AFRIQUE/ETHIOPIE - Appel en faveur des réfugiés érythréens face aux saccages perpétrés au détriment de la population locale dans le cadre du conflit au Tigré

mardi, 15 décembre 2020 guerres   réfugiés   droits fondamentaux  

Asmara (Agence Fides) – Les habitants de Makale, capitale du Tigré. Ont peur. Après les combats du mois de novembre, la ville se trouve sous le contrôle des forces fédérales éthiopiennes mais n'est pas encore sûre. Des bandes de délinquants du cru effectuent des incursions, mettant à sac centres sanitaires, magasins, dépôts. Les militaires éthiopiens eux-mêmes effectuent des perquisitions continuelles. « S'ils trouvent du matériel précieux – anneaux, colliers etc. - ils les séquestrent – explique le Père Mussie Zerai, de l'Eparchie d'Asmara qui est en contact permanent avec les prêtres tigréens. Dans le cas où ils grouvent des armes, des photos ou drapeaux du TPLF – le parti tigréen ayant conduit la révolte contre le gouvernement éthiopien NDR – ils procèdent à des arrestations. La population n'est pas en sûreté. Elle craint ces incursions dans ses maisons ».
Du Tigré proviennent également des rumeurs concernant la présence de militaire érythréens à Mekele. Cependant manque une confirmation officielle selon laquelle les militaires en questions seraient employés aux cotés des militaires éthiopiens. « Depuis longtemps est évoquée une présence d'érythréens – poursuit le prêtre – mais j'en doute. Si, dans le cadre du conflit au Tigré, l'alliance entre l'Erythrée et l'Ethiopie est une certitude, je ne pense pas que des unités érythréennes soient sur place. Aucune source consultée sur place ne me l'a confirmé ».
Ce qui est certain en revanche est l'activité de forces érythréennes à la frontière. Selon des sources locales interpellées par l'Agence Fides, des militaires érythréens auraient arrêté et emmené hors de leur village une centaine de personnes d'ethnie irob, laquelle vit des deux cotés de la frontière interétatique. Leur sort n'est pas connu pas plus que le motif de leur arrestation. La seule certitude est celle de leur disparition alors même qu'ils n'ont joué aucun rôle dans le cadre du conflit au Tigré.
Un sort semblable a concerné des réfugiés érythréens vivant dans les villes éthiopiennes et en particulier à Addis Abeba. « Les forces de l'ordre éthiopiennes – explique le Père Zerai – ont organisé plusieurs convois d'autobus pour emmener ces personnes dans les camps de réfugiés du Tigré. Des centaines de personnes qui avaient fui le régime oppressif d'Asmara ont été amassées dans les camps en question dans une zone qui n'est pas encore totalement pacifiée. Ils risquent leur vie, cela est sûr. C'est pourquoi nous lançons un appel afin qu'ils soient mis en sécurité et surtout qu'ils ne soient pas rapatriés en Erythrée, où ils seraient exposés à des représailles et à des tortures ».
Entre temps, au Tigré, le conflit ne semble pas achevé. Face à l'avancée de l'armée fédérale, les miliciens tigréens se sont retirés et réfugiés dans les montagnes. « Les tigréens sont un peuple fier et continueront à combattre – conclut le Père Zerai. Les responsables du TPLF et le gros de leurs troupes se cachent sûrement sur les hauteurs. Il s'agit de zones qu'ils connaissent bien. Ils y ont combattu pendant des années, d'abord contre le dictateur Mengistu Hailè Mariam puis contre les érythréens. Je crains que la voix des armes continuera à résonner pendant des années dans ces vallées ». (EC) (Agence Fides 15/12/2020)


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