Islamabad (Agence Fides) - Chaque année, au Pakistan, on commémore le ministre catholique Shahbaz Bhatti, tué par des mains terroristes, à l'âge de 39 ans, le 2 mars 2011 à Islamabad. Son histoire, son parcours humain et son engagement politique sont évoqués avec affection et émotion, et représentent une source d'inspiration pour les communautés chrétiennes de toutes confessions, qui se réunissent à l'occasion de l'anniversaire de sa mort. Des manifestations et des célébrations - auxquelles ont également participé des musulmans et des croyants d'autres confessions religieuses - ont été organisées dans plusieurs villes du Pakistan, telles qu'Islamabad, Lahore, Karachi, Faisalabad et Kushpur, son village natal.
"Je veux juste une place aux pieds de Jésus", a écrit le ministre Bhatti dans son testament spirituel, exprimant son désir de se conformer au Christ dans chaque geste de son existence, même et surtout dans l'activité politique, au service du bien commun. "Les sentiments présents aujourd'hui dans tous les secteurs de la société sont ceux de la gratitude et de la reconnaissance, en repensant à sa mission de construire une nation juste, pacifique et tolérante au Pakistan, où les minorités religieuses peuvent exercer des droits égaux et vivre en paix et en harmonie avec les fidèles musulmans, sous la bannière du respect et de la reconnaissance mutuels. C'est une leçon précieuse pour le Pakistan d'aujourd'hui", déclare le père Emmanuel Parvez, prêtre de Faisalabad et père spirituel de Shahbaz Bhatti. Le ministre reste dans l'esprit des fidèles comme une "voix pour les sans-voix", comme un défenseur des opprimés et des pauvres de toute religion, comme un promoteur de la justice et de la paix", affirme-t-il.
Parmi les dirigeants musulmans, Allama Muhammad Ahsan Siddiqui, président de la Commission interconfessionnelle pour la paix et l'harmonie (CIPH), s'est souvenu de lui en ces termes : "Shahbaz Bhatti était un véritable promoteur de la tolérance religieuse, de l'harmonie interreligieuse et un véritable défenseur de la dignité humaine. C'est une personnalité de renommée internationale, un grand libérateur qui a sacrifié sa vie pour préserver la liberté de religion pour les générations futures. On se souviendra toujours de lui pour son engagement désintéressé en faveur de l'égalité des droits de tous les citoyens du Pakistan". Le religieux islamique rappelle que le ministre "avait reçu des menaces de mort et, à ceux qui lui conseillaient d'émigrer, il avait répondu : "Je suis un disciple du Christ, je n'abandonnerai jamais mon pays et mon peuple. Il nous appartient maintenant de veiller à ce que le travail commencé par Shahbaz Bhatti ne soit pas abandonné".
Selon l'évêque anglican Samuel Azariah, qui a assisté à un événement commémorant Bhatti à Islamabad, "nous devrions rechercher, comme Bhatti l'a fait, la guidance de Dieu et gagner les cœurs de nos compatriotes pakistanais par le message d'acceptation, de paix, d'amour, d'attention et d'unité".
Romana Bashir, une chrétienne engagée dans la défense des droits de l'homme, a déclaré que "le martyre de Shahbaz Bhatti a laissé la communauté chrétienne orpheline : il essayait d'unir une société divisée par la religion, la secte, l'ethnie et la langue. Shahbaz nous a rappelé que les minorités ont joué un rôle clé dans la création du Pakistan et que nous voulons continuer à jouer ce rôle".
Le catholique Sabir Michael, travailleur social engagé dans la promotion des plus pauvres, note : "En tant que chrétiens au Pakistan, nous nous souvenons de Shahbaz Bhatti comme de notre leader qui a donné sa vie pour défendre la dignité humaine des minorités religieuses. Il a demandé au gouvernement pakistanais de mettre fin à l'utilisation abusive de la loi sur le blasphème, qui engendre encore tant de souffrances. Il a essayé de faire du Pakistan une nation meilleure. Et il a tout fait au nom du Christ Jésus. Pour nous, c'est un saint".
Des réunions et des conférences commémoratives ont également été organisées dans plusieurs autres pays et continents, où Shahbaz Bhatti a été honoré par les Pakistanais de la diaspora, mais aussi par des dirigeants politiques étrangers. En Italie, une conférence au Sénat de la République, organisée par l'"Association des chrétiens pakistanais en Italie", a recueilli divers témoignages, comme celui de Paul Bhatti, frère du ministre assassiné.
(PA) (Agence Fides 11/3/2024)