São Tomé (Agence Fides) – « São Tomé et Principe est un petit pays composé de deux îles, situées dans le Golfe de Guinée, le Gabon constituant son voisin le plus proche. Il s’agit d’un pays typiquement tropical avec ses plages, ses palmiers et sa végétation luxuriante, lesquels recouvre sa superficie alors que la mer turquoise entoure la superficie de basalte des îles. C’est dans le même temps un pays pauvre, dont les ressources sont constituées par le tourisme – pas encore très développé – et par le chocolat. La majeure partie de la population vit de services publics et d’activités agricoles de subsistance. Il s’agit d’une population extrêmement jeune, puisque environ 70% ont moins de 30 ans ». Telles sont les caractéristiques essentielles fournies par S.Exc. Mgr Manuel António Santos CMF, Evêque de São Tomé, dans la description qu’il fait à l’Agence Fides de la réalité sociale et ecclésiale du territoire. Ces jours-ci, S.Em. le Cardinal Fernando Filoni, Préfet de la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples, se trouve en visite à São Tomé, après s’être rendu en Angola, pour conclure les célébrations du cinquantenaire de la Conférence épiscopale (CEAST) qui regroupe les Evêques des deux pays lusophones (voir Fides 09/11/2018).
Ancienne colonie portugaise, São Tomé a obtenu l’indépendance en 1975. Pendant 16 ans, elle a eu un régime socialiste à tendance marxiste. En 1991, elle a adopté un régime multiparti sur le modèle des démocraties occidentales, avec un système présidentialiste connaissant des élections régulières et une alternance des partis au gouvernement.
« Le plus grand drame pour moi – poursuit l’Evêque – demeure le manque d’espérance que je rencontre si souvent chez les personnes. La pauvreté semble presque insurmontable du moment que l’on ne voit pas de perspective de développement du pays pouvant permettre une vie digne à la population. Les budgets des différents gouvernements ont reconnu que près de 90% des revenus proviennent d’aides extérieures ! Il est nécessaire de se concentrer sur l’amélioration des infrastructures, sur la fourniture d’eau potable et d’énergie à la population, sur de meilleures conditions d’hygiène, sur les écoles, la formation des enseignants etc.
Malgré tout, São Tomé demeure un pays caractérisé par une population chaleureuse et amicale, qui a su défendre la démocratie et la liberté atteintes en 1991 avec de rares situations de violence ».
São Tomé et Príncipe est un pays traditionnellement catholique qui se trouve projeté, depuis 2014, dans un programme de préparation du Jubilé du cinquième centenaire de la fondation du Diocèse d’une durée de vingt ans. En ce qui concerne la situation ecclésiale, Mgr Santos explique que « le Diocèse est réparti en 14 Paroisses pouvant compter sur 12 prêtres – 6 clarétains, 2 capucins et 4 diocésains. Outre les Paroisses de la capitale (São Tomé), les autres disposent, outre leur siège, d’une série de communautés présentes sur l’ensemble du territoire paroissial, les antiques dépendances des Roças du cacao ou des communautés de pêcheurs. Les mouvements ecclésiaux sont fortement présents avec un rôle important dans la vie des communautés paroissiales. Sont ainsi actifs les laïcs clarétains, les thérésiens, les canossiens, la Légion de Marie, les scouts, les Equipes Notre-Dame, le Chemin néocatéchuménal… Le Diocèse a en outre 5 prêtres diocésains indigènes et 22 grands séminaristes ».
Face à la pauvreté diffuse, « par l’intermédiaire de la Caritas, de la Sainte Maison de la Miséricorde, des Paroisses et des Congrégations religieuses et avec l’aide de bénévoles laïcs, l’Eglise constitue une présence efficace auprès des plus nécessiteux – raconte l’Evêque. Nous avons surtout cherché à accueillir les enfants et les personnes âgées, à aider les jeunes durant leur formation, à promouvoir la dignité des femmes et à éduquer enfants et adolescents ».
Parmi les obstacles que l’Eglise locale doit affronter, Mgr Santos met en évidence l’invasion des sectes pentecôtistes, qui s’est vérifiée au cours de ces dernières années. Elles « promettent la prospérité et la libération de tous les maux, physiques et spirituels et surtout la défense contre les esprits mauvais et les envoûtements. Il s’agit du grand drame de ce peuple : la peur de la peste, du mauvais œil, des envoûtements. Un important effort a été fait par suite pour se concentrer sur la catéchèse organisée et la pastorale des jeunes et des familles ». Le manque de moyens matériels limite par ailleurs l’action de l’Eglise, qui vit la même pauvreté que la population, outre à souffrir d’un manque de responsables crédibles, acceptés par la population et capables de prendre la responsabilité de coordonner les secteurs qui leur sont confiés.
Enfin, Mgr Manuel António Santos indique à l’Agence Fides quelques perspectives d’avenir. « La pauvreté, la dette extérieure, le manque d’un plan de développement réaliste pour le pays, des intérêts personnels souvent mis au-dessus des intérêts de l’Etat, tout cela crée des difficultés dans la délimitation de perspectives d’avenir pour le pays. Le pays a besoin de gouvernants qui sachent utiliser les capacités et les potentiels du pays pour créer un développement et rendre l’espoir à la population. Nous devons nous concentrer sur l’éducation, sur la formation des enseignants et de bons techniciens ainsi que de toute une culture de solidarité en mesure de voir au-delà des horizons (SL) (Agence Fides 20/11/2018)
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