Pascale Rizk
par Père Gabriel Hachem*
Beyrouth (Agence Fides) - Depuis 1975, date de l’éclatement de la guerre civile jusqu’à présent, ce petit pays du Moyen-Orient n’a pas connu la paix ni la stabilité. La population, y compris chrétienne, a enduré et continue à endurer. Mais depuis le 7 octobre et le début de la guerre à Gaza et en Israël, vu la confrontation avec le Hezbollah qui détient le destin du pays et décide de la guerre et de la paix, la situation devient infernale, non seulement dans la région du Sud près de la frontière, mais atteint tout le pays d’une paralysie économique et politique qui risque de mettre l’identité même du pays en danger.
Presque deux ans se sont écoulés sans président, qui représente les Chrétiens du pays au pouvoir, considéré comme symbole de la coexistence et de la pluralité respectée. Même le gouvernement est démissionnaire et s’occupe des affaires courantes au moment où le pays a besoin, plus que jamais de décisions pour son avenir, son identité et sa stabilité.
Les enjeux politiques régionaux et internationaux compliquent la cause libanaise et placent le sort de la population face à l’incertitude et de l’angoisse. Les jeunes, musulmans et chrétiens, s’empressent de quitter le Liban pour trouver refuge et assurer un meilleur avenir à l’étranger. Les parents, souvent dépourvus de tout moyen économique, à cause de la crise financière et bancaire qui a frappé il y a presque cinq ans, attendent l’aide et la solidarité de leurs enfants ou associations caritatives et ONG pour acheter leurs médicaments et subvenir aux besoins nécessaires à la survie.
Malgré tous ses efforts déployés, la diplomatie vaticane n’a pas réussi à mettre d’accord les chefs des partis politiques chrétiens pour choisir un candidat à la présidence et mettre terme au chaos actuel. Les différentes Eglises œuvrent à travers leurs associations sociales et caritatives pour soutenir la population. Toutefois, ce qui manque le plus au Libanais, c’est sans doute, un signe d’espérance qui leur annonce la fin de la corruption, de la violence, de la guerre, de l’instabilité. Entretemps, ceux qui n’ont pas pu sortir de la crise financière, luttent pour survivre, alors que d’autres qui ont pu régulariser leur situation financière et s’accommoder à la dolarisation, profitent pour passer un moment de détente en montagne à la recherche du calme et de la fraîcheur.
L’été, moment favorable à la rencontre des familles déchirées par l’émigration, a été cette année très perturbé. Ceux qui sont venus de loin, soutenir leurs familles et passer avec eux un moment de vacances, sont rentrés en précipitation à cause de la situation et suite aux appels des pays occidentaux à quitter le Liban qui risque d’être le champ d’une guerre dangereuse. D’autres ont emmené les membres de leurs familles à l’étranger pour un moment de repos et de répit. Bref, l’angoisse règne et l’incertitude semble être intronisée la reine de la situation.
La peur règne partout et sur tous : Pour les parents restés au pays avec des enfants et des jeunes, ils sont angoissés par les frais scolaires et universitaires, le prix exorbitant des assurances médicales et des médicaments, du coût de la vie, de la guerre, de la destruction, de l’inconnu… Toutefois, le 2 août, la béatification du patriarche Douaïhy a constitué un moment de prière, d’espérance et de sérénité.
Que les saints libanais et Notre-Dame du Liban veillent sur ce pays en cette période d'extrême difficulté. (Agence Fides 13/8/2024)
* prêtre, théologien à l'Université Saint-Esprit de Kaslik, membre de la Commission théologique internationale