ASIE/PAKISTAN - Le dialogue interreligieux apaise les tensions sociales et religieuses : l'engagement des frères franciscains

mardi, 19 novembre 2024 dialogue   paix   islam   blasphème  

Lahore (Agence Fides) - Le dialogue interreligieux et la collaboration effective entre les responsables religieux et les autorités civiles sont des moyens précieux et efficaces pour désamorcer les tensions sociales et religieuses et pour maintenir l'harmonie dans la société pakistanaise : c'est l'expérience que raconte à l'Agence Fides le Père Lazar Aslam, OFM Cap, capucin et supérieur de l'Église Saint-François de Lahore. Le franciscain a récemment « repris le flambeau » du Père Francis Nadeem OFM Cap, frère capucin décédé en 2020, qui a consacré toute sa vie à la mission du dialogue islamo-chrétien au Pakistan. Une mission dans laquelle les frères franciscains du Pakistan se sentent particulièrement impliqués, reconnaissant le dialogue comme le « chemin de la paix ».
Le père Lazar Aslam OFM Cap, a conduit une délégation interreligieuse qui s'est rendue hier, 18 novembre 2024, dans la région de Kahna Nau, une banlieue sud de Lahore, capitale de la province pakistanaise du Pendjab. Début novembre, un cas de blasphème présumé a agité la communauté locale, où des familles musulmanes coexistent avec environ 160 familles chrétiennes. Un chrétien mentalement inapte et toxicomane, Zafar Masih, a mis le feu à sa propre maison, où il avait rassemblé des documents papier. Des pages du Coran et de la Bible ont été brûlées dans l'incendie et, voyant les pages brûlées, certains voisins de la maison ont commencé à répandre l'accusation de blasphème à l'encontre de l'Islam. Par la suite, de jeunes musulmans ont commencé à menacer d'attaquer massivement le quartier chrétien, et les familles chrétiennes locales ont eu très peur, compte tenu des cas précédents au Pakistan, comme l'épisode d'août 2023 à Jaranwala, également au Pendjab (voir Fides 18 et 21/8/2023).
La délégation interconfessionnelle a été mobilisée pour éviter le pire. Le groupe comprenait, outre le père Lazar Aslam, le pasteur Asif Ehsan Khokar, l'érudit islamique Mufti Syed Ashif Hussain, Chaudhry Kamran Pervez, président de la Commission nationale du Pendjab pour les minorités, et le dirigeant chrétien Siddique Masih. La délégation a rencontré le chef de la sécurité locale, lui a expliqué la situation et a appelé à la protection de tous les habitants. Grâce à l'approche responsable et impartiale de chacun (autorités civiles, chefs religieux, forces de sécurité), la situation a été rapidement maîtrisée.
L'individu responsable de l'acte imprudent a été placé en garde à vue par la police, qui alertera les services sociaux, tandis que l'intervention de la délégation, de concert avec les institutions civiles, a empêché des groupes extérieurs - qui cherchaient à exploiter l'incident pour accroître les tensions - de créer une « affaire nationale » et de déclencher un conflit. Les membres de la délégation ont souligné l'importance du dialogue interreligieux et de la compréhension mutuelle. Le mufti Ashif Hussain a rappelé que « d'un point de vue islamique, les relations entre musulmans et chrétiens font depuis longtemps partie de l'histoire commune des deux communautés et de la nation, et doivent être protégées ».
« Ces efforts ont permis aux communautés musulmanes et chrétiennes de Kahna Nau de continuer à vivre ensemble en paix, même si certains individus attisent encore les tensions interreligieuses », a noté le frère Lazar Aslam. Il a ajouté : « Cet épisode est exemplaire. La poursuite de la coopération entre les deux communautés est nécessaire pour le plus grand bien du Pakistan. Les chrétiens sont des citoyens pacifiques qui ont contribué et contribuent encore de manière significative au bien-être du pays. Nous devons cheminer et agir ensemble pour surmonter les malentendus entre musulmans et chrétiens, et rester unis pour assurer un avenir radieux et une paix durable dans le pays». (PA) (Agence Fides 19/11/2024)


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