ASIE/CHINE - Une enquête précieuse sur les soins de santé et l'assistance sanitaire des évêques, religieuses et prêtres chinois

lundi, 23 juin 2025 eglises locales   prêtres   evêques   religieuses   santé   maladies  

xinde.org

par Marta Zhao
 
Rome (Agence Fides) - Le 10 juin 2025, le père Pierre Li Yu, de la diocèse de Qiqihar, dans la province chinoise de Heilongjiang, est décédé à l'âge de 56 ans. Le 3 mai 2025, le père Joseph Xu Cheng, du diocèse de Pingliang, dans la province du Gansu, est décédé d'une maladie soudaine à l'âge de 56 ans ; le 21 avril, jour du décès du pape François, dans le diocèse de Baoding (province du Hebei), le prêtre Jean Yang Guanglin, âgé de 55 ans, est décédé d'une insuffisance respiratoire. Deux jours plus tard, le père André Yu Zhaoming, de l'archidiocèse de Xi'an, est décédé d'une hémorragie cérébrale à l'âge de 61 ans. Le 4 juin, sœur Maria Deng Xiuying, de la Congrégation de la Mère du Seigneur du diocèse de Yongnian (Handan) dans la province du Hebei, est décédée des suites d'une maladie à l'âge de 60 ans.

Ce ne sont là que quelques-uns des noms des prêtres et des religieuses décédés prématurément au cours du premier semestre 2025.

La documentation minutieuse recueillie et publiée par xinde.org - la principale plateforme catholique d'information ecclésiale, animée par le prêtre Jean Baptiste Zhang - permet d'avoir une vue d'ensemble de l'état de santé et des conditions physiques des évêques, prêtres et religieuses chinois au cours des 35 dernières années, de 1990 à 2025. Les données présentées dans l'enquête font apparaître une situation problématique et soulignent l'urgence d'interventions directes pour garantir des soins de santé adéquats aux prêtres et aux religieuses de Chine continentale.
 
Au cours de la période considérée, pas moins de 115 prêtres âgés de moins de 65 ans sont décédés des suites d'une maladie ou d'un accident de la route, dont beaucoup se sont produits alors que les personnes prématurément disparues se déplaçaient pour remplir leurs obligations pastorales.

Derrière ces chiffres froids se cachent des histoires de jeunes gens fauchés par la maladie ou un malheur soudain alors qu'ils étaient dans la fleur de l'âge et vouaient leur vie à l'œuvre apostolique de l'Église. Des histoires comme celle du père Song Fusheng, du diocèse de Yulin, dans la province du Shaanxi, mort dans son sommeil à l'âge de 33 ans après seulement un an et neuf mois de sacerdoce ; ou celle de père Zhua Jiahuai, du diocèse de Lanzhou (province du Gansu), mort à 31 ans après un an et huit mois de sacerdoce ; tandis que père Li Xiufeng, du diocèse de Baoding, est décédé à 37 ans, seulement 49 jours après son ordination sacerdotale. Les deux derniers prêtres sont morts dans le même accident de la route, alors qu'ils empruntaient des routes dangereuses pour rejoindre des communautés éloignées dans l'exercice de leur ministère sacerdotal. Et l'on ne peut oublier Pierre Wu Junwei, évêque bien-aimé de la préfecture apostolique de Xinjiang/Yuncheng, dans la province chinoise du Shanxi, décédé le 10 mai 2022 à l'âge de 59 ans des suites d'une crise cardiaque.

Les principales causes de décès prématuré des prêtres et des religieuses chinois sont les crises cardiaques, les hémorragies cérébrales, les accidents vasculaires cérébraux et les maladies oncologiques. Dans les zones rurales, les risques liés à la nécessité de parcourir de longues distances en voiture pour accomplir leur mission ecclésiale sont accrus. Comme l'a raconté le père Ambrogio Ding Yaohua (51 ans), d'origine tibétaine, « je me déplaçais souvent d'une paroisse à l'autre pour célébrer la messe. Il faut parfois une journée de voyage sans arriver à destination, en s'arrêtant à mi-chemin, et dans de nombreux cas, il arrive de dormir à la belle étoile. Même lorsque l'on aperçoit le village de destination de l'autre côté de la rivière, le détour pour traverser le cours d'eau peut prendre presque une journée entière. À plusieurs reprises, lorsque j'étais pressé parce que j'avais été appelé pour administrer l'extrême onction à des personnes mourantes, je suis tombé dans des torrents ou des fossés à pic, et ce n'est que grâce à la protection du Seigneur que j'ai survécu ».

De tels risques sont souvent liés à un travail pastoral accompli dans le silence et la discrétion, dans la joie et sans se plaindre.

Alors que les générations de prêtres et de religieuses âgés nés avant 1949 disparaissent peu à peu, la partie actuellement la plus importante du clergé et des religieux de l'Église catholique en Chine entrera dans un avenir proche dans l'âge de la vieillesse. Même si la foi permet d'accepter et de consoler la souffrance causée par le départ d'êtres chers, le décès de prêtres et de religieuses est néanmoins vécu comme une grande perte dans leurs communautés ecclésiales respectives, surtout lorsqu'il est dû à une maladie ou à un accident.

Dans l'Église catholique en Chine, une attention croissante est accordée aux questions liées à la santé des prêtres et des religieuses.

La soi-disant Conférence des évêques chinois et l'Association patriotique des catholiques chinois ont publié un « Avis concernant les soins de santé et les examens médicaux pour les prêtres, les religieuses et les laïcs travaillant dans les institutions », envoyé à tous les diocèses du pays le 4 décembre 2020. L'avis dispose que les diocèses mettent en place ou améliorent le système de contrôles sanitaires pour les prêtres et les religieuses, en programmant des contrôles sanitaires réguliers chaque année, et garantissent les ressources humaines, financières et matérielles nécessaires pour transformer les soins médicaux passifs en soins de santé actifs. Tout cela vise à garantir un diagnostic précoce des pathologies, le traitement rapide des maladies et la diffusion d'une « éducation à la santé » visant à prévenir les maladies.

En réalité, dans les diocèses disposant de ressources économiques plus importantes, les systèmes de surveillance sanitaire destinés aux religieuses et aux prêtres sont devenus une pratique courante. Dans le diocèse de Haimen, depuis 14 ans, les religieuses, les prêtres et les collaborateurs laïcs se soumettent à des contrôles médicaux bisannuels. Les soins de santé pour les agents ecclésiaux sont bons dans les grandes villes comme Guangzhou, Pékin et Shanghai. Les contrôles médicaux sont souvent associés à des retraites spirituelles annuelles. Selon l'évêque de Suzhou, Joseph Xu Honggen, « depuis 2006, afin de garantir l'assistance médicale au clergé et aux religieuses du diocèse de Suzhou, ainsi que leur sécurité sociale, leur couverture santé et leur retraite, des dépenses sont inscrites au budget, financées en partie par le diocèse et en partie par les finances municipales et le comté local ».

Selon Joseph Gan Junqiu, évêque du diocèse de Guangzhou, chef-lieu de la province du Guangdong, « La santé et les soins médicaux du personnel de l'Église sont une condition préalable fondamentale au développement de l'Église. Les visites médicales permettent de vérifier de manière adéquate l'état de santé des prêtres et des religieuses, d'améliorer encore leur sentiment d'appartenance et de cohésion, et de garantir qu'ils puissent se consacrer à l'annonce de l'Évangile en bonne santé physique, avec énergie et sérénité, afin d'apporter leur contribution à la mission de l'Église en tant que sel de la terre et lumière du monde ».

La question de la santé des prêtres et des religieuses implique également les pratiques liées au travail pastoral. Selon l'enquête menée par xinde.org, parmi les causes des problèmes de santé des religieuses et des prêtres figurent également le surmenage pastoral, les rythmes de vie et les régimes alimentaires irréguliers, le stress psychologique et le manque d'exercice physique. Ces comportements peuvent être corrigés si, en s'en remettant au Seigneur, on comprend l'importance de prendre soin de sa santé pour mieux servir la mission de l'Église, en réduisant également les pratiques centralisatrices et en laissant place à l'implication des laïcs dans le travail pastoral, dans un authentique esprit synodal. (Agence Fides 23/6/2025)


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