Le Caire (Agence Fides) – Le phénomène historique de l'islam politique, qui voulait constituer un appel à proclamer son appartenance propre à l'islam et à réveiller la foi islamique dans les cœurs des personnes, en adhérant aux valeurs islamiques et à la morale la plus noble « s'est révélé un authentique désastre », se transformant en « un cauchemar qui trouble non seulement la communauté islamique mondiale mais le monde entier ». Ce jugement net, aux tons définitifs, arrive du cheikh Shawki Ibrahim Abdel-Karim Allam, actuel Grand Mufti de la République arabe d'Egypte. Cette déclaration a été faite le 27 novembre au cours de son entretien hebdomadaire transmis sur la chaîne de télévision satellitaire Sada Elbalad, dans le cadre du programme conduit par le journaliste Hamdi Rizk. L’islam politique – a ajouté le cheikh Shawki Allam – représente une instrumentalisation politique de la foi islamique, mise en œuvre pour atteindre des profits en termes de pouvoir et constitue un phénomène qui s'est souvent développé sous diverses formes au cours de l'histoire de l'islam. Le but déclaré des critiques du Grand Mufti est le mouvement des Frères musulmans, courant de réveil islamique apparu au XX° siècle sur la base de la prédication d'Hassan al Banna (1906-1949). Dans son entretien télévisé, le Grand Mufti a déterminé aussi les ascendances historiques de la Fraternité musulmane. S'aventurant sur le terrain des controverses « théologiques » islamiques, le cheikh Shawki Allam a fait remonter les erreurs idéologiques attribués aux manifestations actuelles de l'islam politique jusqu'aux Kharigiti, disciples de la secte islamique – hérétique pour les autres branches de l'islam – née en 657 après Jésus-Christ sur la base d'un désaccord ayant éclaté entre les partisans du calife Alī ibn Abī Ṭālib – cousin et gendre de Mahomet – sur la licéité de trancher la question de la succession au califat au moyen d'un arbitrage.
Selon le Grand Mufti d'Egypte, les mouvements de l'islam politique ont échoué non pas à cause des contingences historiques défavorables ou de la répression subie de la part des pouvoirs constitués mais « à cause de leur mauvaise doctrine et méthodologie » en ce que leur projet religieux, moral et éthique se basait « sur des bases inconsistantes, des idées erronées et de fausses perceptions ». Selon le Grand Mufti, les objectifs de la charia peuvent être atteints seulement au travers des institutions légitimes de l'Etat et ne peuvent être garantis par des mouvements qui s'opposent aux autorités civiles légitimes.
En juillet, comme eut à le dire alors l'Agence Fides (voir Fides 18/07/2020), le Grand Mufti avait reconnu que la jurisprudence ded matrice islamique ne contient aucune objection légale à la possibilité de construire des églises en utilisant des fonds appartenant à des musulmans.
La charge de Grand Mufti d'Egypte est subordonnée au Ministère de la Justice. Le titulaire de la charge en question préside la Maison de la Fatwa, comité consultatif rendant des avis sur des questions juridiques islamiques. (GV) (Agence Fides 28/11/2020)