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Bereina (Agence Fides) – « Les enfants, qu’est-ce qu’il vous plairait de faire aujourd’hui ? Cela a divertissant de poser cette question à nos élèves de l’école primaire Jésus Bon Pasteur à peine après la levée des couleurs et la prière, afin de célébrer les droits de l’enfance » a raconté à Fides Sœur Giovanna Bordin, missionnaire de la Fraternité Cavanis Jésus Bon Pasteur de Bereina. Au cours de ces dernières semaines, à Bereina, a été célébrée la Journée internationale des droits de l’enfance approuvée par l’Assemblée générale des Nations-Unies à New York en 1989.
Sœur Bordin poursuit : « Les réponses des enfants ne se sont pas faites attendre : jouer, danser, manger des gâteaux, regarder un film. Cela a été une belle journée qui nous a donné la possibilité de faire quelque chose de spécial pour nos enfants, de les mettre au centre et de les encourager dans leur effort scolaire. Malheureusement, souvent ici en Papouasie Nouvelle Guinée, les droits des enfants sont seulement inscrits sur le papier et ne sont pas respectés dans la réalité quotidienne ».
La situation tragique est confirmée par un rapport diffusé par un groupe d’ONG – Save the Children, Child Fund, Plan International et World Vision – qui a révélé la diffusion endémique de la violence domestique et contre les mineurs dans le pays. Le rapport met en évidence qu’en Papouasie Nouvelle Guinée 75,7% des enfants subissent des méthodes violentes pour conserver la discipline à la maison. De surcroit, 70% des enfants interrogés ont déclaré avoir peur de vivre dans leur propre communauté, dans laquelle ils ne se sentent pas en sécurité. Par ailleurs, 24% des adolescents de 15 à 19 ans ont subi une violence physique et 10% une violence sexuelle. L’OMS a relevé de son côté que les violences sont pratiquées ou subies presque toujours par des personnes qui les ont subies lorsqu’elles étaient plus jeunes. « Les femmes ont plus de probabilité de subir des violences de la part de leur partenaire si elles ont un faible niveau d’instruction, si leurs mères ont été victimes d’abus, si elles ont elles-mêmes subi des abus dans leur enfance. Le risque de violence va de pair avec l’acceptation de la violence » remarque la religieuse.
« Derrière ces chiffres – poursuit Sœur Bordin – se trouvent les visages de ceux qui frappent à la porte de la mission, chargés de colère et d’agressivité mais aussi en voyant l’Eglise et les missionnaires comme une source d’espérance et de guérison ». Commentant le rapport des ONG précité, la missionnaire met en évidence certaines racines de la violence domestique dans les pays du Pacifique. « La première est le concept de famille, qui est plutôt étendu. Dès lors, souvent, un village est une famille. Ceci implique que 22% des enfants sont adoptés de manière informelle par quelqu’un qui appartient à cette famille étendue. Si d’un côté il s’agit d’une forme d’aide réciproque en matière de prise en charge des enfants, de l’autre, il est indéniable que, dans certains cas, ces adoptions se transforment en exploitation, s’accompagnant de manque de soin et d’abus. En outre, au sein des sociétés du Pacifique, le statut social vient avec l’âge et par suite les enfants ne comptent pas. On s’attend à ce qu’ils contribuent à l’économie familiale et respectent les standards traditionnels de comportement. La deuxième racine de la violence diffuse est le fait que des comportements violents sont si communs qu’ils sont considérés comme normaux. Par suite, tant les femmes que les enfants ne ressentent pas le besoin de demander de l’aide. La mentalité répandue considérant les femmes inférieures contribue elle aussi à normaliser la violence à leur encontre et à l’encontre des enfants. Des études démontrent que lorsque dans une famille existe un certain type de violence, se vérifient également d’autres types d’abus. Par exemple, il est fréquent qu’un mari qui bat son épouse abuse également de ses enfants. La troisième racine est constituée par la pauvreté associée à des formes d’instabilité au sein de la famille. Un récent rapport de l’UNICEF souligne combien, dans des situations de difficultés économiques, les enfants sont poussés à travailler et les adultes, tombant dans les abus d’alcool et de drogue, n’exercent plus leur mission de prise en charge des enfants ».
Sœur Bordin conclut en exhortant à « prier ensemble afin que la violence et l’abus, l’ignorance et la négligence à l’encontre des enfants deviennent toujours plus une priorité pour nous tous adultes, en prenant bien en compte le fait que le thème de cette journée 2019 indique que les enfants d’aujourd’hui seront nos gardiens de demain » (GB/AP) (Agence Fides 16/12/2019)