Rome (Agence Fides) – « Pour vous, qui suis-je? » (Mathieu 16, 15). Cette demande faite par le Seigneur à ses disciples, à Césarée de Philippe, se présente de nos jours avec la même inflexibilité qu’à cette époque. De la réponse à cette question, ne dépend pas seulement la croissance ou non de la Figure du Christ, parce que, Etant Homme et Dieu, Il est Celui qui est, il est le même « hier, aujourd’hui et à jamais » (Hébreux 13, 8). Pour nous, en revanche, êtres humains, la réponse à cette question détermine le cours de notre existence. Si nous pouvons répondre, par nos paroles et par notre vie, que Jésus est le Seigneur, notre Sauveur, alors, notre existence se conforme toujours plus à Lui. Nous sommes en communion avec Dieu, et cette union est « transformante » : elle nous fait devenir des créatures nouvelles
C’est cela qu’expérimentent les premiers convertis à Jésus, les Apôtres. Simon Pierre précisément parce que, comme les autres disciples, il a « cru et reconnu » que « Jésus-Christ était le Saint de Dieu ; il a fait l’expérience que la vie sans Lui serait une vie vaine, et il l’a déclaré au Seigneur : « Seigneur, à qui irons-nous, tu as les paroles de la vie éternelle » (Jean 6, 68-69).
En revanche, ceux qui n’entrent pas en communion avec Jésus, par la foi et par l’amour, quelle réponse peuvent-ils donner à cette question : « Pour vous, qui suis-je ? ». Pour connaître réellement le Seigneur Jésus, il faut croire en Lui et L’aimer ; en d’autres termes, il est nécessaire de « Le suivre ». « Suivre Jésus », dans le langage évangélique, veut dire croire en Lui, avoir confiance en sa Parole. De cette manière, l’amour pourra pénétrer toute l’existence de celui qui croit au Christ, et cet Amour, c’est-à-dire le Saint-Esprit, changera tout en lui.
Etant donné que chaque personne est un être en relation, sa propre existence ne peut se passer du fait d’établir des relations, mais si, dans cette recherche de relations, il manque la relation avec Dieu Père, avec Jésus, et avec le Saint-Esprit… qu’en sera-t-il de cette existence ? Si, en revanche, s’établit la relation avec le Seigneur par ce fait de « demeurer » en Lui (cf. Jean 15, 4), qui est rappelé si souvent dans l’Evangile de Jean, alors l’existence change parce l’on n’est plus seul, isolé, mais l’on est en communion avec le Ressuscité, et ainsi, avec tous les rachetés, tournés vers l’éternité.
La véritable conversion se mesure précisément sur cette « permanence » en relation avec Jésus. Il ne suffit pas de se convertir au Seigneur une fois pour toutes, il faut s’adresser à Lui, s’orienter de nouveau vers Lui, jour après jour. Dieu nous a dotés de volonté, d’intelligence, de mémoire, et ce sont précisément ces facultés supérieures de notre âme qui doivent être « converties » à Jésus, orientées fermement vers Lui. Celui qui le fait, reçoit infailliblement une force particulière, une providence qui dirige enveloppe sa vie, un amour qui ne se lasse jamais d’aimer, une paix toujours plus profonde.
L’Année Paulinienne, qui vient tout juste de commencer, est une grande aide pour ne pas hésiter à se mettre sur la voie de la conversion personnelle, mais à accueillir généreusement la lumière qui irradie du Seigneur Jésus. Dans la Sainte Liturgie, cette lumière de vérité et de grâce devient particulièrement intense, et c’est « vraiment une chose bonne et juste », à chaque Messe, de rendre grâce de manière digne à Dieu, avec la dignité de la célébration liturgique, avec l’offrande à Dieu d’un cœur pur, ouvert entièrement à Lui.
Pour celui qui croit au Christ, la participation digne à la Sainte Messe, c’est une réponse par l’adoration, par la louange, par l’offrande de notre vie, à la question : « Pour vous, qui suis-je ? ».
Le Pape Benoît XVI nous aide à vivre de manière plus digne la célébration de la Sainte Messe, lorsqu’il nous rappelle par exemple que, « Dans l’Église ancienne, il était habituel que l’Évêque ou le prêtre après l’homélie exhorte les croyants en s’exclamant : « Conversi ad Dominum » – tournez-vous maintenant vers le Seigneur. Cela signifiait avant tout qu’ils se tournaient vers l’Est – dans la direction du lever du soleil comme signe du Christ qui revient, à la rencontre duquel nous allons dans la célébration de l’Eucharistie. Là où, pour une raison quelconque, cela n’était pas possible, en tout cas, ils se tournaient vers l’image du Christ, dans l’abside ou vers la Croix, pour s’orienter intérieurement vers le Seigneur. Car, en définitive, il s’agissait d’un fait intérieur : de la conversio, de tourner notre âme vers Jésus Christ et ainsi vers le Dieu vivant, vers la vraie lumière. Était aussi lié à cela l’autre exclamation qui, aujourd’hui encore, avant le Canon, est adressée à la communauté croyante : «Sursum corda » – élevons nos cœurs hors de tous les enchevêtrements de nos préoccupations, de nos désirs, de nos angoisses, de notre distraction – élevez vos cœurs, le plus profond de vous-même ! Dans les deux exclamations, nous sommes en quelque sorte exhortés à un renouvellement de notre Baptême : Conversi ad Dominum – nous devons toujours de nouveau nous détourner des mauvaises directions dans lesquelles nous nous mouvons si souvent en pensée et en action. Nous devons toujours de nouveau nous tourner vers Lui, qui est le Chemin, la Vérité et la Vie. Nous devons toujours de nouveau devenir des « convertis », tournés avec toute notre vie vers le Seigneur. Et nous devons toujours de nouveau faire en sorte que notre cœur soit soustrait à la force de gravité qui le tire vers le bas, et que nous l’élevions intérieurement vers le haut : dans la vérité et l’amour… » (Homélie, 22 mars 2008: Veillée pascale).
Que la Sainte Vierge nous aide à tenir toujours ouverts notre cœur et notre esprit au Seigneur Jésus, comme nous y invite le Pape ; qu’Elle nous accompagne, comme des enfants, à la source de Vie, la Très Sainte Eucharistie, pour désaltérer toute notre soif d’amour et d’unité.
(Agence Fides, 2 juillet 2008)