AFRIQUE/TCHAD - Doutes et interrogations après le mystérieux assaut du palais présidentiel

jeudi, 9 janvier 2025 militaires   violence  

N'Djamena (Agence Fides) - « Il est difficile de savoir ce qui s'est passé la nuit dernière », affirment des sources locales à l'Agence Fides depuis N'Djamena, la capitale du Tchad, où hier soir, 8 janvier, un groupe armé a attaqué la résidence présidentielle. L'assaut a été repoussé et Abderaman Koulamallah, ministre des Affaires étrangères et porte-parole du gouvernement, a publié sur les réseaux sociaux une vidéo dans laquelle il apparaît, arme à la ceinture, dans la cour du palais présidentiel entouré de soldats, affirmant que l'assaut a été repoussé et que la situation est calme.
Dans un premier temps, le gouvernement avait affirmé que l'assaut avait été commis par des éléments de Boko Haram, mais il l'a ensuite ramené à un simple acte criminel commis par quelques bandits armés, entre autres, uniquement d'armes blanches. « Parmi les 24 personnes du commando, il y a eu 18 morts et six blessés », a précisé plus tard le porte-parole.
« Les versions présentées par le gouvernement ne sont pas confirmées par des éléments indépendants », précisent nos sources. « Ce que nous pouvons rapporter, c'est qu'hier soir, la zone de la capitale où nous nous trouvions était calme ; aucun mouvement de troupes ou de points de contrôle n'a été vu par les forces de sécurité. Même ce matin, N'Djamena semble calme : il n'y a pas de mouvements particuliers de l'armée ou de la police, alors que les gens sont allés travailler régulièrement. »
L'assaut du palais présidentiel a eu lieu alors que le ministre chinois des affaires étrangères était en visite dans le pays, et moins d'un mois avant l'achèvement du retrait des troupes françaises du Tchad. A cet égard, des sources indiquent que « la décision annoncée fin novembre par le président Mahamat Idriss Déby Itno de mettre fin au traité de défense avec la France, avec pour conséquence le retrait des militaires de Paris, était totalement inattendue (voir Fides 29/11/2024). On ne sait pas ce qui a motivé le président tchadien à mettre fin à une relation militaire de plus de dix ans avec l'ancienne puissance coloniale. Des rumeurs, non confirmées, lient cette décision à la visite effectuée quelques heures plus tôt par le ministre français des Affaires étrangères, qui aurait insisté auprès des autorités tchadiennes pour qu'elles respectent les « droits de l'homme ». « Entre autres, le retrait des militaires français, initialement prévu dans un délai d'environ six mois, a été accéléré sous la pression tchadienne. Les soldats parisiens devraient terminer les opérations de rapatriement à la fin du mois de janvier ».
« Ce qui est sûr, poursuivent nos sources, c'est que l'armée tchadienne devra faire cavalier seul pour assurer la stabilité du pays, menacé par des rébellions internes, Boko Haram dans la région du lac Tchad, et les conséquences de la guerre civile au Soudan voisin». « De plus, une crise alimentaire est attendue cette année, conséquence de la sécheresse de ces derniers mois, qui a entraîné une forte baisse des récoltes». « Jusqu'à présent, les troupes françaises étaient toujours intervenues pour sauver le régime en place, comme en 2008 et en 2019. Désormais, l'armée tchadienne devra se débrouiller seule en cas de nouvel assaut sur la capitale », concluent les sources.
Trois autres pays voisins du Sahel gouvernés par des juntes militaires, le Burkina Faso, le Mali et le Niger, ont imposé le retrait des troupes françaises de leur territoire. Ils ont été rejoints, après le Tchad, par deux pays d'Afrique de l'Ouest, le Sénégal et la Côte d'Ivoire, qui ont demandé à la France de retirer ses troupes des bases militaires situées sur leur sol. (LM) (Agence Fides 9/1/2025)


Partager: