AFRIQUE/SOUDAN - Les pourparlers de paix à Genève sont sur la corde raide ; trois couloirs humanitaires ont été rouverts

jeudi, 22 août 2024 guerres  

Khartoum (Agence Fides) - La réouverture de trois points de passage pour l'aide humanitaire est pour l'instant le seul résultat (bien qu'important) des pourparlers qui se déroulent à Genève pour la paix au Soudan.
Des représentants des Etats-Unis, de l'ONU, de l'Union africaine, de l'IGAD (Autorité intergouvernementale pour le développement, organisation régionale des pays de la Corne de l'Afrique), de l'Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, de l'Egypte et de l'une des parties au conflit, la Force de soutien rapide (RSF) participent à ces rencontres en terre helvétique. L'armée soudanaise boycotte les pourparlers car elle rejette la participation des Émirats arabes unis, accusés de soutenir les Forces de soutien rapide. Le conflit a éclaté en avril 2023, opposant les Forces armées soudanaises (SAF), dirigées par le général Abdel Fattah al-Burhan, aux Forces de soutien rapide (FSR), commandées par Mohamed Hamdan « Hemedti » Dagalo.
Pour tenter d'impliquer les Forces armées soudanaises, les États-Unis avaient invité leur délégation à se rendre au Caire hier, 21 août, pour rencontrer la délégation américaine. Mais des désaccords sont apparus quant à l'inclusion de membres des services de renseignements militaires soudanais et des mouvements armés du Darfour dans la délégation soudanaise. Les États-Unis et l'Égypte se seraient opposés à ces ajouts tardifs, ce qui a entraîné le report de la réunion .
Les pourparlers de Genève portent sur la mise en œuvre des accords signés à Jeddah, en Arabie saoudite, le 11 mai 2023. Connue sous le nom de Déclaration de Jeddah et signée par les Forces armées soudanaises et la Force de réaction rapide, cette déclaration engage les deux parties à protéger les civils et à respecter le droit international humanitaire. L'accord de Jeddah du 20 mai 2023 a réitéré l'importance de la protection des civils pendant la mise en œuvre d'un cessez-le-feu de sept jours. Le cessez-le-feu a été violé moins d'un jour après son entrée en vigueur. Les cessez-le-feu suivants n'ont pas non plus été respectés.
Les pourparlers de Genève doivent faire face à la position, jugée irréaliste par les observateurs neutres, des FAS qui exigent que les SFR reprennent le contrôle des villes et des zones conquises pendant la guerre. Le seul résultat majeur obtenu jusqu'à présent à Genève est la réouverture de trois voies de communication pour permettre le passage de l'aide humanitaire aux populations épuisées par le conflit, le manque de nourriture et d'eau potable ainsi que par des maladies telles que le choléra. Un premier convoi de 15 camions du Bureau de la coordination humanitaire des Nations unies (OCHA) est passé par le point de passage d'André, à la frontière entre le Tchad et le Darfour soudanais. L'organisation humanitaire des Nations unies prévoit d'envoyer 116 camions avec un total de 6 000 tonnes de nourriture, de médicaments et d'autres produits de première nécessité par ce point de passage.
Le parrainage international du conflit vient compliquer le tableau. L'Égypte et l'Iran sont soupçonnés d'envoyer des armes aux Forces armées soudanaises, tandis que les Émirats arabes unis sont accusés de soutenir les Forces armées soudanaises. La Russie, par l'intermédiaire de l'ancienne société militaire privée Wagner, soutient les FAR, mais sa diplomatie est proche du général al-Burhan. Les forces spéciales ukrainiennes soutiendraient les Forces armées soudanaises contre le FSR. Enfin, des armes de fabrication turque ont été utilisées par les deux camps. (LM) (Agence Fides 22/8/2024)


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