ASIE/MYANMAR - L'armée birmane fait une descente et procède à des arrestations dans les « villes frauduleuses »

jeudi, 20 novembre 2025 criminalité   guerre civile  

Wikimedia Commons - Angshu2193

Yangon (Agence Fides) – Le gouvernement militaire du Myanmar a lancé une opération visant à lutter contre les activités criminelles en ligne dans les « scam cities » (villes de l'arnaque) situées à la frontière entre le Myanmar et la Thaïlande : le 18 novembre, l'armée a fait une descente dans un complexe de la ville de Shwe Kokko, près de Myawaddy, importante ville commerciale à la frontière avec la Thaïlande. Selon les médias d'État birmans , les militaires ont arrêté 350 ressortissants étrangers et saisi plus de 10 000 téléphones portables utilisés pour commettre des fraudes. Il y a environ un mois, les autorités avaient fait une descente dans un autre important centre d'escroquerie appelé « KK Park », à la périphérie de Myawaddy.
Le gouvernement militaire du Myanmar affirme avoir commencé à réprimer les escroqueries en ligne transfrontalières et les jeux d'argent illégaux début septembre. À la suite du raid mené au KK Park, plus de 1500 personnes qui y travaillaient ont déménagé en Thaïlande, tandis que l'armée a démoli, à l'aide d'explosions contrôlées, les bâtiments qui étaient utilisés pour ces activités illégales.
La Border Guard Force s'est attribué le mérite d'avoir participé à la répression des activités illégales, bien que, selon les analystes, elle ait auparavant fourni une protection aux auteurs de ces escroqueries. Le gouvernement militaire a accusé la KNU d'être liée aux centres d'escroquerie. Les deux milices ont toujours nié fournir une protection aux organisations criminelles. Dans les régions frontalières du Myanmar, dévastées par une guerre qui dure depuis quatre ans, les centres organisant des escroqueries se sont multipliés. Gérés par des réseaux criminels internationaux, ils séquestrent par la ruse des personnes (souvent des citoyens chinois, thaïlandais, cambodgiens, birmans ou d'autres nationalités) et les forcent à commettre des escroqueries en ligne. Les victimes, contactées par téléphone, appâtées par des stratagèmes romantiques et de fausses propositions d'investissement, se trouvent principalement en Chine, mais aussi en Occident, comme en Europe et aux États-Unis.
Un porte-parole de l'armée a souligné la coopération de la Chine, alliée du gouvernement militaire de Yangon, dans la lutte contre les escroqueries. Le gouvernement chinois a déclaré vouloir lutter contre ces phénomènes illégaux, étant donné qu'un grand nombre de citoyens chinois sont à la fois auteurs (personnes enlevées et réduites en esclavage) et victimes, recrutées dans leur pays d'origine, pour un volume d'affaires illicites que l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime a estimé à 40 milliards de dollars par an.
Cette opération intervient alors que le régime birman se prépare à organiser des élections annoncées en plusieurs phases, à partir du 28 décembre puis en janvier, qui ne seront possibles que dans une partie du pays contrôlée par l'armée, soit moins de 50 % du territoire national. Selon les premières indications, le scrutin sera soutenu et reconnu par la Chine, la Russie et l'Inde, tandis que les observateurs internationaux, tels que les représentants de l'Union européenne et des Nations Unies, ont mis en doute la crédibilité de toute élection dans les conditions actuelles de conflit. Les ministres des Affaires étrangères de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) ont exprimé leur « profonde préoccupation » et leur perplexité quant au scrutin.
(PA) (Agence Fides 20/11/2025)


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