MARTYROLOGE DE L’ANNEE 2003

mardi, 30 décembre 2003

Cité du Vatican (Agence Fides) – D’après les données dont l’Agence Fides dispose, au cours de l’année 2003, 29 personnes ont perdu la vie de façon violente : archevêques, prêtres, religieux, religieuses et laïcs. Comme toujours, ces dernières années, cette liste ne comprend pas seulement des missionnaires ad gentes au sens strict, mais tout le personnel ecclésiastique tué de façon violente ou qui a sacrifié sa vie en étant conscient du risque encouru, pour ne pas renoncer à son engagement de témoignage et d’apostolat. Ce sont les « martyrs de la charité », pour utiliser une expression chère au Pape Jean-Paul II. Quelques-uns de ces « martyrs » ont été trouvés plusieurs heures ou plusieurs jours après leur décès, parfois ils ont été massacrés avec d’autres personnes qui se trouvaient occasionnellement avec eux ou qui avaient cherché refuge dans leur paroisse ou collaboraient à leur travail pastoral ; souvent, ils ont été les victimes – au moins en apparence – d’agressions, rapines et vols perpétrés dans un contexte social fortement marqué par la violence et par la pauvreté.
A l’Angélus du 26 décembre, fête du Protomartyr Etienne, le Saint-Père Jean-Paul II a invité à prier pour les communautés chrétiennes et pour tous les fidèles qui souffrent à cause de leur foi, en ces termes : « Dans le climat festif de Noël, nous célébrons aujourd’hui la fête de Saint Etienne, l’un des premiers diacres de l’Eglise. Il est dit aussi « Protomartyr » parce qu’il fut le premier disciple du Christ à verser son sang pour Lui… L’Eglise appelle dies natalis le jour du martyre. La mort du martyr est en effet une naissance au Ciel, en vertu de la mort et résurrection du Christ. Voilà pourquoi il est si significatif que le premier Martyr soit célébré le lendemain de Noël : ce Jésus, qui est né à Bethléem, a donné sa vie pour nous, afin que nous aussi, renés « d’En-Haut » par la foi et le Baptême, nous soyons disposés à sacrifier notre vie par amour pour nos frères. Je voudrais rappeler tout spécialement aujourd’hui les communautés chrétiennes qui subissent la persécution, et tous les fidèles qui souffrent pour la foi. Que le Seigneur leur donne la force de la persévérance et la capacité d’aimer même ceux qui les font souffrir ».
Ce n’est donc pas un hasard si, dans les trois jours qui suivent Noël, la liturgie rappelle les « Sancti comes Christi », c’est-à-dire ceux qui ont versé leur sang pour le Christ : Saint Etienne protomartyr (26 décembre), Saint Jean apôtre et évangéliste (27 décembre), les Saints innocents martyrs (28 décembre). Pour se remémorer l’actualité perpétuelle de ce lien indissoluble entre le « Dieu fait homme » qui offre sa vie pour l’humanité en nous donnant l’exemple afin que nous aussi l’offrions pour nos frères, il suffit de citer la mort du Père Anton Prost, missionnaire Clarétin tué au Cameroun tout de suite après avoir participé à la Messe de la nuit de Noël, ou encore l’assassinat en Somalie de la bénévole Annalena Tonelli, le soir du jour où étaient élevés à la gloire des autels les grands missionnaires Comboni, Janssen et Freinademetz. Ce même dimanche, furent tués aussi au Salvador le P. William De Jesus Ortez et le jeune sacristain Jaime Noël Quintanilla.
En ce qui concerne les lieux où on a enregistré le plus grand nombre de victimes, le continent africain figure à la première place, et en particulier l’Ouganda, endeuillé par les combats de l’Armée de Libération du Seigneur (LRA) contre les troupes du gouvernement constitué, et la République Démocratique du Congo, théâtre depuis des années d’affrontements entre divers groupes de rebelles et les armées des trois pays engagés dans une lutte sans fin pour le contrôle des ressources naturelles. Dans ce contexte, prend un relief particulier l’assassinat de l’Archevêque Michael Courtney, Nonce apostolique au Burundi, un pays engagé, lui aussi, dans la réconciliation nationale, dont le Nonce était l’un des acteurs, en union avec l’Episcopat local. Il s’agit du premier assassinat d’un Représentant Pontifical.
Tout de suite après l’Afrique se détache, par le nombre de ses martyrs, l’Eglise de Colombie, où cette année encore ont été tués 5 prêtres et une laïque. Dans un communiqué du 7 novembre 2003, après l’assassinat du Père Saulo Carreño Hernandez et du Père Henry Humberto Lopez Cruz, l’Episcopat colombien rappelle les « victimes de la violence et de l’intolérance qui affligent si durablement le peuple colombien… Ces deux prêtres s’unissent à la longue liste des hommes et des femmes lâchement assassinés… L’Eglise, qui a payé le prix fort, avec de nombreux prêtres assassinés dans les trois dernières années, continuera à invoquer la réconciliation et le pardon comme conditions d’une paix durable et stable ».(S.L)(Agence Fides 30/12/2003)
Le P. Dieudonné Mvuezolo-Tovo, Congolais, coordinateur des écoles catholiques de la province de Bas, en République Démocratique du Congo, tué le 11 mars 2003 par un soldat sur la route qui relie Tshimpi à Matadi.

Le P. Nelson Gomez Bejarano, Colombien, 52 ans, curé de la Paroisse-Sanctuaire de la Médaille miraculeuse d’Armenia (Colombie). Il a été tué dans le presbytère le 22 mars 2003 lors d’une tentative de vol.

Le P. Martin Macharia Njoroge, Kenyan, 34 ans, mort le 11 avril 2003 dans un hôpital de Nairobi (Kenya) à la suite de l’agression subie quelques jours plus tôt de la part de d’un groupe de bandits dans la banlieue de la ville. Les malfaiteurs l’avaient contrainte de descendre de sa voiture, avaient tiré sur lui plusieurs coups d’arme à feu et s’étaient emparés de sa voiture, l’abandonnant ensuite non loin de là. Ordonné prêtre il y a quatre ans, il était responsable de la paroisse « Saint François Xavier » à Parklands. Un frère du P. Martin, prêtre lui aussi, avait été tué en 2000.

Le P. Raphaël Ngona, Congolais, tué par un projectile le 6 mai 2003 dans les locaux du diocèse à Bunia, où il se trouvait temporairement, ayant été nommé curé de la paroisse de Drodro.

Trois séminaristes enlevés et tués à Lachor (Archidiocèse de Gulu, Ouganda), dans la nuit du 10 au 11 mai. Les rebelles de la LRA enlevèrent en tout 41 jeunes. Pour trois d’entre eux, il existe des preuves qu’ils ont été tués. D’autres réussirent à fuir, et quelques-uns seraient encore aux mains des rebelles.

Le P. Aimé Njabu et le P. Francois-Xavier Mateso, Congolais, trouvés assassinés le 10 mai 2003 dans la paroisse de Nyakasanza, dans la banlieue de Bunia, le premier à coups de machette dans sa chambre, le deuxième à coups d’arme à feu dans le jardin de la paroisse. D’autres personnes qui se trouvaient dans les locaux de la paroisse à ce moment là furent également assassinées.

Le P. Jairo Garavito, Colombien, 36 ans, tué le 15 mai 2003 par des voyous qui avaient fait irruption dans la maison paroissiale d’Yerbabuena de Chia (région de Cundinamarca, Colombie) en vue d’une rapine. Le prêtre est mort par asphyxie, les malfaiteurs qui l’ont agressé l’ayant ligoté et bâillonné.

Le P. Manus Campbell OFM, Irlandais, tué le 21 mai 2003 par des malfaiteurs qui étaient entrés dans sa paroisse dans la banlieue de Durban (Afrique du Sud). Il était missionnaire dans le pays depuis 45 ans.

Ana Isabel Sanchez Torralba, 22 ans, Espagnole, bénévole du Volontariat Missionnaire Calasancien, à sa première mission à l’étranger, a été tuée en Guinée équatoriale (localité de Mongomo) le 1er juillet 2003 durant un contrôle de police.

Le P. George Ibrahim, Pakistanais, 38 ans, tué à coups d’arme à feu le 5 juillet 2003 dans sa paroisse de « Notre-Dame de Fatima », dans la localité Renala Khurd, district d’Okara (Pakistan) par des hommes armés qui étaient entrés à l’aube dans le complexe paroissial.

Le P. Taddeo Gabrieli, OFM Capucin, 73 ans, Italien, tué de deux coups de couteau le 19 juillet 2003 à Imperatriz (Etat du Maranhao, Brésil) par une personne qu’il voulait aider, agissant apparemment sous l’effet de l’alcool ou de la drogue. Il avait consacré sa vie à la mission et à l’évangélisation.

Le P. Mario Mantovani, Missionnaire Combonien, 84 ans, Italien, depuis 45 ans en Ouganda où il s’occupait des lépreux, et Frère Godfrey Kiryowa, Ougandais, 29 ans, lui aussi Combonien, tués lors d’une razzia de bétail sur la route qui relie Capeto à Kotido (Ouganda) le 14 août 2003.

Le P. Alphonse Kavendiambuku, Congolais (diocèse de Matadi), tué le 26 août à Kavuaya, province du Bas-Congo, par cinq anciens soldats qui ont attaqué la voiture sur laquelle il voyageait avec deux autres personnes, dont l’une fut blessée et l’autre indemne.

Le P. Lawrence Oyuru, curé de la paroisse d’Ocero, diocèse de Soroti en Ouganda, tué avec 25 autres personnes dans une embuscade des rebelles de la LRA advenue entre Soroti et Manasale, le 1er septembre 2003.

Le P. William De Jésus Ortez, 32 ans, né à Jucuapa (El Salvador) curé de la cathédrale de Santiago dans le diocèse de Santiago de Maria (El Salvador), assassiné à coups d’arme à feu dans la cathédrale le soir du 5 octobre 2003. Jaime Noël Quintanilla, 23 ans, sacristain, fut tué en même temps que le prêtre.

Annalena Tonelli, 63 ans, Italienne, bénévole, atteinte par des coups d’arme à feu le 5 octobre alors qu’elle se trouvait dans son hôpital de Borama (au nord de la Somalie) où elle travaillait depuis 33 ans en faveur de la population locale.

Le P. Sanjeevananda Swami, Indien, 52 ans, tué à Belur (district de Kolar, diocèse de Bangalore, Inde) le 7 octobre 2003 à la suite d’une agression.

Le P. Saulo Carreño, 38 ans, originaire de Guacamayas (Boyaca), curé de la paroisse de Saravena (à Arauca, Colombie), assassiné à coups d’arme à feu le 3 novembre. Une employée de l’hôpital local, qui était en voiture avec lui, Maritza Linares, fut tuée, elle aussi. Cet assassinat, attribuable à des groupes qui opèrent en marge de la loi pour le contrôle de cette région pétrolifère, a eu lieu près de l’hôpital Sarare, sur la route qui relie Saravena à Fortul.

Le P. Henry Humberto Lopez Cruz, originaire du Liban (Tolima), 44 ans, curé de paroisse à Villavicencio, capitale de la région de Meta, en Colombie centrale, tué à coups de poignard dans la maison paroissiale dans la nuit du 3 novembre. Son corps, ligoté sur une chaise, fut retrouvé par une femme qui effectuait des travaux domestiques.

Le P. José Rubin Rodriguez, Colombien, 51 ans, curé de la paroisse de La Salina (Casanare, Colombie) enlevé le 14 novembre et assassiné dans une zone rurale de Tame (Arauca, Colombie). Son corps fut retrouvé le 21 novembre.

Le P. José Maria Ruiz Furlan, 69 ans, Guatémaltèque, assassiné le dimanche 14 décembre à coups d’arme à feu, non loin de sa paroisse de la Ville de Guatemala, dans un quartier pauvre et populaire. Il était bien connu des gens pour sa bataille passionnée en faveur des droits humains et son engagement aux côtés des plus défavorisés.

Le P. Anton Probst, 68 ans, Allemand, des Missionnaires Clarétins, tué dans la nuit du 24 décembre par des malfaiteurs qui étaient entrés dans le noviciat d’Akono, au Cameroun. Après la Messe de Noël, il retournait dans sa chambre quand il a surpris des voleurs qui le frappèrent et le ligotèrent, en le laissant inanimé. Il était au Cameroun depuis 11 ans, après 24 ans passés en République Démocratique du Congo.

S. Exc. Mgr Michael Courtney, Nonce apostolique au Burundi, Irlandais, 58 ans, tué le 29 décembre a Minago, à 50 km au sud de la Capitale Bujumbura. Alors qu’il rentrait dans la Capitale après une visite pastorale, sa voiture fut atteinte par plusieurs coups d’arme à feu, qui le touchèrent mortellement, en blessant aussi d’autres personnes qui étaient avec lui. Il expira peu après à l’hôpital de Bujumbura.


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