AFRIQUE/CAP VERT - Les centres pour jeunes des Franciscains, un antidote contre la violence entre bandes

samedi, 27 octobre 2018 jeunes   ordres religieux   pastorale   violence  

Mindelo (Agence Fides) – Deux Centres pour jeunes s’inspirant au modèles des oratoires ont remporté la bataille contre les bandes de jeunes à Mindelo, sur l’île de Saint Vincent, au Cap Vert. Le succès est lié à l’action des religieux franciscains capucins locaux, soutenus par leurs confrères de la Province du Piémont, en Italie.
Le Cap Vert, ancienne colonie portugaise sise au large du Sénégal et de la Mauritanie, est un archipel en grande transformation. Devenu indépendant en 1975, il a vécu jusqu’en 1991 sous une longue dictature. Avec l’affirmation de la démocratie, le pays, qui compte un peu plus de 500.000 habitants, a connu un développement rapide mais plein de contradictions. La pêche et le tourisme ont entraîné l’économie mais 40% de la population vivent encore sous le seuil de pauvreté. « La croissance a été si forte et immédiate qu’elle a bouleversé l’ordre social local » explique à Fides le Père Silvino Benetti, OFM Cap. piémontais, présent depuis 27 ans dans l’archipel. « Un pays pauvre et tranquille s’est retrouvé dans la spirale du changement et de la mondialisation. Ceci a été déstabilisant et a eu des conséquences très profondes sur les institutions, en particulier sur la famille. Le prix le plus élevé a été payé par les jeunes » poursuit-il.
Au cours des années 2000, le phénomène de la criminalité organisée des mineurs a éclaté dans les principaux centres de l’archipel dont Mindelo. Il s’agit de groupes de jeunes qui se divisent le territoire et combattent pour son contrôle. « Cela a constitué un choc pour ceux qui, comme moi, connaissions un archipel pacifique » indique le religieux. « Face à ce phénomène, j’ai repensé à ma propre jeunesse et au modèle de l’oratoire. Je me suis dit : peut-être est-ce là la bonne route ».
Au fil des ans, les administrations locales du Cap Vert ont créé des centres pour les jeunes qu’elles ont ensuite donnés en gestion à des associations. « En 2003, nous avons ainsi décidé de prendre en gestion un centre et cinq ans après un second » rappelle le capucin. « Ce dernier se trouvait dans un quartier difficile où deux bandes s’affrontaient continuellement. Je suis parvenu à rencontrer les jeunes et à parler avec eux. Progressivement, je les ai amenés au Centre et je les ai impliqués dans des activités artistiques et sportives. En 2011, les bandes ont officiellement fait la paix ».
Depuis lors, les centres pour jeunes sont devenus un point de repère dans les quartiers difficiles de Mindelo. Les jeunes des deux sexes les fréquentent parce que là ils ont la possibilité de jouer au football et au basket – l’une des équipes est composée en majorité d’anciens membres des bandes – de pratiquer des arts martiaux et la danse. Les jeunes scolarisés peuvent bénéficier de répétitions portant sur leurs matières scolaires. « Notre activité vise à prévenir. Grâce aux donations de particuliers et d’organisations publiques, nous parvenons à offrir un service gratuit à tous les jeunes. En outre, de nombreux jeunes s’engagent au centre pour porter de l’avant les activités. Nous sommes devenus un modèle pour tout l’archipel et ceci nous pousse à aller de l’avant, même au prix de mille difficultés » conclut le religieux. (EC) (Agence Fides 27/10/2018)


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