ASIE/THAILANDE - La recherche de la démocratie au travers de nouvelles élections

vendredi, 22 mars 2019 elections   démocratie   droits fondamentaux   liberté de conscience   société civile   militaires   politique  

Bangkok (Agence Fides) – Le 24 mars auront lieu les premières élections générales en Thaïlande après cinq années de gouvernement militaire. Ainsi que l’affirment des sources locales de l’Agence Fides, « la population espère un vote pacifique qui porte la Thaïlande vers la démocratie ». Le pays a vécu une période de turbulence et d’instabilité. Avec le coup d’Etat de 2014, pour la 12ème fois de l’histoire de la nation, après la fin de la monarchie absolue dans les années 1930, les militaires ont renversé un gouvernement.
« Selon les observateurs, et selon les sondages, la situation est très équilibrée et aucun parti ne devrait obtenir la majorité à la Chambre » remarque pour Fides Jon Phummali, responsable laïc catholique. « En tant que chrétiens et que citoyens, nous prions et espérons que les élections seront pacifiques, libres et équitables. Nous aspirons à restaurer pleinement le gouvernement civil ».
Toutefois, les analystes politiques nourrissent des perplexités quant au fait que les élections puissent être véritablement libres et correctes. « Les militaires jouent selon leurs propres règles – remarque Thitinan Pongsudhirak, professeur de Sciences politiques à l’Université Chulalongkorn de Bangkok. Le pays est bloqué par un gouvernement militaire et autoritaire et le responsable de la junte, Prayut Chan-ocha, ne semble pas vouloir quitter le pouvoir pour donner un réel avenir démocratique à la nation » a-t-il déclaré. La nouvelle Constitution, élaborée par la junte en 2016, lui confère le pouvoir de nommer l’ensemble des 250 Sénateurs qui ont leur mot à dire sur la nomination du Premier Ministre. De cette manière la junte cherche à s’approprier du système afin de favoriser la poursuite d’une domination militaire.
Les militaires ont pris le pouvoir en Thaïlande dans le cadre d’un coup d’Etat en 2014, après des mois de scandales politiques et de désordres dans les rues, en promettant de conserver seulement temporairement le pouvoir pour rétablir la paix sociale. Toutefois, après cette prise du pouvoir, la junte militaire réunie au sein du Conseil national pour la Paix et l’Ordre, a prolongé sa permanence au pouvoir, au travers de différents reports du vote. Les membres du Conseil espèrent revenir aux affaires grâce au scrutin et le responsable militaire Prayut Chan-ocha aspire au poste de Premier Ministre. Le responsable du part appuyé par l’actuelle junte militaire a exprimé sa confiance dans le fait que les électeurs apprécieront son programme qui vise à cultiver des technologies agricoles, promouvoir un tourisme durable et favoriser les entreprises laboratoires visant à obtenir ainsi une croissance économique annuelle de 6%. Les partis d’opposition tels que le Pheu Thai et Future Forward, parti progressiste ayant élaboré un agenda de réformes constitutionnelles, souhaitent et soutiennent fortement un gouvernement civil qui éloigne les militaires du pouvoir.
Faisant partie des candidats à la charge de Premier Ministre, le responsable du parti Future Forward, Thanathorn Juangroongruangkit a déclaré : « Je me suis rendu dans 77 provinces de Thaïlande et tous les électeurs avec lesquels j’ai parlé au cours de ma campagne électorale se sont déclarés las de la junte militaire mais nous savons également que les militaires utiliseront toutes les armes à leur disposition pour demeurer au pouvoir ».
Le pays a été longuement divisé politiquement entre deux blocs : les populistes s’appuyant sur les ruraux et les plus pauvres et leurs opposants qui comptent sur les voix des classes moyennes urbaines et des élites. Après des années d’instabilité et de vagues de manifestations ayant paralysé le pays, les militaires ont pris le pouvoir, introduisant une nouvelle Constitution et changeant les règles électorales de manière à faciliter leur contrôle sur le pouvoir. En effet, sur un total de 750 parlementaires, si les 500 membres de la Chambre basse seront élus, les 250 sénateurs seront quant à eux nommés par la junte elle-même. Les sièges nécessaires pour devenir Premier Ministre et pouvoir gouverner sont de 376.
Plus de 50 millions d’électeurs, dont quelques 6 millions de jeunes votant pour la première fois, seront appelés à se rendre aux urnes le 24 mars. (SD) (Agence Fides 22/03/2019)


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