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Bruxelles (Agence Fides) - « En effet, nous avons tous reçu, par le baptême, une mission dans l’Église. Mais il s’agit d’un don et non d’un titre dont on se vante ». Le voyage apostolique du Pape François en Belgique, son 46ème en dehors de l'Italie, se termine par une messe au Stade Roi Baudouin à Bruxelles.
Devant 35 000 personnes et la famille royale, le Souverain Pontife a présidé le rite de béatification d'Anne de Jésus, née Anne de Lobera, de l'ordre des carmélites déchaussées, et a annoncé le début du processus de béatification du roi Baudouin, le monarque qui a démissionné pendant quelques jours pour ne pas avoir signé la loi en faveur de l'avortement. Accueilli par des applaudissements et des cris de joie, avant de revêtir les habits sacrés, il a salué dans la papamobile la foule qui l'acclamait, bénissant les enfants et distribuant chapelets et caresses. Dans son homélie, prononcée en italien et complétée à bout de bras, il s'est attardé sur trois mots clés : ouverture, communion et témoignage.
« Ce sont des paroles sages, qui préfigurent ce que Jésus dira dans l’Évangile (cf. Mc 9, 38-43, 45, 47-48). Ici, la scène se passe à Capharnaüm, et les disciples voudraient empêcher un homme de chasser les démons au nom du Maître, parce que – disent-ils – « il n’est pas de ceux qui nous suivent » (Mc 9, 38) c’est-à-dire “il n’est pas de notre groupe” . Jésus surprend, il nous surprend – et ceux-ci il les surprend et il les réprimande en les invitant à aller au-delà de leurs schémas, à ne pas se laisser “scandaliser” par la liberté de Dieu. Il leur dit : « Ne l’en empêchez pas [...] qui n’est pas contre nous est pour nous ».
D'où la réflexion sur la mission des baptisés, qui est « un don », « non un titre de gloire ». La communauté des croyants, en effet, souligne l'évêque de Rome, « n'est pas un cercle de privilégiés, c'est une famille de sauvés, et nous ne sommes pas envoyés pour porter l'Évangile au monde par nos propres mérites, mais par la grâce de Dieu, par sa miséricorde et par la confiance que, au-delà de toutes nos limites et de nos péchés, il continue à placer en nous avec un amour de Père, voyant en nous ce que nous ne pouvons pas voir nous-mêmes».
"Si nous voulons coopérer, avec un amour ouvert et bienveillant, à la libre action de l’Esprit sans être un scandale, un obstacle pour quiconque avec notre présomption et notre rigidité, nous devons accomplir notre mission avec humilité, gratitude et joie. Nous ne devons pas avoir de ressentiment, mais nous réjouir que d’autres puissent aussi faire ce que nous faisons, afin que le Royaume de Dieu grandisse et que nous nous retrouvions tous un jour réunis dans les bras du Père », a ajouté le Pape.
La Parole de Dieu est claire : elle dit que les “protestations des moissonneurs” et le “cri des pauvres” ne peuvent pas être ignorés, ne peuvent pas être effacés comme s’ils étaient une note discordante dans le concert parfait du monde du bien-être, et ils ne peuvent pas non plus être étouffés par une forme de bienfaisance de façade. Au contraire, souligne François, ils sont la voix vivante de l’Esprit, ils nous rappellent qui nous sommes – nous sommes tous de pauvres pécheurs, tous, moi le premier – ; et les personnes abusées sont un cri qui monte vers le ciel, qui touche l’âme, qui nous fait honte et qui nous appelle à la conversion ».
Nous en arrivons ainsi au troisième mot : le témoignage. Nous pouvons nous inspirer en cela de la vie de l’œuvre d’Anne de Jésus, Anne de Lobera en ce jour de sa béatification. Cette femme a été l’une des protagonistes, dans l’Église de son temps, d’un grand mouvement de réforme, sur les traces d’une “géante de l’esprit” – Thérèse d’Avila.
Enfin, rappelant la rencontre qu'il a eue l'autre soir à la Nonciature Apostolique de Bruxelles avec un groupe de victimes d'abus commis par le clergé belge, il a déclaré : « J'ai ressenti leur souffrance de personnes abusées et je le répète ici : il y a de la place dans l’Église pour tous, tous, tous, mais nous serons tous jugés et il n’y a pas de place pour l’abus, pas de place pour la couverture de l’abus ». « Je demande aux évêques: ne couvrez pas les abus ! », a ajouté le Souverain Pontife, dont les paroles ont été longuement applaudies par les fidèles présents. « Le mal ne doit pas être caché, le mal doit être révélé au grand jour avec courage ». François demande que les abuseurs soient « jugés », « qu'ils soient laïcs, prêtres ou évêques ». Celle des victimes « est une plainte qui monte au ciel et qui nous fait honte ».
Lors de l'Angélus, prié à la fin de la célébration, les pensées du Souverain Pontife se sont tournées vers le Moyen-Orient, et en particulier vers le Liban, dévasté par l'extension du conflit : « Je continue à suivre avec douleur et beaucoup d'inquiétude l'élargissement et l'intensification du conflit au Liban. Le Liban est un message, mais en ce moment c'est un message tourmenté, et cette guerre a des effets dévastateurs sur la population : beaucoup, beaucoup trop de personnes continuent à mourir jour après jour au Moyen-Orient ».
« Nous prions pour les victimes, pour leurs familles, pour la paix. J’appelle toutes les parties à un cessez-le-feu immédiat au Liban, à Gaza, dans le reste de la Palestine, en Israël. Que les otages soient libérés et que l’aide humanitaire soit autorisée. N’oublions pas l’Ukraine tourmentée.”. (FB) (Agence Fides 29/9/2024)