Rome (Agence Fides) - Une hypothèse inquiétante se faufile au milieu de la culture laïciste européenne. Pour certain c’est une perspective plus qu’une hypothèse. C’est celle du dit « modèle unique ». Sur la lancée de la culture post-féministe, qui nie la différence sexuelle et qui a conduit à modifier jusqu’au langage des institutions internationales et communautaires, pour l’adapter aux exigences du “genre”, on propose le modèle de l’homme bisexuel. On soustraie ainsi au sexe sa fin, qui est la reproduction entre un homme et une femme, faite par amour, pour introduire une « nouveauté dans le panorama anthropologique occidental » : la négation de la différence entre les sexes.
La théorie -qui est illustrée aux plus hauts niveaux de la science médicale italienne, maintenant aussi par des candidats importants aux prochaines élections politiques- trouve aussi ses explications pseudo-scientifiques, constituées par le fait que les organes de la reproduction se seraient atrophiés, car l’homme, qui aurait perdu en soixante ans 50% de la virilité de ses spermatozoïdes, produit moins d’androgènes, ne devant pas lutter comme avant pour la survie, et la femme, qui a de nouveaux rôles, produit moins d’estrogènes et devient plus semblable à l’homme. De plus, dit-on, la fécondation assistée et le clonage thérapeutique sont tellement répandus et se répandront encore tellement, qu’on a aussi trouvé la façon bio-technologique de se reproduire, sans avoir recours à cette pratique un peu usée et obsolète dans la société occidentale qui permet encore de mettre au monde des êtres humains. Du reste, l’Europe est un exemple de ce point de vue. Quand, pendant des années, on pratique des politiques favorisant la dénatalité, en craignant une question démographique qui n’a jamais existé, on laisse la liberté de circulation à des visions qui n’on rien à faire avec la science, ayant seulement pour objectif de manipuler la réalité.
Cette vision, qui fascine ceux qui mènent les campagnes antinatalistes (« ne procréez pas comme des bêtes » ont-ils crié à tous vents pendant des décennies), et qui s’enflamment à chaque fois que circulent des propositions qui menacent la loi naturelle, a des conséquences désastreuses par rapport à la conception même de l’être humain. Ceux qui propagent ce capotage de l’histoire biologique de l’homme dans l’environnement et dans la société, soulignent qu’il n’est pas si important que ce soit un homme et une femme qui aient des relations sexuelles, de plus en plus de personnes du même sexe en auront. Leur sexe ne sera de plus en plus qu’une manifestation d’affection et ce sera le destin de l’humanité. Plus d’enfants. Donc plus de famille. Le sexe pour le sexe, sans reproduction.
Il faut se demander si la séparation entre la reproduction, la sexualité et la constitution du noyau familial peut constituer un avantage pour l’espèce humaine. Pour l’homme, la reproduction n’est pas seulement un fait biologique, évidemment. C’est la rencontre entre deux personnes, qui conçoivent la vie. Sa justification réside en un fait très simple : la continuation de l’espèce, qui n’a pas d’avenir dans un monde qui se priverait de la possibilité d’engendrer. Il faut aussi se demander où conduira cette volonté opiniâtre de proposer une indifférenciation entre le féminin et le masculin. Le Pape Benoît XVI, intervenant le 9 février 2008 au Congrès organisé par le Conseil pontifical pour les laïcs vingt ans après « Mulieris dignitatem », a affirmé : « Quand l’homme ou la femme prétendent être autonomes et totalement autosuffisants, ils risquent de rester renfermer dans une autoréalisation qui considère comme une conquête de liberté le dépassement de tout lien naturel, social ou religieux, mais qui de fait le réduit à une solitude opprimante ». Le Pape s’est référé à ces « courants culturels et politiques qui cherchent à éliminer, ou au moins à offusquer et confondre les différences sexuelles inscrites dans la nature humaine, en les considérant comme une construction culturelle », rappelant “le projet de Dieu qui a créé l’être humain homme et femme, avec une unité et en même temps une différence originelle et complémentaire. La nature humaine et la dimension culturelle s’intègrent dans un processus ample et complexe qui constitue la formation de sa propre identité, où les deux dimensions, celle féminine et celle masculine, se correspondent et se complètent ». (S.G.) (Agence Fides 1/4/2008; lignes 48, mots 704)