Tripoli (Agence Fides) – Dans les centres de détention libyens, les conditions de vie de centaines d’africains sont inhumaines. De nombreuses vies sont en danger en l’absence d’un plan ou d’une intervention internationale visant à sauver les détenus, pauvres et sans défense alors que dans le pays, les combats se poursuivent. C’est ce que confirme à l’Agence Fides le Père Mussie Zerai, prêtre érythréen depuis des années engagé dans le soutien aux immigrés. Il a collecté des témoignages dans le camp de Zawiya où « quelques 650 personnes, hommes et femmes de diverses nationalités dont 400 érythréens et éthiopiens, vivent constamment dans la peur. Des tirs sont perceptibles dans les environs mais les détenus sont laissés là, sans protection, sans possibilité de fuite en cas d’attaque et risquent leur vie » affirme le prêtre. « Nous lançons un appel à toutes les institutions européennes et les agences pour les droits fondamentaux afin qu’elles se mobilisent pour mettre en œuvre un plan extraordinaire d’évacuation de ces frères et sœurs qui se trouvent aujourd’hui dans ces conditions. Tout report met en danger la vie de centaines de vies humaines ».
Les conditions de vie dans les centres de détention libyens, indique-t-il, sont à la limite de l’humain. Dans les témoignages recueillis par le Père Mussie Zerai et qu’il a partagés avec l’Agence Fides, les détenus affirment : « Cela fait des mois que nous ne recevons rien pour l’hygiène personnelle. Nous sommes contraints à boire e l’eau salée dont nous ignorons la provenance. Les problèmes de santé sont à l’ordre du jour. Les plus graves sont malades de tuberculose. Il s’agit de quelques 40 personnes dont 10 n’ont jamais reçu aucune assistance sachant que trois sont dans des conditions gravissimes, avec le risque de transmettre la maladie à nous tous ».
Les organisations internationales semblent se désintéresser de ces migrants africains internes, qui racontent : « Des opérateurs de l’ONG Médecins sans frontières se sont présentés voici un mois puis nous ne les avons plus vus. Les membres du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés sont passés voici quelques jours. Ils se sont limités à prendre les empreintes digitales de 34 personnes, ignorant les malades de longue date, tout comme les personnes en attente de réinstallation depuis février 2018 ».
Le Père Mussie Zerai explique que les migrants se sentent abandonnés, nombreux d’entre eux étant en proie à la dépression, d’autres tentant la fuite pour prendre la voie de la mer par désespoir. « Sept tentatives de suicides ont été enregistrées parmi ceux qui sont dans le camp depuis plus d’un an, contraints à se déplacer d’un camp à l’autre sans voir de perspective d’avenir. Voici quelques semaines seulement, une nigériane malade n’ayant pas trouvé les soins est morte. Une fillette de trois ans a elle aussi perdu la vie après une chute à cause d’un manque de secours en temps utiles ».
Dans cette situation et dans un contexte marqué par une conflictualité interne persistante, conclut le Père Mussie Zerai, « est ô combien urgent un engagement sérieux et une intervention des gouvernements européens et des institutions internationales afin de changer le sort de ces frères et de leur redonner une espérance concrète ». (EC) (Agence Fides 30/11/2019)