AFRIQUE / LIBERIA - DISPARUES LES ESPERANCES DE PAIX : ON TIRE A MONROVIA ET LE PRESIDENT TAYLOR SE PREPARE A LA BATAILLE DECISIVE

lundi, 23 juin 2003

Monrovia (Agence Fides) – Ce 24 juin, à 5 heurs du matin, heure locale, un bombardement intense a réveillé Monrovia la Capitale du Libéria. C’est ce que rapportent à l’agence Fides des sources locales qui, pour des raisons de sécurité veulent conserver l’anonymat. Depuis des jours, les forces rebelles du LURD (Libériens Unis pour la Réconciliation et pour la Démocratie), assiègent Monrovia dans un étau mortel. « On manque de nourriture et de médicaments… ceux qui le peuvent cherchent à s’enfuir. Tous, ici, nous nous attendons au pire. Le Président Taylor envoie de grandes quantités d’armes, du carburant et de la nourriture à Banda, sa citadelle. Il semble donc qu’il se prépare pour mener la bataille décisive contre ses ennemis ».
Les espérances de paix ont duré peu de jours, après l’accord obtenu le 17 juin dernier au Ghana entre les représentants du gouvernement libérien et les rebelles. Sur la base de cet accord, il était prévu la signature de la paix définitive d’ici 30 jours, et le Président Taylor s’engageait à se démettre une fois la paix signée.
« Personne ici au Libéria ne se faisait d’illusions sur l’accord de paix », déclarent les sources de l’Agence Fides. « Le Président Taylor a trop d’intérêts à défendre pour quitter le pouvoir sans obtenir une contrepartie. En outre, le mandat d’arrêt international l’empêche de quitter le Pays. On savait depuis longtemps que le Président Taylor, tôt ou tard, aurait été appelé à passer en justice, mais l’espérance de beaucoup était que cela se passe après la période de transition. En revanche, le Tribunal International pour les crimes de Sierra Leone, a lancé un mandat d’arrêt contre lui pour son aide aux rebelles de Sierra Leone. Cette décision a été suivie du gel des comptes étrangers du Président du Libéria. Il semble qu’il y ait une volonté précise de la part de la communauté internationale de se défaire du Président Taylor. Pendant des années, on a toléré ses activités criminelles : l’appui aux rebelles en Sierra Leone et en Guinée, les trafics illégaux d’armes, de diamants et de drogue, le dépouillement des forêts du Libéria. Mais, après le 11 septembre, de nombreuses choses ont changé. Les Etats-Unis en particulier ne peuvent plus tolérer les liens du Président Taylor avec les éléments du terrorisme islamique. En outre, des richesses libériennes, comme le bois précieux, sont en voie d’épuisement. Les grandes compagnies commerciales, qui ont pillé le pays avec la complicité du Président Taylor, ont laissé désormais le Libéria et son président
à leur destin…
« Ce sont les Etats voisins qui soutiennent les groupes rebelles libériens… Il y a le LURD, et, créé récemment, un autre mouvement d’opposition, le MODEL (Mouvement pour la Démocratie au Libéria). Personne ne croit qu’ils soient des combattants sincères pour la liberté et pour la justice : ils ont pillé plusieurs villages autour de Monrovia. Dans ces jeux de pouvoir, le vrai perdant c’est toujours la population civile ». (L.M.)
(Agence Fides, 24 juin 2003, 38 lignes, 515 mots)


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