aguinaldo sur les parvis des églises du 16 au 24 décembre, enrichies par la représentation des scènes de l’Avent. Après la Messe, des feux d’artifice et un mat de cocagne étaient installés, élément qui, de Chine était passé en Italie puis au Mexique sous la variante d’une marmite à sept pointes représentant les sept péchés capitaux. La célébration s’enrichit bien vite de la tradition franciscaine de la crèche. Au XVIII° siècle, bien que les posadas continuent à être réalisées dans les églises, se répandit la tradition de la « posada » de quartier, les chants populaires prenant la place de la musique sacrée.
Aujourd’hui, les « posadas » constituent une fête pour tous, avec la musique inévitable à laquelle les jeunes ajoutent des danses.
Cette année, après les séismes qui ont secoué le pays, les « posadas » solidaires se sont multipliées partout. Alex Moreno, enseignant de philosophie à l’Université pontificale du Mexique, raconte à Fides que, en compagnie d’une centaine de personne, il en a animée une à Ecatzingo, humble centre rural sis à deux heures de Mexico, dont l’église a été complètement détruite par le séisme. (SM) (Agence Fides 24/12/2017)