AFRIQUE/MADAGASCAR - « La guerre civile a failli éclater » à Madagascar, où le chef des militaires putschistes prendra demain ses fonctions de président

jeudi, 16 octobre 2025 coup d'etat   militaires   eglises locales  

Antananarivo (Agence Fides) - « Samedi 11 octobre, on a frôlé la guerre civile », déclarent à l'Agence Fides des sources de l'Église de Madagascar où hier, 15 octobre, le colonel Michael Randrianirina, chef du CAPSAT (Corps pour la Protection des Institutions), l'unité militaire qui s'est rebellée contre le président Andry Rajoelina, a annoncé qu'il serait investi vendredi 17 octobre comme chef de l'État provisoire.
Nos sources reconstituent ainsi les événements de ces derniers jours qui ont conduit à la fuite du président et à la prise de pouvoir du colonel.
« Lorsque les militaires du CAPSAT ont décidé de se mutiner et de descendre dans la rue pour défendre les manifestants, on a vraiment craint le pire. Les soldats se sont dirigés vers la place du 13 mai, lieu symbolique de la capitale où se sont toujours tenues les manifestations les plus importantes de Madagascar. Ils sont alors entrés en contact avec les gendarmes qui défendaient le palais présidentiel. Il y a eu quelques coups de feu et au moins un soldat a été tué. Puis, soudainement, les gendarmes se sont retirés, permettant aux soldats d'entrer sur la place ».
« Il faut rappeler, ajoutent les sources de Fides, que le 11 octobre, le pape Léon XIV avait présidé la veillée de prière pour la paix. Et le même jour, les évêques malgaches avaient proclamé une journée de prière et de jeûne pour la patrie. Parmi les soldats et les gendarmes, il y a plusieurs fidèles catholiques qui ont peut-être décidé de suivre la voix de leur conscience et d'éviter un bain de sang au pays. La situation s'est calmée pour l'instant, mais il faut prier pour que toutes les parties parviennent à un accord. La population a accueilli favorablement la prise du pouvoir par les militaires, les rues se sont remplies de gens en liesse.
Après le départ du président Rajoelina, désormais destitué par les militaires, une période d'incertitude s'ouvre. « Le colonel Randrianirina a annoncé que la Haute Cour constitutionnelle l'investirait demain comme président. Mais la Cour avait été dissoute par les militaires il y a seulement quelques jours (voir Fides 15/10/2025). Il en résulte une confusion institutionnelle dont on ne sait pas comment elle sera résolue », soulignent les sources. Dans son annonce, le colonel Randrianirina a déclaré qu'il serait investi avec le titre de « président pour la refondation de la République de Madagascar ». Ce titre découle de son programme qui prévoit une réforme constitutionnelle avant de procéder à l'élection des représentants des nouvelles institutions.
« Le chemin pour sortir de la crise est long et les craintes de nouvelles violences ne se sont pas totalement dissipées », affirment les sources. « Nous pouvons affirmer que si, le 11 octobre, il y avait 70 % de chances qu'une guerre civile éclate, celles-ci sont désormais réduites à 15 %. »
Hier, l'Union africaine a annoncé avoir suspendu Madagascar avec effet immédiat après le coup d'État et a demandé le rétablissement d'un gouvernement civil et l'organisation d'élections.(LM) (Agence Fides 16/10/2025)


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