AMÉRIQUE /PANAMA - Aucune somme d'argent ne peut compenser les dommages causés par l'exploitation minière

vendredi, 12 mai 2023

Panama (Agence Fides) - "L'extraction de métaux n'est ni faisable ni durable dans un pays aussi riche en eau et en biodiversité et aussi vulnérable sur le plan climatique que le Panama. De nombreuses études nationales et internationales l'ont prouvé. Nos évêques l'ont confirmé : aucune somme d'argent au monde ne peut compenser les dommages que l'exploitation minière peut causer à court, moyen et long terme". C'est ce qu'affirme une déclaration urgente du Réseau ecclésial écologique mésoaméricain (Remam), section Panama, signée par 13 organisations catholiques et 5 congrégations religieuses, dont la Pastorale sociale-Caritas, la Commission Justice et Paix, la Pastorale indigène, l'Université Santa Maria la Antigua.
"Sur la base de l'Évangile, de la Doctrine sociale de l'Église et de la parole du Pape François", écrivent les signataires, "nous avons analysé le nouveau contrat de l'État panaméen avec Minera Panama et la réalité minière de notre pays lui-même", et exprimons donc leur profonde inquiétude pour plusieurs raisons. Tout d'abord, la zone de la concession minière, 17 780,38 hectares, se trouve "au milieu du corridor biologique méso-américain et de la zone protégée de Donoso, ce qui est en contradiction avec notre système juridique". Le contrat stipule également que l'entreprise peut "acquérir, céder ou avoir en usufruit des terres appartenant à l'État ou à des propriétaires privés, sans limites". L'État s'engage à exproprier les terrains nécessaires à l'extension de la concession, sans indemnisation.
D'autres aspects critiques analysés concernent le revenu minimum garanti versé par la compagnie minière à l'État, qui est de 375 millions de dollars : "il est très relatif car il peut diminuer pour de nombreuses raisons", y compris la baisse du prix du cuivre sur le marché, ce qui "ne constitue pas une garantie réelle". Le contrat prévoit également des règles de travail "spéciales" qui peuvent prévoir des salaires plus bas que dans le reste du pays, en violation des règles du code du travail. Les sources d'eau seront également réduites, ce dont souffriront les populations vivant le long des rivières.
En tant que citoyens de ce pays et en tant que chrétiens qui défendent la vie", écrivent les signataires du document, "nous voulons montrer notre foi par nos œuvres, c'est pourquoi nous ne pouvons pas approuver un contrat de ce type qui, de plus, contient des contradictions avec notre législation environnementale et constitutionnelle". Ils invitent donc le Parlement à "une réflexion sérieuse et profonde, afin de ne pas accepter la signature de ce contrat, qui porte gravement atteinte non seulement à notre souveraineté, mais aussi à l'avenir du peuple panaméen et à notre maison commune".
Tous les chrétiens, universités, organisations environnementales et autres sont invités à "proposer une fermeture échelonnée de l'exploitation minière, avec des délais raisonnables, conformément aux réglementations légales et aux accords internationaux, et avec la possibilité d'effectuer des audits sociaux pour garantir la transparence et le respect des règles". Ils appellent ensuite tous les citoyens du Panama à créer une "citoyenneté écologique", comme le préconise l'encyclique Laudato Sì, pour le soin de l'environnement et la protection de l'œuvre de Dieu. Enfin, ils demandent aux évêques et aux autres organisations et groupes intéressés par l'avenir du Panama d'envisager de se prononcer sur "la nécessité urgente de sauver notre maison commune d'un désastre environnemental aux proportions catastrophiques".
(SL) (Agence Fides 12/5/2023)


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