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Marrakech (Agence Fides) - "Imam, rabbin, franciscain, amis musulmans et chrétiens, tous réunis dans des moments de partage sur la paix, la prière et les longs silences : des moments pleins de responsabilité. Et de mystère..." C'est ainsi que le père Renato Zilio décrit la rencontre qui a eu lieu le 27 octobre, à l'occasion de la journée consacrée à "L'esprit d'Assise", organisée par le frère Fabio de la communauté franciscaine de la paroisse des Saints-Martyrs à Marrakech.
"Nous nous sommes tous réunis en toute simplicité sous une pergola dans le jardin franciscain, à côté de l'église", raconte le père Renato Zilio, missionnaire scalabrinien, à l'occasion d'une visite à Marrakech, où il a pu faire l'expérience de la vie ordinaire et des activités de la communauté franciscaine et de la paroisse.
Marrakech, ce n'est pas seulement la superbe mosquée Kutubiyya du XIIe siècle, ni le charme envoûtant du jardin Majorelle, ni la mythique place Jemaa el-Fnaa et son animation fantastique, dit le Père Zilio, c'est aussi l'histoire d'un clocher à côté d'un minaret. L'un devant l'autre, se regardant comme de vieux amis, car seule une route les sépare... Deux lieux de culte aussi différents et aussi proches que les communautés de croyants qu'ils rassemblent. La voix du muezzin entre souvent avec force dans l'église, mêlant ses mélismes aux psaumes et aux prières des fidèles. Cela ressemble aujourd'hui à un miracle. Il semble même que les plans de la ville prévoient la construction d'une synagogue. Une vraie surprise de Dieu dans cette terre d'Islam qui soutient, selon la vision du roi, l'entente des trois religions".
Le missionnaire, invité à Rabat pour une période sabbatique, décrit bien le lieu chrétien où s'est déroulée la récente rencontre de Marrakech. "Il s'agit de l'église des Saints Martyrs, en mémoire de cinq franciscains ombriens qui, fous d'amour pour Dieu, voulaient à tout prix convertir les musulmans. C'était à l'époque de saint François. Paradoxalement, aujourd'hui, ce sont quatre franciscains qui se sont convertis. Oui, à l'amour de cette terre d'Islam et de ses habitants : un changement surprenant dans l'histoire. L'église accueille donc gracieusement tous les visiteurs : chrétiens et musulmans, touristes, jeunes étudiants subsahariens et migrants. La paroisse Caritas s'occupe de trois mondes différents. Celui des migrants et de ses urgences, celui des musulmans et de leur pauvreté, celui du tremblement de terre et de ses blessures".
Le Maroc a récemment été frappé par un grave tremblement de terre (voir Fides 12/9/2023) et les responsables de Caritas, le moqadem (chef de district) et ses assistants examinent ensemble les nouveaux besoins et planifient les prochaines interventions pour l'hiver prochain. "Chaque projet de Caritas est réalisé avec la sensibilité et les décisions des chefs de village. Ensemble" est le mot d'ordre de Caritas et de cette communauté franciscaine de Marrakech", explique le père Renato. Il y a quelques jours, un énorme camion de secours est arrivé à Caritas en provenance de France, envoyé par deux imams de Strasbourg et leurs communautés. Incroyable... - a commenté le curé de l'église des Saints-Martyrs, Frère Manuel, les musulmans collectent et les chrétiens distribuent. Quelle confiance !
Le père Zilio conclut son récit en décrivant les femmes qui, " sous la tente, préparent ensemble les repas dans une cuisine de campagne, tandis qu'à côté une petite radio diffuse le chant du Coran toute la matinée... ". Le Coran psalmodié au Maroc s'entend partout, chez le coiffeur, dans le taxi....... "Vous entendez chanter l'Evangile chez nous ? me demande-t-on en me faisant un demi-sourire - écrit le Scalabrinien".
Le nom "Esprit d'Assise" a été esquissé après la première grande rencontre avec les représentants des différentes religions du monde à Assise, au nom de la paix, convoquée le 27 octobre 1986 par le pape Jean-Paul II.
(MC/AP) (Agence Fides 30/10/2023)
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