EUROPE / ITALIE - LE PROFESSEUR LACUNZA, PRESIDENT DE L’INSTITUT PONTIFICAL D’ETUDES ARABES ET D’ISLAMOLOGIE DECLARE A L’AGENCE FIDES, SUR LA QUESTION DES PREDICATEURS DE LA HAINE : « PEUT-ETRE SUIS-JE MOI AUSSI CONSIDERE COMME ENNEMI DE L’ISLAM, MOI QUI AI CONSACRE 30 ANS A L’ETUDE DES TEXTES ISLAMIQUES

mercredi, 11 juin 2003

Rome (Agence Fides) – « On ne peut laisser la place à ceux qui font l’éloge de la haine et invitent les autres à tuer. C’est une véritable folie. C’est un problème d’ordre public que le gouvernement devra étudier. L’utilisation des endroits institutionnels comme églises, mosquées, places, pour inciter à la violence et à la guerre, est inadmissible dans un pays civilisé et démocratique. C’est en ces termes que le Père Justo Lacunza Balda, Supérieur de l’Institut Pontifical d’Etudes Arabes et d’Islamologie (PISAI), un des plus grands experts catholiques de l’islam, commente dans un entretien avec l’Agence Fides la prédication de vendredi dernier à la grande mosquée de Rome. L’imam Abdel-Samie Mahmoud Ibrahim Moussa, a invité à « anéantir les ennemis de l’islam et à assurer partout dans le monde la victoire de la Nation de l’Islam ». Le discours, rapporté dans le quotidien « La Reppublica » du 7 juin, a suscité de nombreuses réactions et une déclaration du Ministre de l’Intérieur.
Le professeur Lacunza est préoccupé par l’orientation que peut prendre la situation : « La liberté religieuse n’a rien à voir. Il faut dire avec clarté que la Constitution italienne elle-même, ne permet pas d’inviter publiquement à la violence et à la haine contres des ennemis fantomatiques, dont, entre autres, on n’indique pas l’identité. L’incident de vendredi ne peut être considéré comme un accident de parcours : c’est un fait très grave, inadmissible dans une société démocratique. Cela soulève le problème sérieux des rapports entre cultures et religions en Italie, une question qui touche la coexistence même dans le pays. L’invitation à la « jihad » nuit à la communauté musulmane italienne elle-même, parce qu’elle alimente la culture de l’intolérance, favorise la suspicion et le refus envers les musulmans. Je me demande : peut-être suis-je moi aussi considéré comme un ennemi de l’islam, moi qui ai consacré 30 ans de ma vie à l’étude des textes islamiques ? ».
Le professeur Lacunza déclare qu’il est étonné par le changement subit d’orientation de la grande mosquée de Rome, où le précédent imam Mahmoud Hammad Sheweita, un des rares à condamner l’attentat du 11 septembre, était connu pour sa tolérance, son ouverture et son dialogue, et participait souvent à des rencontres inter-religieuses. Le Supérieur du PISAI soulève alors le problème de la nomination des imam au Centre culturel islamique (à la mosquée de Rome) et de la gestion de la communauté Musulmane en Italie, dans laquelle plusieurs pays ont un poids, l’Arabie Saoudite, le Royaume du Maroc, l’Université de Al-Azhar au Caire.
Le professeur Lacunza souhaite la condamnation de paroles et d’attitudes violentes de la part des organisations islamiques présentes en Italie, comme le COREIS (Communauté Religieuses islamique Italienne), la Ligue Musulmane Mondiale, l’Union des Communautés Islamiques Italiennes, et autres. Il conclut en ces termes : « Nous désirons et nous soutenons un pluralisme complet et la liberté politique, culturelle et religieuse. Mais on ne peut laisser personne prêcher des invitations à la haine et à tuer ». (P.A.)
(Agence Fides, 12 juin 2003, 43 lignes, 547 mots)


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