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Bangkok (Agence Fides) - Plus de 90.000 réfugiés birmans vivent dans neuf camps de réfugiés organisés par le gouvernement thaïlandais le long de la frontière entre la Thaïlande et le Myanmar et, selon les données du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR), ce nombre continue d'augmenter en raison de la poursuite du conflit civil au Myanmar. La Thaïlande n'est pas partie à la Convention de 1951 sur les réfugiés et ne dispose pas d'un cadre juridique national spécifique pour la protection des réfugiés urbains et des demandeurs d'asile. De nombreux réfugiés birmans sont bloqués en Thaïlande dans un "vide" juridique et social, alors que le gouvernement ne leur accorde pas l'autorisation de se rendre dans des pays tiers. Selon les ONG de réfugiés, le HCR a approuvé la réinstallation d'environ 1 100 personnes aux États-Unis et dans d'autres pays, mais même ces personnes n'ont pas été autorisées à quitter la Thaïlande.
Ceux qui ont obtenu le statut de "réfugié" auprès du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés en Thaïlande reçoivent une assistance de l'Organisation Internationale pour les Migrations, en attendant d'être autorisés à quitter le pays. Mais ni eux ni tous ceux qui n'ont pas encore de statut officiel ne peuvent sortir des camps, fermés par des clôtures et surveillés : ils résident à l'intérieur, dans des conditions très difficiles, sans revenus, sans autorisation de travailler en Thaïlande, sans soins de santé et sans éducation. La zone concernée est Mae Tao Phae, dans le district thaïlandais de Mae Sot, à la frontière avec le Myanmar. Le bureau du HCR en Thaïlande a confirmé que seul le gouvernement thaïlandais est habilité à décider qui peut prétendre à un départ international et qu'il est responsable de la gestion des camps de réfugiés.
L'ONG Border Consortium, qui fournit de la nourriture, des vêtements et un soutien à quelque 87 000 réfugiés birmans dans neuf camps, estime que plus de 20 000 personnes ont fui le Myanmar vers la Thaïlande par crainte de persécutions politiques depuis le coup d'État de 2021 et qu'environ la moitié d'entre elles ont contacté le HCR.
Parmi les organisations humanitaires travaillant sur le terrain, Caritas Thaïlande apporte une aide d'urgence aux réfugiés birmans dans le district de Mae Sariang. Caritas a signalé la présence d'enfants malades "nécessitant un traitement hospitalier" dans les camps de réfugiés. Par l'intermédiaire de Caritas, le diocèse thaïlandais de Chiang Mai a livré 3,2 tonnes de riz, deux mille boîtes de conserve de poisson et 400 kilos de poisson séché à plusieurs camps de réfugiés. Caritas aide également plus de 5 000 réfugiés dans les paroisses situées près de la frontière entre la Thaïlande et le Myanmar.
L'Église catholique thaïlandaise a appelé les institutions politiques à prendre en charge la situation. Mgr Francis Xavier Vira Arpondratana, évêque de Chiang Mai, les a encouragées à trouver des solutions pour les réfugiés et à "les faire se sentir inclus et accueillis" : "Nous sommes tous conscients de la situation critique de nos voisins, de nos frères et de nos sœurs qui frappent à notre porte, cherchant refuge", a-t-il déclaré.
Un appel a également été lancé par le Karen Peace Support Network et d'autres groupes de la société civile, les exhortant à "répondre aux besoins des réfugiés, à faire respecter leurs droits humains et à assurer leur sécurité" alors qu'ils sont strictement confinés derrière des clôtures, dans une situation de plus en plus dégradée.
Le 28 juin, des parlementaires de l'ANASE (l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est, dont la Thaïlande et le Myanmar sont membres) ont exhorté le nouveau gouvernement thaïlandais à tenir compte des appels de la société civile "à réformer les politiques relatives aux réfugiés et à faire preuve de plus de compassion".
(PA) (Agence Fides 14/7/2023)
Caritas Thailand