Nairobi (Agence Fides) - « La hâte d’arriver au référendum et la présentation d’un projet controversé de Constitution, avec certes des éléments positifs mêlés à d’autres plus discutables, ont été des facteurs qui amené les Kényans à repousser le projet de Constitution ». L’analyse est faite par le Père Luigi Anatoloni, Missionnaire de la Consolata, qui travaille à l’agence CISA de Nairobi.
Le vote du référendum du lundi 21 novembre a repoussé le projet de Constitution avec 57% des voix. « Les électeurs n’ont pas eu le temps ni la possibilité d’étudier avec attention la nouvelle Constitution qui présentait toutefois plusieurs parties qui ont suscité la perplexité dans l’opinion publique. L’Eglise catholique elle aussi et d’autres confessions religieuses ont exprimé des réserves sur plusieurs points du projet, et notamment sur celui concernant l’avortement, ou les tribunaux confessionnels ».
« Probablement, si l’on avait voté seulement sur certains paragraphes du projet, comme l’introduction, les électeurs se seraient exprimé positivement. La proposition de la nouvelle Constitution contenait en effet des parties qui avaient reçu un vaste consensus, et que l’on espère voir repris à l’avenir. Le fait que ce projet ait été rejeté ne signifie pas que le pays ne désire pas changer la Constitution actuelle. Au contraire, la demande de changement reste pressante et il faudra trouver le moyen d’y répondre ».
Au plan politique, le référendum a amené le Président Mwai Kibahi à dissoudre le gouvernement. « Après les résultats du référendum, il est devenu nécessaire pour moi, a-t-il déclaré, en tant que Président de la République, de réorganiser mon gouvernement pour le rendre plus uni et plus capable de servir la population du Kénya. J’ai donc licencié tous les Ministres et les sous-secrétaires avec effet immédiat ». D’ici 15 jours, un nouvel exécutif devrait être présenté.
« Le Président Kibahi se trouve devant l’exigence d’élargir l’équipe gouvernementale, en y faisant entrer des forces nouvelles, et il doit chercher à créer un gouvernement qui soit moins litigieux que le précédent ». Le gouvernement qui vient d’être licencié s’était en effet divisé sur le projet de Constitution, et il ne s’était pas réuni depuis le mois de juillet.
Contre la réforme de la Constitution, on avait vu s’exprimer tous les groupes de l’opposition, et plusieurs Ministres de la coalition de gouvernement qui ont déclaré que les citoyens voulaient non pas un Président, mais un gouvernement fort, comme M. Kibahi lui-même l’avait promis quand il avait été élu il y a trois ans. Les observateurs soutiennent que le rejet de la réforme de la Constitution est un signe du mécontentement croissant des électeurs envers un Président qui avait promis, dans la campagne électorale, de combattre la corruption et de relancer l’économie.
« A présent, nous espérons que nous n’aurons pas deux années de campagne électorale, qui risqueraient de jeter le pays dans le chaos ». Les élections présidentielles et législatives en effet auront lieu en 2007. « Si le nouveau gouvernement est plus uni que le précédent, alors, on pourra aller de l’avant jusqu’à la date des élections. Une donnée positive toutefois du référendum, c’est que le vote s’est déroulé sans incidents et sans violences, en démentant ainsi les pronostics les plus pessimistes. Par crainte de graves désordres, plusieurs écoles sont restées fermées pendant une semaine ». (L.M.)
(Agence Fides, 24 novembre 2005, 42 lignes, 555 mots)