AFRIQUE/SOUDAN - Des violences ethniques sont signalées à El Fasher, capitale du Nord-Darfour

mercredi, 5 juin 2024 guerre civile   massacres  

UN file

Khartoum (Agence Fides) – La guerre au Soudan a désormais pris une dimension ethnique, en particulier au Darfour, où les miliciens des Forces de Soutien Rapide (FSR) sont accusés de tuer des civils sur la base de leur appartenance ethnique.
Les dernières victimes sont neuf personnes exécutées sur la base de leur appartenance ethnique par les forces de soutien rapide alors qu'elles fuyaient le conflit en cours à El Fasher, la capitale du Darfour Nord, pour se rendre dans la ville de Mellit.
Depuis le 10 mai, El Fasher est ravagée par de violents combats entre les Forces armées soudanaises (FAS), soutenues par certains de leurs mouvements armés alliés, et les FAR. Ces combats ont fait un grand nombre de victimes civiles et ont gravement endommagé les habitations et les infrastructures civiles.
La situation dans la ville est dramatique, avec un peu moins de 1,5 million d'habitants et de personnes déplacées à l'intérieur du pays (PDI) coincés dans la ville.
Les FAR poursuivent leur offensive pour s'emparer de la ville et sont accusées de bombarder intentionnellement les zones peuplées avec de l'artillerie lourde, forçant les habitants à fuir.
L'acharnement des FAR à prendre le contrôle de la ville s'explique par le fait que le Darfour-Nord, et sa capitale, est la seule partie de la région du Darfour au sens large qui échappe au contrôle des FAR. Depuis la fin de l'année dernière, les FAR ont en effet pris le contrôle de quatre des cinq États de la région du Darfour : le Sud, l'Ouest, le Centre et l'Est.
La conquête d'El-Fasher permettrait au FSR d'attaquer les positions des SAF dans le nord du Soudan et de s'approvisionner via la Libye avec l'aide de mercenaires russes.
Les populations locales, et en particulier les Masalit, sont accusées de se ranger du côté de l'armée régulière contre les FAR, majoritairement arabes.
Les populations non arabes telles que les Masalit, les Zaghawa et les Furs sont la cible des attaques du FSR et de son précurseur, les Janjaweed, depuis plus de 20 ans. Lorsque la guerre a éclaté en avril 2023 entre les Forces armées soudanaises commandées par le général Abdel Fattah al-Burhan et les Forces de sécurité soudanaises dirigées par Mohamed Hamdan « Hemedti » Dagalo, ces dernières ont renouvelé leurs attaques contre la population non arabe du Darfour.
Certains groupes armés de la région ont uni leurs forces pour repousser les assauts des hommes de Hemedti, formant la Force conjointe du Darfour (Darfur Joint Force). Il s'agissait initialement d'un organe neutre chargé de protéger el-Fasher. Le gouverneur du Darfour, Minni Minnawi, de l'ethnie Zaghawa, a pris la tête de cette formation qui comprend le Mouvement de libération du Soudan de Minnawi, le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), l'Alliance soudanaise et le Rassemblement des forces de libération du Soudan (Gathering of Sudan Liberation Forces). En novembre 2023, Minnawi et Gibril Ibrahim, chef du JEM, se sont rangés du côté des Forces armées soudanaises. Les deux milices sont engagées dans des combats pour le contrôle d'El-Fasher.
Trois autres groupes (Alliance soudanaise, Rassemblement des forces de libération du Soudan, Mouvement de libération du Soudan - Conseil transitoire) sont restés neutres dans le conflit, se concentrant sur la défense des civils à El-Fasher. (LM) (Agence Fides 5/5/2024)


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