Bujumbura (Agence Fides) – « Il s’agit probablement de la tentative la plus sérieuse pour ramener la paix dans le Pays », déclare à l’agence Fides une source ecclésiale de Bujumbura, qui décrit les accords entre le gouvernement du Burundi et le principal groupe de rebelles du pays, les Forces pour la Défense de la Démocratie (FDD), signés le 8 octobre à Prétoria. « Il semble bien que le gouvernement, l’armée et la guérilla veuillent respecter les accords souscrits. On note déjà des résultats sur le terrain, avec une certaine réduction des affrontements armés. Malheureusement, le deuxième groupe principal des rebelles burundais, les Forces de Libération Natiionale, n’ont pas adhéré aux accords et continuent à combattre ».
« Ce groupe est aussi très difficile à contacter, parce que ses dirigeants vivent dans la clandestinité de la forêt, et rencontrent rarement des personnes étrangères à leur organisation. On connaît même le nom de leur chef, mais pas son aspect physique. De la sorte, des médiateurs éventuels qui devraient le rencontrer ne seraient pas du tout certains qu’il s’agite bine de lui… Les dirigeants des FLN ne jugent le conflit qu’en termes de nette opposition entre Hutus et Tutsis, et veulent discuter seulement avec les chefs de l’armée qui est dominée par les Tutsis. Mais la réalité est plus complexe, surtout après la formation d’un gouvernement d’unité nationale, auquel participent les principaux partis politiques, et où les ethnies du pays sont représentées de manière égale. S’il est vrai qu’il existe encore un fort noyau de composante Tutsie qui domine l’armée, les chefs militaires ont accepté de rééquilibrer la composante ethnique des forces armées. D’après les accords de Prétoria, les Hutus obtiennent 40% des places des officiers de l’armée, et 35% des places de la gendarmerie.
« Malgré ces difficultés, les dirigeants du FLN ont demandé à l’Eglise catholique de travailler pour servir de médiateur entre leur groupe et le gouvernement. Le FLN a demandé explicitement l’intervention de Mgr Evariste Ngoyagoye, Archevêque de Bujumbura, et de Mgr Simon Ntamwana, Archevêque de Gitega. Les deux Prélats ont invité les fidèles à exprimer leur opinion, et face à la réponse positive ils ont accepté de servir de médiateurs entre les parties. Il reste toutefois le problème logistique : comment faire se rencontrer les représentants du gouvernement et de la guérilla dans un endroit reconnu comme sûr par les deux parties » se demande la source de l’agence Fides.
Pour surveiller le respect des accords, un déploiement d’une force de paix africaine est en cours dans le pays ; elle est composée de 3.000 hommes provenant d’Afrique du Sud, d’Ethiopie et du Mozambique. « Si les affrontements entre l’armée et le FDD ont cessé, ou du moins s’ils ont fortement diminué, il reste toutefois un fort climat d’insécurité à cause du banditisme qui devient une véritable plaie. A cause de la guerre, il y a trop d’armes et de combattants dans le pays. Des rebelles qui n’ont pas adhéré à la demande de déposer les armes, des militaires qui arrondissent leur maigre salaire, sont ceux qui rançonnent la population civile, en empêchant encore le retour de la paix », conclut la source de l’Agence Fides. (L.M.)
(Agence Fides, 21 octobre 2003, 40 lignes, 542 pays)