Bangkok (Agence Fides) - « C'est avec un grand choc et une forte angoisse que la Fédération des Conférences épiscopales d'Asie (FABC) a appris l'arrestation du Père Stanislaus Lourduswamy SI, 83 ans, et son incarcération. Nous sommes surpris des accusations qui lui sont faites. Nous sommes solidaires du Père Lourduswamy et de tous ceux qui soutiennent les droits des populations indigènes ». C'est ce qu'affirme une note de la FABC envoyée à l'Agence Fides, rappelant l'affaire du Père Lourduswamy accusé de sédition et de complicité avec des groupes rebelles maoïstes et arrêté pour ces motifs. Selon ses confrères et les responsables de l'Eglise en Inde, il s'agit d'accusations absurdes envers un homme qui a dédié sa vie à la promotion sociale des populations indigènes et tribales de l'Inde. Le 23 octobre, un tribunal spécial de la National Investigation Agency a rejeté la demande de liberté sous caution du Jésuite (voir Fides 09, 20 et 24/10/2020).
La note continue : « Les moyens de communication de masse en Inde ont exprimé une émotion profonde suite à l'arrestation du Père Lourduswamy qui, pendant trois décennies, a vécu parmi les indigènes les plus pauvres de l'Inde. L'arrestation et l'incarcération sans pitié du pretre nous rappellent le traitement réservé au Mahatma Gandhi lorsqu'il s'est battu pour les droits du peuple indien. Le gouvernement colonial britannique était trop anxieux de l'incarcérer pour le crime de demander la dignité de son peuple. Son rêve était que le plus petit de l'Inde soit la préoccupation centrale d'une Inde libre. Le Père Lourduswamy suivait le parcours non-violent de Gandhi pour réaliser son rêve ».
« L'arrestation – indique le texte – est symptomatique du traitement réservé aux populations indigènes en diverses régions d'Asie : celle qui va des rives de la Mer de Chine méridionale aux parties centrales de l'Inde est une vaste zone un temps patrie des indigènes. La colonisation les a détruits. Les Etats nationaux les ont privés de droits civils. Des milliers de personnes sont mortes suite à « l'écocide » et de la destruction de la biosphère ».
La FABC se pose en défenderesse de ces populations. « L'économie de marché, qui s'est développée sur le continent asiatique, et ses facteurs favorables, ont traité les communautés indigènes suivant une mentalité coloniale, faisant d'elles des « réfugiés environnementaux ». Le monde a une dette envers les communautés indigènes qui ont protégé la nature et l'ont donnée au monde. Les forêts et la biosphère dans laquelle vivent les indigènes se sont révélées les poumons du monde ».
« Lorsque les gouvernements asiatiques choisissent d'expulser les indigènes et d'offrir leurs terres pour des profits entrepreneuriaux, ils optent en faveur de l'infection des poumons du monde. Ceci est un Covid écologique. Le Pape François a demandé de protéger les précieux poumons tels que l'Amazonie, le Congo et les forêts d'Asie ».
Les Evêques reconnaissent que « des personnes comme le Père Lourduswamy ont cherché à sauver le monde de « l'écocide ». Nous exhortons les autorités intéressées à reconnaître le rôle que les populations indigènes jouent en faveur du bien-être du monde et à remettre en liberté leurs responsables et ceux qui les soutiennent ». De là, un appel adressé à l'Inde, « grande nation, terre du Mahatma et mère spirituelle de tout l'Orient ». « Nous espérons que ses responsables fassent preuve de sagacité et de magnanimité dans l'évaluation des services du Père Lourduswamy et d'autres responsables indigènes, les remettant en liberté comme de libres citoyens indiens » conclut le texte, signé, au nom des Evêques d'Asie, par S.Em. le Cardinal Charles Maung Bo, Archevêque de Yangon et Président de la FABC. (PA) (Agence Fides 26/10/2020)