VATICAN - Dette extérieure, Pape : il faut vaincre l'« instrument de contrôle » des pays pauvres

jeudi, 12 décembre 2024

par Fabio Beretta

Cité du Vatican (Agence Fides) - Trois actions possibles pour surmonter cet « instrument de contrôle “ des nations pauvres qu'est la dette extérieure et entamer ainsi un ” chemin d'espérance » vers la paix: c'est le message que le Pape François a publié aujourd'hui à l'occasion de la 58ème Journée mondiale de la Paix que l'Eglise célèbre chaque année le 1er janvier et où le Souverain Pontife appelle à un changement « culturel et structurel ».

Quelques « actes épisodiques de philanthropie ne pourront pas suffir “ pour provoquer un 'changement durable' , souligne le Pape dans son message - divisé en quatre parties et en 15 points - pour écouter sérieusement « le cri de l'humanité » déchirée par la violence. En ce sens, l'Année Sainte est propice.

Le Pontife, citant saint Basile de Césarée qui, dans l'une de ses homélies, disait : « Qu’y a-t-il, dis-moi, qui t’appartienne ? Où as-tu pris quelque chose pourl’introduire dans ta vie ? […] N’es-tu pas sorti nu du sein de ta mère ? Ne t’en retourneras-tu pas nu encore dans la terre ? Les biens présents, d’où te sont-ils venus ? Si tu dis que c’est du hasard, tu es un impie, car tu ignores le Créateur et tu n’as pas de reconnaissance pour Celui qui
t’a pourvu » (Homilia de avaritia, 7 : PG 31, 275) , il souligne comment « aujourd’hui, dans le village mondial interconnecté, le système international, s’il n’est pas nourri par des logiques de solidarité et d’interdépendance, génère des injustices exacerbées par la corruption, qui piègent les pays pauvres».

Selon l'évêque de Rome, « la dette extérieure est devenue un instrument de contrôle par lequel certains gouvernements et institutions financières privées des pays les plus riches n’hésitent pas à exploiter, sans discernement, les ressources humaines et naturelles des pays les plus pauvres, afin de satisfaire les besoins de leurs propres marchés ».

À cela, poursuit-il, s'ajoute « À cela s’ajoute le fait que plusieurs populations, déjà accablées par la dette internationale, se voient contraintes de supporter également le fardeau de la dette écologique des pays les plus développés ». « Dette écologique et dette extérieure sont les deux faces d’une même médaille, de cette logique
d’exploitation qui culmine dans la crise de la dette ».

D'où l'appel, déjà lancé avec la bulle « Spes non confundit », adressé à la communauté internationale « à agir pour remettre la dette extérieure, en reconnaissant l’existence d’une dette écologique entre le Nord et le Sud. C’est un appel non seulement à la solidarité, mais surtout à la justice. ».

Le Souverain Pontife propose « trois actions » pour « redonner de la dignité à la vie de populations entières et de les remettre sur le chemin de l’espérance afin que la crise de la dette puisse être surmontée et que tous puissent à nouveau se reconnaître comme des débiteurs pardonnés. ». Tout d'abord, il fait sien l'appel lancé par Jean-Paul II à l'occasion du grand Jubilé de l'an 2000, pour « penser à une réduction importante, sinon à un effacement total, de la dette internationale qui pèse sur le destin de nombreuses nations ». Mais, prévient le Pape, « pour qu’il ne s’agisse pas d’un acte de charité isolé qui risquerait ensuite d’enclencher à nouveau un cercle vicieux financement-dette, il faut, dans le même temps, développer une nouvelle architecture financière conduisant à la création d’une Charte financière mondiale, basée sur la solidarité et l’harmonie entre les peuples ».

La deuxième action consiste en « un engagement ferme à promouvoir le respect de la dignité de la vie humaine, depuis la conception jusqu’à la mort naturelle, afin que toute personne puisse aimer sa propre vie et envisager l’avenir avec espérance, en désirant le développement et le bonheur pour elle-même et pour ses enfants». Dans cette optique, le « geste concret » que le Pape François appelle de ses vœux est « l’abolition de la
peine de mort dans toutes les nations, l'élimination de la peine de mort dans toutes les nations », une mesure qui, comme l'écrit « Spes non confundit », « anéantit toute espérance humaine de pardon et de renouveau ».

La troisième action est un appel qui fait écho à ceux de Paul VI et de Benoît XVI, à savoir utiliser « au moins un pourcentage minimum fixe de l’argent dépensé aux fins d’armements pour la création d’un Fonds mondial qui élimine définitivement la faim et facilite les activités éducatives dans les pays les plus pauvres, afin de promouvoir le développement durable, en luttant contre le changement climatique».

« Nous devons essayer d’éliminer les prétextes qui poussent les jeunes à imaginer leur avenir sans espoir, ou comme une attente de venger le sang de leurs proches. L’avenir est un don qui permet dépasser les erreurs du passé, afin de construire de nouveaux chemins de paix », a averti l'évêque de Rome qui, dans la dernière partie de son message, rappelle que la véritable paix est celle qui « celle que Dieu donne à un coeur désarmé », c'est-à-dire « un cœur qui ne cherche pas à calculer ce qui est à moi et ce qui est à toi » mais « qui n'hésite pas se reconnaître débiteur de Dieu et qui est prêt pour cela à remettre les dettes qui oppriment le prochain ». (Agence Fides 12/12/2024)


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