Faisalabad (Agence Fides) – « La déclaration d'Islamabad constitue une avancée dans la bonne direction. Nous devons la développer afin d'améliorer l'image du pays. Telle est la voie à suivre : le gouvernement et l'opposition doivent collaborer afin de légiférer sur de bonnes politiques alors que la société civile, les communautés religieuses et tous les citoyens doivent travailler ensemble en faveur du progrès social, civil et culturel de notre pays ». C'est ce que déclare à l'Agence Fides le Père Bonnie Mendes, prêtre pakistanais de Faisalabad et ancien Coordinateur régional de la Caritas Asie, en commentant la publication de la déclaration d'Islamabad, au sein de laquelle plus de 500 responsables religieux musulmans condamnent publiquement le terrorisme, les violences commises au nom de la religion et les décrets religieux (fatwas) prises par des oulémas radicaux.
La déclaration en question a été signée à Islamabad, capitale du Pakistan, au cours d'un rassemblement organisé par le Conseil des oulémas du Pakistan (PUC). L'initiative représente, selon les observateurs, un tournant surtout en ce qui concerne l'attitude à l'égard des minorités religieuses et de la secte musulmane des ahmadis. La déclaration reconnaît, en effet, que le Pakistan est un pays multiethnique et multi religieux et note que « il appartient au gouvernement d'assurer la protection de la vie des citoyens non musulmans au Pakistan ».
Parmi les contenus principaux, se trouvent condamnés les homicides commis « sous un prétexte dérivant du credo religieux », les auteurs remarquant que ceci « est contraire aux enseignements de l'islam » et que « aucune secte islamique ne doit être déclarée infidèle ». Selon la déclaration, tous les citoyens, quelque soit leur religion ou leur secte d'appartenance, « ont le droit constitutionnel de vivre dans le pays en suivant leurs normes culturelles et religieuses ». En poursuivant l'établissement des principes de la liberté religieuse, le texte reconnaît le droit pour les groupes religieux de s'organiser de manière autonome et demande aux autorités civiles d'interdire « tout matériel – livres, opuscules, audio... - qui incite à la haine religieuse » et de punir quiconque menace « les lieux sacrés des non musulmans » en appliquant « le plan national contre l'extrémisme ».
Les religieux proclament l'année 2019 comme une « année pour annihiler le terrorisme, l'extrémisme et la violence sectaire au Pakistan », réaffirmant que « les citoyens non musulmans doivent jouir des mêmes droits que tous les autres ».
Sabir Michael, un activiste des droits fondamentaux et des droits des minorités, dans le cadre d'un entretien accordé à Fides, indique : « Nous apprécions et reconnaissons l'effort fait par le Conseil des oulémas du Pakistan (PUC) afin de bloquer l'extrémisme et de contribuer à la tolérance, à la paix, à la justice et à l'égalité au sein de la société. Il faut promouvoir et diffuser ce message au sein de la communauté. Par le passé, des déclarations solennelles comme celle-ci n'ont pas rencontré de grand succès. Maintenant, le gouvernement et les communautés religieuses doivent travailler ensemble dans cette direction. Ne perdons pas l'espérance pour le bien du pays ». (AG-PA) (Agence Fides 08/01/2019)