AFRIQUE/SOUDAN - Aucune lueur de paix ne semble se profiler alors que la situation humanitaire est de plus en plus dramatique

mercredi, 3 juillet 2024

© UNHCR/Ying Hu

Khartoum (Agence Fides) - " Nous poursuivons cette bataille jusqu'à la victoire et je répète une fois de plus que nous ne négocierons pas avec un ennemi qui nous attaque et occupe nos terres ". C'est ainsi que le général Abdel Fattah al-Burhan, chef des Forces Armées Soudanaises (SAF), s'est fermé pour l'instant au dialogue pour mettre fin à la dramatique guerre civile qui oppose les SAF aux Forces de Soutien Rapide (RSF), la milice paramilitaire dirigée par Mohamed Hamdan " Hemedti " Dagalo.
Al-Burhan a fait cette déclaration alors qu'il rendait visite aux troupes qui se sont emparées des zones de Wadi Sidna et d'Omdurman, qui font partie de la zone métropolitaine de Khartoum, la capitale soudanaise ravagée par des combats acharnés entre les deux camps depuis plus d'un an.
Le chef des Forces armées soudanaises a réaffirmé qu'il ne céderait pas à la pression internationale pour s'asseoir à la table des négociations à Djeddah, en Arabie saoudite. "Nous n'irons pas à une table de négociation où les médiateurs veulent nous tirer par les oreilles, et nous n'irons pas à des négociations alors que l'ennemi occupe encore nos maisons et pille nos richesses. Nous n'irons pas négocier avant que l'ennemi ne parte, et les médiateurs doivent les forcer à le faire s'ils veulent que nous négocions avec eux".
Malgré les conquêtes territoriales des SAF dans la région de Khartoum, les miliciens du RSF continuent de progresser dans d'autres régions du Soudan. En particulier, les FAR ont récemment conquis des bases militaires dans le Sennar et dans le Kordofan occidental, et continuent à faire pression sur El Fasher, la capitale du Darfour Nord, assiégée par les miliciens (voir Fides 5/5/2024), qui continuent à la bombarder aveuglément (voir Fides 18/6/2024), atteignant même des structures hospitalières. Hier, 2 juillet, deux autres hôpitaux ont été touchés par des tirs d'artillerie des RSF, selon le gouverneur Minni Minawi. Il s'agit de la neuvième attaque contre des hôpitaux de la ville depuis le 10 mai.
Les nouvelles conquêtes territoriales du FSR ont provoqué l'exode d'au moins 55 000 personnes de Sinja, la capitale du Sennar, alourdissant ainsi le bilan humanitaire du conflit. Selon l'ONU, au moins 10 millions de Soudanais ont été déplacés depuis le début de la guerre en avril 2023, souvent piégés dans des zones disputées par les parties en présence, comme dans le cas d'El Fasher, ou comme les quelque 80 personnes réfugiées depuis juin dernier dans la mission catholique de Dar Mariam, dans le district khartoumien d'al-Shajara. La zone est le théâtre de violents affrontements car elle se trouve à environ deux kilomètres de la base des forces blindées que la RSF tente de conquérir. Les réfugiés sont pris au piège et les tentatives pour les mettre à l'abri sont restées vaines jusqu'à présent, alors que les réserves d'eau et de nourriture s'amenuisent de jour en jour.
Se faisant les interprètes de la souffrance des populations, les évêques de la Conférence des évêques catholiques du Soudan (SCBC, qui regroupe les évêques du Soudan et du Sud-Soudan) ont déclaré à l'issue de leur réunion à Juba fin juin : "Le tissu de la société soudanaise a été déchiré, les gens sont choqués, traumatisés et incrédules devant le niveau de violence et de haine". La déclaration dénonce également les intérêts égoïstes qui ont déclenché le conflit : "Il ne s'agit pas simplement d'une guerre entre deux généraux, car l'armée est inextricablement liée à la vie économique du pays, et les Forces armées soudanaises (SAF) comme les Forces de défense du Soudan (RSF) disposent chacune d'un réseau de riches élites soudanaises et internationales et de cartels qui tirent profit du contrôle de divers secteurs de l'économie. En effet, les deux parties belligérantes contrôlent chacune d'importants secteurs de l'économie soudanaise (voir Fides 22/4/2023) et sont liées à des sponsors extérieurs (voir Fides 1/11/2023) qui continuent de leur fournir des armes de plus en plus sophistiquées, telles que des drones. (LM) (Agence Fides 3/7/2024)


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