AFRIQUE/ALGERIE - L’Eglise, les peuples et les nations : Algérie

mercredi, 27 juin 2007

Rome (Agence Fides)- L'Algérie, indépendante depuis le 3 juillet 1962, après une âpre lutte armée contre la France (débutée en 1954), a une superficie de 2 381 741 km² et une population de plus de30 000 000 d’habitants, presque tous musulmans. La langue la plus diffusée est l’arabe.

La conquête française de l’Algérie commence en 1830. Après la conquête rapide d’Alger, l’armée coloniale française, dont faisait partie la Légion Etrangère créée spécialement pour conquérir et “pacifier” l’Algérie, dut ensuite affronter 30 ans de guérilla pour parvenir à contrôler tout le pays ; le leader algérien Abd el-Kader, en particulier, oppose une résistance vaillante contre les envahisseurs européens. En 1857 tombe la dernière région indépendante, la Kabylie ; d’autres petits foyers de résistance furent éteints dans la décennie suivante, et en 1871, l'Algérie française était “pacifiée”au prix de dures souffrances de la population civile.
Les français eurent sur l’Algérie une influence politique, culturelle et démographique qui a peu de parallèles dans l’histoire du colonialisme en Afrique (tellement qu’en 1947 l'Algérie aurait été reconnue comme territoire métropolitain français).
En 1945, les premiers mouvements de protestation de la population autochtone furent repris durement par des français en Kabylie. Les protagonistes du conflit de Setif furent les soldats des troupes algériennes qui avaient combattu aux côtés des français pendant la Seconde Guerre Mondiale.
La guerre civile explose le premier novembre de l’année 1954, élargissant la tâche d’huile de la Kabylie à tout le pays. L'armée indépendantiste prit le nom de Front de Libération Nationale (FLN) et basa ses actions (de même que d’autre part les français firent également en diverses occasions) sur des actions de guérilla et de terrorisme.
En 1958, avec l’écroulement de la IVe République française et l’accession au pouvoir de Charles de Gaulle, la question algérienne parvint à un tournant. De Gaulle reconnut publiquement le droit à l’autodétermination des algériens, en provoquant entre autres de très graves désordres et protestations de la part des citoyens français en Algérie (les dénommées "journée des barricades", de janvier 1960). Des désordres supplémentaires firent suite aux rencontres franco-algériennes d’Evian de 1961. Un mouvement clandestin appelé Organisation de l’Armée Secrète (OAS) s’opposa au Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA) de Ferhat Abbas, en mettant en acte différentes actions terroristes. Le conflit entre ces deux formations se conclut le 19 mars 1962 par un traité encore signé à Evian. Après des années l’existence de clauses secrètes entre le nouveau gouvernement algérien et la France, qui permettaient à celle-ci de maintenir en Algérie certaines structures militaires pour l’expérimentation d’armes nucléaires et chimiques, a été mise au jour.
Suite à un referendum pour l’autodétermination, qui a eu lieu le 1er juillet 1962 avec une issue positive, la France déclara l’Algérie indépendante le 3 juillet. Le leader de l’aile politique et miliaire du FLN, Ben Balla devint le premier président de l’Algérie. Mais les tensions existantes depuis la lutte pour l’indépendance entre l’aile politique et l’aile militaire du FLN explosèrent en 1965 quand un coup d’Etat porta au pouvoir le Ministre de la Défense, le colonel Houari Boumedienne, qui représentait les militaires qui, durant la lutte pour l’indépendance, étaient affectés dans les pays limitrophes, le Maroc et la Tunisie (la dénommée “Armée de l’étrangère”). Boumedienne poursuivit la politique socialiste de Ben Bella, en étatisant l’industrie pétrolifère en 1971, pour développer ensuite ultérieurement la réforme agraire et instituer un service d’assistance nationale.
A la mort de Boumedienne en 1978, Benjedidi Chadli monta au pouvoir et instaura un régime présidentiel avec un mandat de cinq ans. Chadli (reconfirmé en 1984 et encore ensuite en 1988) mit en acte une politique plus modérée que ses prédécesseurs, en cherchant également à réconcilier les divers groupes politiques algériens. En 1989, la nouvelle Constitution introduisit de nombreuses réformes au sens démocratique; pour la première fois dans l’histoire de l’Algérie indépendante, il devint possible de former des partis politiques (auparavant, le FLN était l’unique parti légal).
En 1990, les élections administratives furent remportées par le Front Islamique de Salut (FIS) d’Abassi Madani, qui obtinrent également le premier tour des élections politiques successives (décembre 1991). Avec un arrêt brusque du processus de démocratisation mis en acte par Chadli, le vote défavorable au FLN fut annulé. Le contrôle du pays passa entre les mains d’un gouvernement militaire mené par Muhammad Boudiaf, assassiné ensuite en 1992.
Entre 1994 et 1996 le pays a été secoué par de nombreux attentats terroristes qui jetèrent le pays dans la terreur. Parmi les victimes il y eut aussi différents étrangers. L’Eglise catholique a payé un prix du sang très élevé. En mai 1994, le P Henri Vergès, de 64 ans, et la sœur Paule-Hélène Saint-Raymond, de 67 ans, furent tués alors qu’ils sortaient de la bibliothèque catholique où ils accomplissaient leur service en faveur des jeunes. La bibliothèque, mise à disposition de l’archevêché d’Algeri, se trouve dans la Casbah ; elle fournit du soutien scolaire aux étudiants, organise des cours d’informatique, en pourvoyant également à distribuer des biens de nécessité pour les plus pauvres.
Dans la ville Kabyli de Tizi Ouzo quatre missionnaires des Pères Blancs (trois français et un belge) sont tués brutalement le 27 décembre 1994. Dimanche 3 septembre 1995 deux religieuses sont assassinées à Alger : sœur Bibiane Leclerc et sœur Angèle-Marie Littlejohn, respectivement âgées de 65 et 62 ans. Les deux vivaient à Alger depuis 1964.
Mgr Pierre Claverie, évêque d’Oran, est tué par une bombe le 1er août 1996, avec son chauffeur Muhammed Pouchikhi. Pierre Claverie avait consacré sa vie à favoriser le dialogue entre islam et christianisme. Dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, sept moines trappistes d’origine française furent enlevés au monastère du village de Tibhrine (60 milles au sud de la capitale) par le G.I.A. Après le refus du gouvernement français d’examiner les propositions avancées par certaines revendications des terroristes et une annonce de leur exécution donné par le GIA (Groupe Islamique Armé), les corps des sept frères sont retrouvés décapités le 21 mai. Sept autres religieux sont tués par des armes à feu dans les rues de la voie de la casbah in Bab el-Qued.
L'Algérie est actuellement dirigée par un Président M. Abdelazziz Bouteflika, qui pratique une politique d’ouverture. Depuis 1998 la situation s’est nettement améliorée. Il a institué trois commissions de réforme, pour la justice, l’école et l’état.
Pendant ces dernières années, précisément après son hospitalisation en France, le président n’apparaît plus souvent. Il a à cœur le projet de réconciliation nationale. Il a réussi à faire approuver "La Charte Paix et Réconciliation" avec le referendum du 29 septembre 2006, qui a conduit à la libération d’environ 2 000 détenus, parmi lesquels un ex membre du Front Islamique de Salut.

La situation économique

Au cours de ces dernières années, on remarque une augmentation d’Africains du Sud-Sahara, comme étudiants ou travailleurs, qui espèrent toutefois émigrer un jour en Europe.
« Du point de vue économique, on peut relever que l’augmentation du baril de pétrole a fait grandir l’économie nationale suite à la guerre en Irak. Le pays en a profité pour rembourser également en avance la dette externe, en la réduisant à 7, 7 milliards d’euro. La politique des grands travaux se poursuit : construction de l’autoroute est-ouest, modernisation des voies ferrées, construction d’habitations, installation des villes, etc. Le taux de chômage des jeunes a diminué.
Pendant des millénaires l’économie de l’Algérie a été essentiellement agricole, encore aujourd’hui l’agriculture occupe plus de 20% de la main d’œuvre qui cultive des céréales, des figues, des agrumes, des légumes dont on fait une vaste exportation. Un produit de valeur des oasis sahariennes et pré-sahariennes est la datte. Le patrimoine zootechnique est considérable. Le développement de certains secteurs ne suffit cependant pas à faire face à la demande alimentaire si bien que les importations alimentaires sont passées de 27% à plus de 60%.
Les forêts produisent de fortes quantités de liège. Un grand élan est venu, lors des années soixante et soixante-dix, avec la découverte de gisements de pétrole qui ont permis au Gouvernement de développer un programme d’industrialisation qui a transformé l’économie et a fait devenir le pays l’une des nations les plus riches du continent africain. La production annuelle de pétrole destinée en très grande partie à l’exportation, s’élève environ à 35 millions de tonnes, celle de gaz naturel est d’environ 50 milliards de mètres cube et place l’Algérie aux premiers places dans la production mondiale dans l’exportation du produit.
Les gisements de fer, phosphates, zinc, plomb, cuivre, mercure, uranium, tungstène, platine sont également très riches. L’industrie sidérurgique, métalo-mécanique, les officines de montage de véhicules et la production de ciment et de matériaux de construction sont également développées.
Partiellement les anciennes industries locales modernisées comme celle de tapis revivent. Le commerce de l’Algérie est principalement maritime et s’effectue surtout à travers les ports d’Alger (céréales, vin), Oran (fer), Bona (fer et phosphates). La pêche, surtout de sardines, de thons et de crustacées est importante pour l’économie du pays. Le contrôle des activités tertiaires et, en particulier, celui du commerce (tant à l’étranger qu’en gros) a été assumé par l’Etat. La contrebande est devenue un véritable centre de pouvoir et attire de plus en plus de jeunes qui abandonnent leurs études considérées inutiles.

L’histoire de la présence catholique
Le Christianisme rayonne depuis Catagine en Numidie et en Mauritanie depuis le premier siècle. En 260 la Hiérarchie ecclésiastique de l’actuel Algérie fut établie. En 1152 disparaissent les dernières communautés chrétiennes à cause de la domination musulmane débutée en 709. Depuis 1505 on remarqua des tentatives de rétablir les bases missionnaires sur les côtes méditerranéennes. En 1838 fut érigé le diocèse d’Alger.
En Algérie il existe quatre Circonscriptions ecclésiastiques : ALGER, CONSTANTINE et HIPPONE, ORAN, et LAGHOUAT. Les évêques sont : Alger, S.E. Mgr Henri Teissier, né le 19 mars 1939, évêque depuis le 18 décembre 2004. Constantine et Hippone, S.E. Mgr Gabriel Piroird né le 28 juin 1948, évêque depuis le 28 août 1987. Oran, S.E. Mgr Alphonse Georger né le 15 juin 1954, évêque depuis le 13 décembre 1997. Laghouat, S.E. Mgr Claude Rault, né le 28 novembre 1940, évêques depuis le 26 octobre 2004.

DIOCESE DE LAGHOUAT (érigé en 1955) Superficie : 2 .107 .780 km². Habitants : 3 950 000 Catholiques : 1 000
Ordinaire depuis 2004, S.E. Mgr Claude Rault, M.Afr. française, né à Poilley dans le diocèse de Coutances, le 28 novembre 1940, évêque depuis 2004.
Depuis 2001, l'évêché a été transféré à Ghardaîa, a été un retour aux origines, parce que c’est ici que fut érigée la Préfecture apostolique (19 juillet 1901), détachée alors de l’immense vicariat du Sahara et du Soudan à environ 200 kms de Laghouat, dans la mesure où la cathédrale et l’évêché qui avaient été restitués en 1980 par le gouvernement, à Laghouat, étaient désormais devenus trop grands et coûteux à maintenir.
Le diocèse est très étendu, la population est pauvre et le taux de chômage est très élevé, environ 30%. Le diocèse est divisé pastoralement en 5 secteurs géographiques, différents les uns des autres. Dans le diocèse sont présents les coptes orthodoxes, les protestants et les évangélistes.
Le projet pastoral s’articule en trois points : l'accueil des nouvelles possibilités pastorales et disponibilités du personnel apostolique, une attention particulière à la situation de pauvreté et la culture pour faire rencontrer le monde chrétien et le monde musulman, l’orient et l’occident, l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne.
Dans cette situation, le fondamentalisme islamique crée des problèmes également parmi les musulmans.
Un défi pour le monde catholique est le renouvellement du personnel apostolique et l’héritage pour les nouvelles générations de missionnaires, dans un contexte où les jeunes, de plus en plus nombreux, augmentent la file des chômeurs, il y a des arrivées continues d’immigrés subsahariens et les conditions de vie des réfugiés saraouis présents dans le diocèse demeurent précaires. (L.M.) (Agence Fides 27/6/2007 ; Lignes : 157 ; Mots : 1990)


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