Rome (Agence Fides) -
4. Or, le matin déjà venu, Jésus se tint sur le rivage ; pourtant les disciples ne savaient pas que c'était Jésus.
5. Jésus leur dit : « Les enfants, vous n'avez pas du poisson ? » Ils lui répondirent : « Non ! »
6. Il leur dit : « Jetez le filet à droite du bateau et vous trouverez. » Ils le jetèrent donc et ils n'avaient plus la force de le tirer, tant il était plein de poissons.
7. Le disciple que Jésus aimait dit alors à Pierre : « C'est le Seigneur ! » A ces mots : « C'est le Seigneur ! » Simon-Pierre mit son vêtement - car il était nu - et il se jeta à l'eau.
« C’est le Seigneur ! ». Cette exclamation de l’Apôtre bien-aimé vient du plus profond de son âme : c’est la pureté de son cœur qui lui permet de reconnaître le Seigneur avant les autres disciples. Il en a été de même aussi après la course vers le tombeau, avec Pierre, le matin de Pâques, quand on nous dit de Jean seulement : « il vit et il crut » : il voit le suaire, c’est-à-dire les linges funéraires de Jésus, dans le tombeau vide ; mais cela lui suffit ; en lui, la promesse du Maître : « Bienheureux les cœurs purs parce qu’ils verront Dieu » commença à devenir réalité.
Jean « voit parce qu’il avait le cœur libre, consacré seulement au Seigneur, il n’était pas pris par des préoccupations personnelles et il ne faisait pas de calculs, mais, dans sa simplicité, il a couru plus rapidement sur les sentiers de la foi et de l’amour gratuit. Les âmes simples sont ainsi, elles parviennent avant les autres à vivre de Dieu dans leur propre vie, à apprécier la liberté caractéristique de l’amitié avec Lui, le désir de cette sainteté qui est don du Seigneur, expérimenté jour après jours par ceux qui vivent avec cohérence ses commandements, et avant tout, celui de l’amour.
Jean est considéré depuis toujours comme l’Apôtre de l’amour par excellence ; il est devenu ainsi par ce qu’il a tout misé sur Jésus. La sincérité de son désir profond de vouloir seulement ce que veut le Christ, même au milieu des luttes inévitables de la fragilité humaine, l’a conduit très loin : ses voiles étaient déployées au vent de l’Esprit qui permettait de naviguer plus rapidement.
Pierre se rendait compte que Jean était préféré par le Seigneur, en raison précisément de son « innocence », qui transparaissait de son regard et de ses gestes. Ce n’était certes pas un enfant, c’était un homme avec son tempérament fort, au point de mériter, comme son frère Jacques, l’appellation de « Fils du Tonnerre » donnée par Jésus ; mais son cœur était celui d’un jeune homme entré plus profondément dans l’amitié spirituelle avec le Christ, parce qu’il lui ressemblait plus que les autres.
Ce n’est certes pas la coïncidence d’un moment si c’est précisément à Jean que le Seigneur a confié le trésor le plus précieux qu’il avait sur la terre : sa Mère, la créature la plus pure, l’Immaculée. Jean prit Marie chez lui, c’est-à-dire dans sa maison et dans ses biens, immédiatement après que Jésus la lui ait confiée sur la Croix. Son cœur était préparé à recevoir le Cœur de la Sainte Vierge ; son esprit, ressemblant à celui du Maître, était intimement proche de celui de Marie, et ainsi, il pouvait recevoir d’Elle, durant les années qu’elle a passées sous son toit, le témoignage le plus parfait qui puisse être donné sur les profondeurs humaines et divines du Verbe Incarné. Quand on lit le Quatrième Evangile, il est juste de penser que ces paroles surprenantes sont aussi le fruit de cette proximité de Jésus avec Marie. Qui, mieux qu’Elle, aurait pu, en effet déclarer : « Le Verbe s’est fait chair et il est venu habiter parmi nous ; et nous avons vu sa gloire, gloire d’un Fils unique, pleine de grâce et de vérité » (Jean 1, 14).
Un autre Jean de notre époque, le Serviteur de Dieu Jean Paul II, nous a laissé l’héritage surprenant de devenir des « apôtres de la miséricorde », précisément comme le disciple bien-aimé. Le Saint-Père, le Pape Benoît XVI, lors de la récente Fête de la Miséricorde Divine, le 2° dimanche de Pâques, Dimanche de la Miséricorde Divine, nous l’a rappelé et a relancé l’invitation : « Le Saint-Père, le Pape Jean Paul II a voulu que ce dimanche soit célébré comme Fête de la Miséricorde Divine : dans la parole ‘miséricorde’, il trouvait résumé et interprété de nouveau pour notre temps, tout le mystère de la Rédemption… C’est la miséricorde qui met une limite au mal. En elle, s’exprime la nature toute particulière de Dieu - sa sainteté, le pouvoir de la vérité et de l’amour. Il y a deux ans, après les premières Vêpres de cette Solennité, Jean Paul II terminait son existence terrestre. En mourant, il entrait dans la lumière de la Miséricorde Divine dont, au-delà de la mort et à partir de Dieu, il nous parle à présent d’une manière nouvelle. Ayez confiance, nous disait-il, dans la Miséricorde Divine ! Devenez jour après jour des hommes et des femmes de la miséricorde de Dieu ! La miséricorde est le vêtement de lumière que le Seigneur nous a donné au Baptême. Nous ne devons pas laisser s’éteindre cette lumière ; au contraire, elle doit croître en nous chaque jour, et apporter au monde l’annonce joyeuse de Dieu » (Benoît XVI, 15 avril 2007). Puisse ce vêtement de lumière étincelante remplir notre journée, pour nous faire dire du plus profond du cœur : « C’est le Seigneur ! » toutes les fois que l’amour du Christ nous touche comme un rayon de soleil à travers les fentes, ouvertes à l’éternité, de la vie quotidienne.
(Agence Fides, 18 avril 2007)