AFRIQUE/KENYA - Les évêques s'inquiètent des amendements à la loi sur la cybercriminalité : « La liberté d'expression est menacée »

vendredi, 14 novembre 2025 evêques   santé   liberté  

Nairobi (Agence Fides) – « Les craintes exprimées par les Kenyans concernant ces nouvelles lois ne doivent pas être ignorées. Elles méritent d'être écoutées et, si nécessaire, des mesures correctives doivent être prises ». C'est ainsi que se sont exprimés les évêques du Kenya, prenant position sur les amendements de deux lois adoptés par le Parlement de Nairobi. Il s'agit du Computer Misuse and Cybercrimes (Amendments) Act, 2025, un amendement à la loi sur la cybersécurité de 2018, qui a été approuvé cette année par le Parlement et promulgué par le président William Ruto le 15 octobre, et du Land Amendment Act No. 21 of 2025, promulgué le même jour. Cette dernière concerne la création d'un registre public des propriétés foncières.
Dans leur déclaration intitulée « Building a Kenya of Hope and Justice: Our Civic Duty » (Construire un Kenya d'espérance et de justice : notre devoir civique), les évêques kenyans expriment leur inquiétude « quant à la manière et la précipitation avec lesquelles les amendements aux deux lois ont été élaborés et promulgués ». La Conférence épiscopale rapporte « les préoccupations des Kenyans concernant les amendements, qui ont été convertis en loi ».
Ce sont les modifications apportées à la loi sur les crimes informatiques qui suscitent le plus d'inquiétudes. On craint notamment qu'elles ne limitent la liberté d'expression des citoyens. La loi ainsi amendée, écrivent les évêques, « pourrait être utilisée pour faire taire les critiques à l'égard du gouvernement, pour bloquer le droit de se défendre contre les abus gouvernementaux ou même pour manipuler le processus électoral ».
« Sans une participation publique attentive et significative, les lois risquent d'être contre-productives, érodant la confiance du public dans le gouvernement », avertissent les évêques qui demandent une révision des amendements.
« Il en va de même pour le projet de loi sur les organisations religieuses », affirme la déclaration. « Bien que certaines lois soient nécessaires, le gouvernement ne devrait jamais être perçu comme tentant de réglementer la religion ».
Enfin, la Conférence épiscopale du Kenya, tout en saluant la création d'un nouvel organisme chargé de la gestion de la santé (Social Health Authority, SHA), déplore les retards dans les paiements publics aux établissements de santé conventionnés par l'État, y compris les établissements catholiques. « Les avantages du nouveau programme de santé de la SHA ont été largement reconnus », affirment-ils. « Plusieurs personnes ont bénéficié de soins grâce à la nouvelle couverture SHA dans de nombreux hôpitaux, et nous en sommes reconnaissants ; cependant, le programme de santé ne peut survivre si les hôpitaux ne sont pas payés rapidement et de manière adéquate pour les services qu'ils fournissent aux patients ».
En 2024, la SHA a remplacé l'ancienne Caisse nationale d'assurance maladie (NHIF). Selon le ministre de la Santé, les anciennes dettes laissées par la NHIF pèsent sur les hôpitaux kenyans. « Plusieurs établissements de santé – privés, publics et religieux – sont au bord de la fermeture en raison d'importantes factures impayées héritées de la NHIF », affirme le ministre. (LM) (Agence Fides 14/11/2025)


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