ASIE/MYANMAR - Neuf personnes condamnées pour le meurtre du prêtre catholique de Mandalay

jeudi, 17 juillet 2025 guerre civile   prêtres  

RVA

Mandalay (Agence Fides) – Neuf personnes accusées du meurtre du prêtre catholique Donald Martin Ye Naing Win, tué le 14 février 2025, ont été condamnées à 20 ans de prison par un tribunal lié au ministère de la Justice du gouvernement d’unité nationale (NUG), l’exécutif en exil qui dirige l’opposition birmane. Le prêtre de 44 ans, de l'archidiocèse de Mandalay, avait été tué par des hommes armés dans l'enceinte de l'église Notre-Dame-de-Lourdes, dans le district de Shwe Bo, dans la région de Sagaing (voir Fides 15/2/2025).
Comme l'ont établi les premières enquêtes, les assassins appartenaient à des groupes armés locaux liés à la galaxie des Forces de défense populaire (People's Defence Forces, PDF), les forces de résistance birmanes qui contrôlent le territoire, dans ce qu'on appelle les « zones libérées », c'est-à-dire soustraites au contrôle de la junte militaire birmane. Les PDF sont dirigées par le gouvernement d'unité nationale (NUG), en exil, qui comprend de nombreux membres du Parlement renversé par la junte militaire lors du coup d'État de février 2021.
Comme le confirment des sources locales à Fides, ce sont les militaires des Forces de défense populaire eux-mêmes qui ont retrouvé et arrêté les agresseurs : « D'une certaine manière, les PDF ont elles-mêmes tenté de traduire en justice les hommes armés qui, dans cette situation d'instabilité généralisée, sont hors de contrôle. Les motifs du meurtre ne sont toutefois pas encore clairs », observe la source de Fides.
« Nous savons que le père Donald était un homme de Dieu, un curé dévoué à ses paroissiens, une personne bonne et sincère qui s'était surtout engagée dans l'éducation des enfants privés d'école à cause de la guerre civile. Il n'avait rien fait de mal », déclare le père John, prêtre à Mandalay. Au sein de la communauté catholique de Mandalay, une satisfaction modérée règne car on attendait que justice soit faite, mais « trop de questions restent encore sans réponse, même la famille souhaite plus de clarté et une justice totale », souligne le prêtre.
La décision du tribunal informel, lié au NUG, est possible car dans la région de Sagaing, touchée par les affrontements entre l'armée birmane et les forces de la résistance, le système étatique s'est effondré et la résistance a créé une sorte d'« État parallèle ». Même s'il n'existe pas de cadre juridique défini, il existe des tribunaux avec des juges de district qui célèbrent des procès sur des bases juridiques qui, d'une part, sont les lois promulguées et modifiées par l'armée au cours des dernières années pour le Myanmar et, d'autre part, s'inspirent des normes internationales en matière de droits de l'homme. Actuellement, dans les zones libérées, le juge de district a également le pouvoir d'imposer la peine de mort.
(PA) (Agence Fides 17/7/2025)


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