AFRIQUE/ZIMBABWE - Choléra et politique : un mélange meurtrier

jeudi, 27 novembre 2008

Harare (Agence Fides)- Au Zimbabwe, le choléra est devenu un autre aspect de l’affrontement politique entre le président Robert Mugabe et l’opposition guidée par Morgan Tsvangirai, responsable du Mouvement pour le Changement Démocratique (MCD).
Le premier est parti pour le Sommet de l’ONU de Doha (Emirats Arabes Unis) affirmant que la situation est sous contrôle, le second au contraire affirme que l’épidémie de choléra “représente la plus grave menace de l’histoire subie par le pays. Alors que des millions de personnes sont menacées par la famine dans les prochains mois, le taux de mortalité causé par le choléra est déjà de 50 décès par jour et augmentera de manière dramatique avec le début de la saison des pluies”.
Les données émises par Tsvangirai sont à confronter avec celles de Nations Unies, selon lesquelles du mois d’août jusqu’au 25 novembre, les cas de choléra atteignent les 9.000 dont 366 morts. L’épidémie progresse aussi parce que le système sanitaire local est au bord de la crise : les hôpitaux sont privés de médicaments et les infirmiers ont quitté le pays pour aller travailler à l’étranger. Ces deux dernières semaines, plus de 200 malades zimbabwéens ont été accueillis à Musina, une localité sud-africaine à la frontière avec le Zimbabwe.
Le régime, tout en minimisant la gravité de l’épidémie, a adressé des accusations à la communauté internationale en affirmant que le choléra est “une conséquence des sanctions occidentales” imposées pour contraindre Mugabe et son entourage à faire un pacte avec l’opposition.
Sur le plan politique, en effet, la situation est encore bloquée. Malgré un accord de principe pour la formation d’un gouvernement d’union nationale, Mugabe et l’opposition ne se sont pas encore mis d’accord sur la nomination des ministres clefs, comme celui de l’Intérieur (cf. Fides 13/10/2008).
Mugabe veut marcher pour lui en nommant ses hommes à la tête des ministères ; une mesure qui a été repoussée par l’opposition.
Parmi les pays proches, le Botswana a pris la position la plus dure vis-à-vis de Mugabe. Le ministre des Affaires étrangères du Botswana, Phando Skelemani, a demandé aux autres pays africains de “faire tomber le gouvernement de Robert Mugabe”, si d’ici une semaine le gouvernement d’unité nationale n’est pas formé avec la participation de l’opposition. Skelemani a proposé que les pays de la Communauté économique de l’Afrique australe (SADC, dont font partie le Botswana et le Zimbabwe) imposent un embargo sur la livraison de carburant au Zimbabwe. “Une semaine sans pétrole et le régime est tombé”, a affirmé Skelemani. Ces déclarations sont destinées à dégrader les relations déjà tendues entre les deux pays. Mugabe accuse le Botswana d’accueillir sur son territoire des groupes armés de l’opposition. (L.M.) (Agence Fides 27/11/2008)


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