AFRIQUE/SOUDAN - L'embargo sur les armes est renouvelé pour le Darfour mais doit être étendu à l'ensemble du Soudan

jeudi, 12 septembre 2024 armes   onu   guerre civile  

Khartoum (Agence Fides) - L'embargo sur les armes au Darfour a été renouvelé mais il doit maintenant être appliqué à l'ensemble du Soudan. Hier, 11 septembre, les 15 membres du Conseil de Sécurité de l'ONU ont voté à l'unanimité la prolongation de l'embargo sur les armes imposé en 2004 à la région du Darfour, à l'ouest du Soudan, pour une année supplémentaire, jusqu'au 12 septembre 2025. L'embargo avait été décidé à l'époque suite aux massacres commis par les milices arabes pro-gouvernementales Janjaweed contre les populations non-arabes du Darfour.
Au fil des années, les Janjawids ont été unifiés au sein des Forces de soutien rapide (FSR), dirigées par le général Mohamed Hamdan « Hemedti » Dagalo, l'un des deux acteurs de la guerre qui a éclaté le 15 avril 2023, lorsque les FSR ont commencé à se heurter à l'armée régulière (SAF), commandée par le général Abdel-Fattah Burhan.
Les FAR ont conquis une grande partie du Darfour, c'est pourquoi l'ambassadeur soudanais à l'ONU a insisté pour que le Conseil de sécurité sanctionne la milice de Dagalo, avec des mesures ciblées..
Les organisations humanitaires internationales, en revanche, soulignent que l'embargo sur les armes devrait être étendu à l'ensemble du territoire soudanais, touchant toutes les parties belligérantes, afin de mettre un terme à un conflit qui a déjà fait au moins 20 000 morts, près de 10 millions de personnes déplacées et réfugiées, tandis que 25,6 millions de personnes sont au bord de la faim aiguë et que plus de 755 000 sont dangereusement proches de la famine.
Comme le souligne un récent rapport de Human Rights Watch (HRW), le conflit est alimenté par un flux constant d'armes provenant de divers fournisseurs (voir Fides 11/9/2024). Parmi ceux-ci, selon les allégations présentées par l'ambassadeur soudanais auprès de l'ONU, figureraient les Émirats arabes unis, qui armeraient les FAR à l'aide d'approvisionnements passant par la frontière avec le Tchad. Selon le représentant de Khartoum, la récente réouverture du poste frontière d'Adré par le Tchad pour permettre le passage de l'aide humanitaire (voir Fides 22/8/2024) a permis l'acheminement d'armes à la force paramilitaire. L'ambassadeur soudanais a également déclaré que, selon des rapports sur un marché européen de l'or, les Émirats arabes unis profitent de l'or soudanais extrait au Darfour.
Le représentant émirati auprès de l'ONU a répondu aux accusations de son homologue soudanais en déclarant qu'il s'agissait d'une «tentative cynique de détourner l'attention des échecs des forces armées soudanaises » et a accusé les militaires de Khartoum de faire preuve d'un « courage politique nul », d'utiliser la faim comme arme de guerre et de refuser d'écouter les demandes visant à mettre fin au conflit et à s'asseoir à la table des négociations.
« Pour mettre fin à ce conflit, les Forces armées soudanaises doivent faire le pas fondamental de participer aux pourparlers de paix et trouver le courage politique de négocier avec leur ennemi », a-t-il déclaré en faisant référence aux pourparlers de paix de Genève, auxquels les militaires soudanais ont jusqu'à présent refusé de participer (voir Fides 22/8/2024). (LM) (Agence Fides 12/9/2024)


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