Singapour (Agence Fides) – Combien compte la pandémie de Covid-19 pour l'avenir à court terme de l'Asie ? Quels sont ses effets sur la pauvreté, plaie qui ne concerne pas seulement le continent asiatique mais qui par le passé a atteint des niveaux extrêmes en Asie ? Comment se comportent les Etats en termes de réponse à l'élargissement de la pauvreté ?
Selon la Banque mondiale, « le choc du Covid-19 conserve non seulement les personnes dans la pauvreté mais crée par ailleurs de nouveaux pauvres ». A l'automne de l'an dernier l'organisme dans les années 1940 à Bretton Woods publiait une estimation selon laquelle au cours de 2020, le nombre des personnes vivant dans la pauvreté en Asie-pacifique aurait augmenté pour atteindre les 38 millions « dont 33 millions qui auraient échappés à la pauvreté en d'autres circonstances et 5 autres millions qui seraient devenus pauvres » - le seuil de pauvreté étant établi à 5,5 USD/jour. Un nouveau rapport de l'Organisation internationale du Travail soutient que, de par le monde, plus de 250 millions de personnes ont perdu leur travail au cours de la pandémie. La crise, indique le Directeur de l'OIT, Guy Ryder, menace de produire une « génération perdue ». Déjà avant la publication du rapport présenté ces dernières semaines, l'OIT avait par exemple estimé à deux millions de travailleurs en Asie-pacifique ceux qui disposaient de revenus stables avant la pandémie dérivant du tourisme mais qui, suite au Covid-19, se sont trouvés en danger de glisser vers une pauvreté dont ils étaient pourtant loin.
La pandémie ne semble avoir épargné aucun secteur – le textile par exemple, très présent en Asie, le commerce de détail, le secteur informel – mais, dans le même temps, le rapport du Forum Boao pour l'Asie, organisation sans but lucratif ayant son siège à Pékin présidée par l'ancien Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki Moon, a analysé l'évolution des politiques de réduction de la pauvreté en Asie, mettant en évidence des résultats positifs.
L’Asia Poverty Reduction Report 2020 tente en effet de reprendre les derniers développements, les résultats et les expériences en matière de réduction de la pauvreté en Asie. Selon le document, la pandémie est devenue l'élément le plus direct qui frappe la pauvreté du continent et, du fait du choc dû au Covid-19, l'inégalité de revenus a augmenté plus rapidement qu'avant la pandémie. En outre, vu que l'Asie traverse actuellement de rapides transformations économiques et sociales, « la région a beaucoup à faire en matière d'amélioration des infrastructures, des services publics, de capacités de gestion des urgences » alors que « les groupes défavorisés sont particulièrement vulnérables à l'impact négatifs des incidents qui concernent la sécurité publique ». Le rapport prévoit que près de la moitié de la population qui aura à faire avec cette nouvelle vague de pauvreté de par le monde sera concentrée en Asie du sud, sachant que l'Asie dans son ensemble demeure cependant le plus grand acteur en terme de réduction de la pauvreté au niveau mondial.
« Grâce à son extraordinaire croissance, la transformation économique et sociale de l'Asie a encore changé radicalement le panorama de l'économie mondiale et de la gestion de la pauvreté. En 2019, les taux d'incidence de la pauvreté des pays en voie de développement d'Asie – indique le rapport – étaient descendus sous les 3%. En se basant sur des indicateurs de pauvreté de revenu, le taux d'incidence de la pauvreté extrême en Asie n'est que de 1,85%. La région entre actuellement dans une phase critique caractérisée par l'élimination de la pauvreté extrême et par l'ouverture d'une nouvelle ère caractérisée par la réduction de la pauvreté relative ». L'Asie – conclut le document – devrait dans tous les cas « gagner du terrain en ce qui concerne le premier objectif de l'Agenda 2030 de l'ONU pour le développement durable à savoir vaincre la pauvreté ». (MG-PA) (Agence Fides 13/02/2021)