Port-au-Prince (Agence Fides) - " La situation est terrifiante " déclare à l'Agence Fides Marcella Catozza, religieuse franciscaine, engagée depuis des années dans des activités pastorales et caritatives en Haïti (voir Fides 26/2/2024). "Les gangs ont pris d'assaut tous les aéroports du pays pour arrêter le Premier ministre Ariel Henry qui revenait de Nairobi où il avait signé l'accord pour le déploiement d'une force de police kenyane en Haïti. Les gangs ont attaqué plusieurs bâtiments publics, y compris des prisons, et privés, y compris l'hôpital catholique 'St Francis de Sales' à Port-au-Prince".
Ariel Henry n'a pas encore pu rentrer dans le pays car les conditions de sécurité ne sont pas réunies.
"Le fait à souligner est que ces gangs, qui jusqu'à jeudi dernier s'entretuaient, ont uni leurs forces vendredi pour attaquer les institutions", explique Sœur Marcella. C'est le chef du groupement G9, Jimmy Chérizier, dit " Barbecue ", qui a lancé l'appel à l'unité des gangs ", rappelle la religieuse (sur les différents gangs haïtiens, voir Fides 17/2/2024).
"Mais je ne pense pas que 'Barbecue' soit le cerveau de tout cela. Il y a un cerveau politique, peut-être le même que celui qui a commandité l'assassinat du président Jovenel Moïse en 2021", explique Sœur Marcella. "Il faut savoir que les gangs sont équipés d'armes et de moyens sophistiqués, sans parler des machettes, et qu'ils disposent même de drones pour détecter les mouvements de la police, qui semble incapable de les arrêter.
Qui peut avoir intérêt à déstabiliser Haïti ? On ne peut que spéculer pour l'instant, dit la religieuse. "Depuis quelque temps, la présence d'au moins cinq cartels mexicains de la drogue a été enregistrée dans le pays. Ceux-ci pourraient vouloir faire d'Haïti un "no man's land" afin de mieux gérer leur trafic de cocaïne vers l'Amérique du Nord et l'Europe. Situé au centre des Caraïbes, Haïti est un lieu de transit idéal pour la cocaïne en provenance de Colombie et du Mexique et à destination des riches marchés de l'Ouest", explique Sœur Marcella. Enfin, mais ce n'est qu'une rumeur que j'ai entendue, on parle de l'implication possible de l'ancien président Aristide, qui est rentré en Haïti en 2010. Mais je répète que ce n'est qu'une rumeur", conclut-elle. (LM) (Agence Fides 5/3/2024)