Rome (Agence Fides)- La tension monte au Darfour, la région occidentale du Soudan tourmentée par un très violent conflit interne entre groupes armés locaux et milices pro-gouvernementales, où les rebelles ont recommencé à sévir malgré les tentatives de médiation et l’accord partiel atteint en mai de cette année. Les guérilleros du Mouvement pour la Justice et l’Egalité (JEM) ont attaqué la petite ville de Hamrat al-Sheikh, à environ 200 kilomètres de la capitale, interrompant la trêve avec Khartoum signée le 5 mai dernier grâce à l’intervention des médiateurs de l’Union Africaine. A l’époque déjà, à la différence de l’autre groupe rebelle du Darfour, l'Armée de libération soudanaise (SLA), le JEM avait refusé quelques clauses de l’ébauche du traité de paix avec le gouvernement central.
Au début de la rébellion, en 2003, les groupes rebelles en place au Darfour étaient au nombre de deux, l'Armée de Libération du Soudan (SLA), et le Mouvement pour la Justice et l’Egalité (JEM). Le JEM et une grosse fraction du SLA n’ont pas signé l’accord du 5 mai : depuis lors diverses négociations ont traîné, jusqu’à l’attaque d’aujourd’hui qui voit les deux groupes rebelles unis.
La semaine dernière, ces deux groupes ont créé le Front de Libération Nationale, auquel s’est uni aussi un petit parti, l'Alliance fédérale soudanaise démocratique. Des sources conformes parlent de nombreux commandements qui rejoignent les dissidents avec leurs hommes, qui aurait un appui populaire : "Si Dieu veut, nous prendrons rapidement la route pour Khartoum", a fait savoir Adam Ali Shogar, l’un des leaders de l’Armée de Libération Soudanaise.
La crise au Darfour a commencé en février 2003, quand deux groupes d’autodéfense créés par les populations noires et permanentes du Darfour (JEM et SLA) se sont rebellés contre le gouvernement soudanais de Khartoum en l’accusant de négliger la région et d’appuyer les milices des pillards arabes (connus sous le nom de Janjaweed). Ces derniers sont considérés comme les principaux responsables des violences qui ont fait des dizaines de milliers de victimes et un million et quatre cent mille réfugiés au Tchad.
Parallèlement, la situation dans les deux pays proches du Soudan, le Tchad et la République Centrafricaine devient davantage préoccupante. Dans un message à la nation, le Président centrafricain François Bozizé, a déclaré que le nord du pays “vit pratiquement sous occupation. Depuis longtemps, notre pays est régulièrement attaqué par des individus sanguinaires et criminels, qui ne disent pas leur nom, mais qui sont soutenus par des pouvoirs étrangers de toute évidence”.
Récemment, des affrontements à Gordil, à plus de 800 kilomètres au nord-est de la capitale de la Centrafrique, Bangui, non loin de la frontière avec le Tchad, ont provoqué une trentaine de victimes parmi les rangs de rebelles citoyens et une dizaine de morts parmi les rangs de l’armée centrafricaine et des forces de la CEMAC (voir Fides du 30 juin 2006).
Au Tchad, l’armée du Président Déby a affirmé avoir repoussé une attaque d’“une formation de mercenaires” guidée par le Dr Hassan Saleh al Djinedi, vice-président du Front Uni pour le Changement (FUC), un groupe rebelle tchadien, basé au Darfour. Tant le Tchad que la République Centrafricaine accusent le Soudan d’appuyer les groupes rebelles qui agissent contre leurs gouvernements respectifs. (L.M.) (Agence Fides 4/7/2006 ; lignes : 40, mots : 539)