AFRIQUE/NIGERIA - L'évêque de Sokoto : "Développons l'agriculture pour donner de la dignité à notre peuple"

mercredi, 3 avril 2024 agriculteurs   economie   evêques  

Abuja (Agence Fides) - "Personne ne devrait faire la queue pour recevoir de l'aide alors que nous ne sommes pas en guerre", affirme Matthew Hassan Kukah, évêque de Sokoto, dans son message de Pâques intitulé "Il est temps de guérir".
Dans ce message, Mgr Kukah énumère les maux dont la nation nigériane doit guérir : déficit alimentaire, corruption, népotisme et insécurité. Sur le premier point, l'évêque de Sokoto déclare : "Ramenons nos concitoyens dans leurs fermes et élaborons un plan agricole global pour remettre notre pays sur la voie de l'honneur et de la dignité humaine".
Le plaidoyer de Mgr Kukah s'explique par le fait que l'énorme potentiel agricole du Nigéria n'est pas exploité de manière adéquate au point que, selon le Programme alimentaire mondial (PAM), "26,5 millions de Nigérians seront confrontés à une faim aiguë pendant la période de soudure entre juin et août 2024". "Il s'agit d'une augmentation vertigineuse par rapport aux 18,6 millions qui étaient en situation d'insécurité alimentaire à la fin de l'année 2023", souligne le PAM. L'insécurité causée par les groupes djihadistes et les gangs criminels dans les régions du nord-est a forcé des millions de personnes à abandonner les champs où elles pratiquaient une agriculture de subsistance. À cela s'ajoute le changement climatique qui provoque des sécheresses et des inondations. Toutefois, le problème sous-jacent de la faiblesse des investissements dans le secteur agricole dans un système économique dominé par les exportations de pétrole demeure. La rente pétrolière encourage davantage les importations de denrées alimentaires en provenance de l'étranger que les investissements dans le secteur agricole local. En conséquence, le Nigeria, qui possède 70,8 millions d'hectares de terres agricoles plantées de maïs, de manioc, de patates douces, de millet et de riz, n'est pas en mesure d'être autosuffisant pour nourrir ses 220 millions d'habitants. La production de riz du Nigeria est passée de 3,7 millions de tonnes en 2017 à 4,0 millions de tonnes en 2018. Malgré cela, seulement 57% des 6,7 millions de tonnes de riz consommées annuellement au Nigéria sont produites localement, entraînant un déficit d'environ 3 millions de tonnes, qui sont importées ou passées en contrebande illégalement.
Le Nigeria importe chaque année pour 10 milliards d'USD de denrées alimentaires en provenance de l'Union européenne, de l'Asie, des États-Unis, de l'Amérique du Sud et de l'Afrique du Sud. Il est prévu d'améliorer l'agriculture nigériane, qui représente environ 23 % du produit intérieur brut et emploie environ 70 % de la main-d'œuvre. Ces plans prévoient l'adoption de techniques agricoles modernes et l'utilisation de semences améliorées. Ces dernières sont toutefois produites par des dizaines d'entreprises mondiales qui exercent en fait un oligopole mondial sur la production alimentaire. (LM) (Agence Fides 3/4/2024)



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