ASIE/CORÉE DU SUD - Danser "le tango de la paix" : une invitation aux jeunes de Corée du Nord pour les JMJ 2027 à Séoul

lundi, 20 novembre 2023 paix   réconciliation   droits fondamentaux   jeunes  

Séoul (Agence Fides) - Construire des ponts pour la paix en partant des jeunes : lors d'un Forum spécial organisé par le Comité pour la Réconciliation de l'Archidiocèse de Séoul, plus de 100 responsables religieux, diplomates, universitaires et leaders civils se sont réunis à Séoul pour discuter de solutions innovantes pour la paix dans la péninsule coréenne. Le Forum, qui en est à sa huitième année - après avoir débuté en 2016, ciblé sur la recherche de solutions pratiques - s'est tenu le 18 novembre au campus théologique Songsin de l'Université catholique de Corée, marquant le 70e anniversaire de l'armistice qui a mis fin à la guerre de Corée en 1953, et s'est articulé autour du thème très concret "Les voies de la réconciliation et de la paix dans la péninsule coréenne". Le message fondamental qui s'est dégagé des travaux de l'assemblée était de "surmonter les conflits du passé et d'avancer vers un avenir commun de coexistence et de prospérité", indique une note de l'archidiocèse de Séoul.
L'archevêque de Séoul, Peter Soon-taick Chung OCD, a déclaré dans son discours d'ouverture : "La culture de la division, dans laquelle la méfiance et le doute sont omniprésents, domine l'atmosphère. Les relations intercoréennes doivent maintenant changer de rythme et dépasser les 70 ans de conflit du passé". L'archevêque a encouragé les participants à réfléchir à ce qu'il a appelé "l'engagement nécessaire de l'Église catholique en tant que présence médiatrice et réconciliatrice afin de parvenir à la paix dans la péninsule coréenne"".
Le Forum a reçu les salutations, la bénédiction et les vœux du Pape François, a rapporté Fernando Duarte Barros Reis, Chargé d'Affaires de la Nonciature Apostolique en Corée : "Le 16 septembre dernier, a rappelé M. Duarte Barrios Reis, le pape François a reçu à Rome un groupe de pèlerins de l'Église catholique de Corée, les invitant à confier à saint André Kim Taegon le rêve de la paix dans la péninsule coréenne, qui est toujours dans ses pensées et ses prières", exprimant l'espoir que le Forum fournisse une plate-forme pour explorer "des voies nouvelles et créatives" pour combler le fossé entre les parties en conflit.
Lors de la cérémonie d'ouverture, le directeur de l'Institut pour la paix, Hong Yong-Pyo, professeur de sciences politiques à l'université Hanyang et ancien ministre de l'unification, a déclaré que le mot clé de cette année était "réconciliation". "Nous ne devons pas et ne pouvons pas renoncer à la réconciliation si nous voulons la paix", a-t-il rappelé.
Le père Park Dong-ho, ancien président de la commission Justice et Paix de l'archidiocèse, a fait écho à ces propos en s'exprimant sur les "Enseignements et empreintes de l'Église catholique sur la réconciliation et la paix". Passant en revue la Doctrine sociale de l'Église et rappelant la position de l'Église sur la violence, le prêtre a critiqué la théorie de la "guerre juste", soulignant l'importance des "mouvements de paix nés des gens ordinaires" comme moyen de sensibiliser l'opinion publique.
Kim Sun-pil, chercheur à l'Institut de théologie de l'université de Sogang, a été invité à présenter le contexte historique et le travail de l'Église coréenne en faveur du pardon et de la réconciliation entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. Après la guerre de Corée, a-t-il rappelé, la visite du pape Jean-Paul II en Corée a ravivé l'intérêt pour cette question et, dans les années 1980, l'Église coréenne a créé le "Comité missionnaire nord-coréen", devenu plus tard le "Comité de réconciliation", qui a été appelé à toujours travailler, dans les différentes conditions géopolitiques, en accord avec les perspectives du Saint-Siège.
"Le premier pas vers la réconciliation devrait être la détermination à comprendre pleinement pourquoi l'autre partie voit les choses différemment : pour y parvenir, il faut d'abord écouter, et écouter très attentivement", a noté le professeur Emilia Heo Seunghoon de l'université Ritsumeikan Asia Pacific au Japon, comparant le processus de réconciliation à la danse du tango, affirmant que "ce n'est que si les acteurs politiques et sociaux s'organisent dans la relation mutuelle comme pour danser un tango, en pleine harmonie, qu'ils peuvent parvenir à une véritable paix".
Un autre conférencier, le professeur Kim Ji Eun, de l'Eastern Mennonite University aux États-Unis, a fait remarquer : "Lorsque nous parlons de vérité, de justice et de droits de l'homme, nous devons être suffisamment sages pour ne pas être engloutis par la mentalité et la logique de la guerre froide, en nous souvenant toujours de l'esprit de coexistence mutuelle et de prospérité, afin de nous éloigner des points de vue extrêmes". Le professeur Kim a également exhorté l'Église catholique à toujours choisir des positions qui "servent de pont entre la société civile et le gouvernement, ainsi qu'entre la société coréenne et la communauté internationale", soulignant le rôle important de l'Église qui peut avoir un impact dans les deux sens : à la fois dans les processus "de bas en haut" et "de haut en bas".
Le professeur Love Maryann Cusimano, de l'Université catholique d'Amérique, en discutant des "tâches de l'Église catholique pour la paix", a tout d'abord souligné le concept de "paix juste" - par opposition à la "guerre juste" - en notant que "la construction de la paix ne se limite pas aux seules activités des gouvernements ou des États", et nécessite donc une longue période de temps, avec l'implication de divers acteurs, tels que les associations de citoyens, les réseaux internationaux ou les "entités morales" telles que l'Église catholique.
En ce sens, a-t-on conclu dans les travaux de l'assemblée, il est particulièrement important d'impliquer les jeunes, qui seront appelés à participer à la phase de conception et de planification du forum de l'année prochaine, car c'est à eux qu'il appartiendra de construire un avenir de paix.
Le mot de la fin a été confié à l'archevêque de Séoul : "Le travail missionnaire en Corée du Nord n'est pas seulement ma vocation en tant qu'administrateur apostolique de Pyongyang, mais c'est aussi mon devoir en tant que citoyen coréen", a-t-il déclaré, réaffirmant son engagement dans la "mission de paix et de réconciliation avec la Corée du Nord".
C'est donc en pensant aux jeunes que l'archevêque Chung a lancé la proposition d'inviter une délégation de jeunes Nord-Coréens aux Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) prévues en Corée en 2027. L'invitation, qui parviendra au gouvernement de la Corée du Nord sous la forme et par les canaux appropriés, se veut une main tendue et un signe, petit mais significatif, de réactivation d'un canal de dialogue et de relations.
L'initiative du Forum s'inscrit dans le cadre des activités du "Comité pour la réconciliation" de l'archidiocèse de Séoul, officiellement fondé le 1er mars 1995 par le cardinal Stephen Kim Sou-hwan, qui a commencé par célébrer une eucharistie pour la réconciliation et l'unité du peuple coréen, tous les mardis à 19 heures dans la cathédrale de Séoul. Animé par la devise "Tant que nous nous souvenons d'eux, ils sont vivants. Si nous prions pour eux, notre prière sera entendue", le Comité a également tourné ses pensées vers les fidèles catholiques qui vivent leur vie de foi en Corée du Nord, en secret et au péril de leur vie. Au fil des ans, le Comité a organisé des initiatives à caractère humanitaire, pour aider les populations du Nord, et des initiatives à caractère culturel, pour éduquer et sensibiliser à la recherche de la paix.
(PA) (Agence Fides 20/11/2023)


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