Bamako (Agence Fides) – « La situation sécuritaire dans différentes zones du Mali est préoccupante depuis plusieurs mois » déclare à l’Agence Fides le Père Edmond Dembele, Secrétaire général de la Conférence épiscopale du Mali, en commentant l’accord relatif aux G5 Sahel, une force de stabilisation de 5.000 personnels créée avec l’appui financier de l’Union européenne, des Etats-Unis, de l’Arabie Saoudite et des Emirats Arabes Unis et formée de militaires maliens, nigériens, burkinabés, tchadiens et mauritanien. La future force aura son quartier général à Bamako, au Mali, et sera déployée également au Niger et au Burkina Faso.
Le Père Dembele illustre la situation d’insécurité au Mali qui a porté à la création de cette nouvelle coalition militaire.
« Nous avions espéré qu’avec la signature de l’accord de paix d’Alger, en juin 2015, les conditions de la pacification et de la stabilisation du pays seraient venues à se créer. En effet, pendant quelques mois après la signature de l’accord, nous avons connu un moment de paix relative. Cependant, depuis près d’un an, nous assistons à un retour de l’insécurité, surtout dans le centre du Mali et même dans la capitale, Bamako, où ont été perpétrés des attentats » indique le Père Dembele.
« Au centre du pays, dans ces derniers mois, ont eu lieu différentes attaques terroristes qui deviennent toujours plus régulières » souligne le prêtre.
« La création de la force G5 représente par suite un signal d’espérance non seulement pour le Mali mais pour toute la région sub-saharienne. En effet, le Mali semble constituer l’épicentre de l’insécurité régionale parce que la majeure partie des groupes terroristes est basée au Mali et agissent à partir de notre pays pour frapper le Burkina Faso et le Niger. On comprend par suite la décision prise de centrer sur le Mali l’action de la nouvelle force de stabilisation régionale » explique le Père Dembele.
L’accord d’Alger a inséré dans un parcours de pacification les groupes indépendantistes touaregs qui ont été à l’origine de la crise de janvier 2012 lorsque le nord du Mali avait été conquis par les rebelles touaregs, donnant vie à une éphémère République d’Azawad. Les indépendantistes avaient presque immédiatement été supplantés par des groupes djihadistes qui avaient commencé à menacer le reste du pays. Leur avancée avait été bloquée puis repoussée par l’intervention des troupes françaises et tchadiennes, qui avaient repris le terrain perdu.
« L’accord d’Alger a en effet permis de calmer les aspirations indépendantistes des régions septentrionales, maintenant contrôlées par ce qu’il est convenu d’appeler les Forces mixtes, composées d’anciens rebelles de l’Azawad, de militaires maliens, de casques bleus de la MINUSMA – Mission de l’ONU au Mali – et de membres de milices non gouvernementales » déclare le Père Dembele. « Les groupes terroristes sont présents dans le nord et toujours plus dans le centre du Mali, en particulier dans la zone de Ségou et dans celle de Mopti, y compris le Pays Dogon. C’est justement dans la zone de Mopti que différentes églises catholiques ont été attaquées voici quelques semaines, raison pour laquelle nous avions lancé l’alarme en tant qu’Eglise (voir Fides 05/10/2017) ».
« Ces groupes sont liés aux trafics illégaux – d’armes, de drogue, de cigarettes, d’êtres humains… - qui sont concentrés dans le centre du Mali. Il s’agit de trafic très rentables et les contrebandiers tout comme les djihadistes ont intérêt à semer le chaos pour empêche à l’Etat de contrôler la zone pour faire appliquer la loi » conclut le Père Dembele. (L.M.) (Agence Fides 14/12/2017)